Industrie
Liquidation d’Ÿnsect : la fin d’une promesse industrielle
Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé, lundi 1er décembre, la liquidation judiciaire d’Ÿnsect. Une fin abrupte pour une aventure industrielle qui, lors de son inauguration, avait pourtant réussi l’exploit de réunir… trois ministres autour de ses bacs à ténébrions.
Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé, lundi 1er décembre, la liquidation judiciaire d’Ÿnsect. Une fin abrupte pour une aventure industrielle qui, lors de son inauguration, avait pourtant réussi l’exploit de réunir… trois ministres autour de ses bacs à ténébrions.
Le tribunal de commerce d’Évry a tranché : faute d’avoir pu lever les fonds nécessaires à la poursuite de son activité, Ÿnsect est placé en liquidation judiciaire. L’entreprise, qui élevait des insectes à grande échelle pour produire des protéines animales, était en redressement judiciaire depuis mars 2025, puis en période d’observation depuis avril.
Dans un communiqué commun, Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, Alain Gest, président d’Amiens Métropole, Hubert de Jenlis, maire d’Amiens, et Claude Vitry, maire de Poulainville, disent penser « avant tout aux salariés d’Ÿnsect, prochainement licenciés, ainsi qu’aux anciens salariés du site » et exprimer leur « profonde solidarité envers ces femmes et ces hommes, engagés dans ce projet parfois depuis plusieurs années ».
« Soutenir un projet innovant, c’était accepter de prendre un risque »
La Région et Amiens Métropole assument leur soutien passé à l’entreprise, y compris financier. « Soutenir l’émergence d’un tel projet, y compris financièrement, c’était accepter de prendre un risque, motivé par l’espoir d’un progrès à la fois économique, technologique et écologique », rappellent les quatre élus.
Il faut dire qu’à l’époque, la start-up picarde avait réussi à convaincre à tous les niveaux : « L’ensemble des financements mobilisés dépassait 600 millions lors de la première levée de fonds », souligne encore le communiqué. L’État, Bpifrance, les collectivités et plusieurs investisseurs privés avaient parié sur cette technologie d’élevage d’insectes « de rupture ».
On se souvient qu’au moment de son inauguration, l’usine avait fait fort : trois ministres étaient venus saluer la naissance de ce qui devait devenir un fleuron industriel de l’alimentation animale durable. Une photo de famille dont, aujourd’hui, chacun se serait bien passé.
Des obstacles industriels et un marché qui ne décolle pas
Les causes de l’échec sont désormais connues :
- « une difficulté persistante à stabiliser le process industriel » ;
- « un marché moins mature que prévu » ;
- « un contexte de forte concurrence internationale » avec des protéines animales traditionnelles, « moins vertueuses mais aussi moins coûteuses », entraînant une « contraction des prix ».
Une combinaison fatale, malgré des années d’efforts et des investissements massifs.
Salariés, sous-traitants, et reconversion du site : les priorités
Les quatre responsables politiques fixent désormais la feuille de route :
- « accompagner la reconversion des salariés dans les meilleurs délais » avec France Travail ;
- « veiller à ce que la sous-traitance locale soit le moins impactée possible » ;
- demander à la Caisse des Dépôts et Consignations, devenue propriétaire de la future friche via la SCI montée avec Ynsect, d’« étudier rapidement les conditions de mutabilité et de réindustrialisation du site ».
Ils appellent également l’État à soutenir cette démarche.