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L’or rouge pousse en baie de Somme

Depuis trois ans, à la ferme de Romiotte à Ponthoile, Anne et Henri Poupart cultivent du safran dans les sols sableux de la baie de Somme.

«Pour se procurer du safran de qualité, achetez-le sous forme de stigmates et utilisez-le dans les deux années suivant l’achat», conseille Anne Poupart
«Pour se procurer du safran de qualité, achetez-le sous forme de stigmates et utilisez-le dans les deux années suivant l’achat», conseille Anne Poupart
© AAP


Parmi les nombreuses diversifications possibles, Anne et Henri Poupart ont opté pour le safran. Après avoir distribué les légumes de l’exploitation familiale à Ponthoile sous forme de paniers, puis en vente directe à la ferme, ils ont eu un coup de cœur pour cette épice.
Formation de quatre jours en poche, Anne Poupart se lance dans la plantation de quelques bulbes dans son jardin. Suite à cet essai concluant, l’année suivante le couple plante 25 000 bulbes sur soixante dix mètres carrés dans une parcelle de l’exploitation. Depuis, la safranière a été développée pour planter 100 000 crocus et récolter 230 grammes de safran l’année dernière. Le couple espère produire un kilo en 2015 car la demande existe.

Le pistil du crocus
On l'appelle l'or rouge. Le safran est le pistil de la fleur du crocus Sativus. De couleur rouge, ce pistil, une fois séché, donne sa couleur au safran. En moyenne il y en a trois par fleur : ce qui explique qu'il faille beaucoup de plantes pour obtenir quelques grammes de safran.
Le cycle de ce crocus est inversé : c’est courant juillet et août qu’il est planté. «Nous avons remarqué que si nous plantons les bulbes avant le 15 août, le rendement de la récolte est nettement supérieur. A partir d’octobre, il faut être attentif : à l’aube les fleurs mauves sortent de terre et à partir de ce moment là, c’est parti pour la récolte ! Il faut cueillir, émonder, sécher et conditionner les pistils dans la même journée», explique Anne Poupart. La récolte se termine en décembre.
L’entretien de la parcelle est primordial car la culture nécessite un bon état sanitaire. Le plus grand prédateur de ce crocus est le mulot puisqu’il se nourrit de bulbes. Il peut causer de gros dégâts et même ravager toute la parcelle. Il est nécessaire désherber constamment pour repérer les traces de ce rongeur. S’il est présent, il faut mettre des pièges afin de l’éradiquer de la safranière.

Tout est fait à la main
Les bulbes se multiplient en terre pendant le printemps et sont dépiqués et calibrés en juillet. «Certains bulbes sont trop petits, je les plante donc en pépinière pour les utiliser ultérieurement. Quant à la récolte : c’est la magie de la nature : certains bulbes produisent une fleur, d’autres plusieurs, et parfois aucune fleur ne sort de terre», précise Anne Poupart.
Le safran apprécie le sol de la baie de Somme car il est sableux et draine donc très bien l’eau, il n’y a pas de risque de pourriture du bulbe. Un été chaud et un automne froid sont les deux conditions météorologiques optimales pour le crocus. «La rotation doit se faire sur dix années : il faut une surface conséquente. Ce n’est donc pas donné à tout le monde de se lancer dans le safran. Toutes nos interventions dans la parcelle se font à la main et sans produits chimiques. Les bulbes ne sont en aucun cas forcés, notre production est donc à cent pour cent naturelle», explique Anne Poupart.
Le safran est coûteux à produire, ceci explique son prix : 30 000 à 40 000 euros le kilo en moyenne, mais il n'en faut toutefois que très peu, à peine un gramme, pour quelques mois d'utilisations culinaires.
«Nous avons tout naturellement vendu notre safran à la ferme puisqu’à l'époque nous avions un magasin de produits régionaux, ajoute Anne Poupart. Depuis, nous nous sommes consacrés exclusivement à la vente de l’épice, la moitié directement à la ferme et l’autre moitié aux restaurateurs de la Somme et de l’Oise. Nous organisons par ailleurs des visites de la safranière au cours desquelles nous expliquons cette culture atypique».

Reconnaître le vrai du faux
Lors des visites, Anne Poupart raconte des anecdotes sur l’histoire ainsi que l’origine de cette épice. Dans son magasin, elle propose du safran en stigmate, mais aussi des produits safranés tel que du miel, du vinaigre safrané ainsi que des bulbes de ce crocus. Elle y glisse quelques bonnes recettes pour mieux apprécier le produit. «Le safran est l’une des épices les plus falsifiée, je donne donc quelques astuces aux visiteurs afin de reconnaitre le vrai du faux. Pour moi, c’est très enrichissant et valorisant de parler de ma passion : je rencontre beaucoup de restaurateurs, de touristes curieux et grâce à ces échanges j’apprends beaucoup», ajoute cette passionnée.

EN PRATIQUE

La boutique à la ferme de Romiotte est ouverte sur rendezvous. Vous pouvez retrouver le planning des visites ou commander le produit sur le site internet www.safrandelabaiedesomme.com. On peut aussi trouver les produits issus de la ferme dans les magasins de produits régionaux d'Abbeville et de la baie de Somme.

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