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Made in viande : «Rassurons les consommateurs sur nos élevages»

Les journées Made in viande ont lieu dans toute la France, y compris en région, du 22 au 29 mai. Le point sur la filière régionale avec Freddy Bertin, membre de la commission «enjeux sociétaux» d’Interbev et président d’Elvea (association des éleveurs) Hauts-de-France.

Freddy Bertin : «Le maintien de l’élevage un enjeu économique et environnemental : les prairies sont essentielles à la préservation de la biodiversité et de nos paysages. C’est le genre de message à faire passer lors des journées Made in viande.
Freddy Bertin : «Le maintien de l’élevage un enjeu économique et environnemental : les prairies sont essentielles à la préservation de la biodiversité et de nos paysages. C’est le genre de message à faire passer lors des journées Made in viande.
© D. R.



Quel est le but des journées Made in viande en Hauts-de-France ?

Nous ouvrons les portes de toute la filière viande du 22 au 29 mai, des élevages, aux centres d’allotement, marchés aux bestiaux, entreprises d’abattage, de découpe et de préparation de viande, boucheries, grandes surfaces ou encore restaurants collectifs. Quarante points sont ouverts en région. Nous voulons montrer que nous ne cachons rien. Cela permet de rassurer les consommateurs sur nos élevages et nos techniques de production. L’événement est à destination du grand public, et beaucoup d’écoles y participent. Il s’agit de la cinquième édition et, à chaque fois, il prend de l’ampleur.

Que peut-on dire quant à la filière viande bovine locale ?
Nos races phares sont la Charolaise, suivie de la Blonde et de la Limousine. La Blanc Bleu Belge, race locale, est en perte de vitesse, car coûteuse à élever, notamment à cause des vêlages difficiles. Les Hauts-de-France produisent et consomment un peu moins de 100 000 t de viande bovine en un an. C’est équilibré. Pourtant, nous exportons une partie de notre production, car elle ne correspond pas à la demande. Le problème vient en partie des restaurations collectives. Elles mettent, par exemple, des bavettes au menu, et nous ne pouvons pas en fournir suffisamment. Il suffirait qu’elles changent leurs habitudes et qu’elles prévoient du steak. Là, nous pourrions fournir en viande locale.

Quels enjeux doit relever cette filière ?
Comme partout en France, les prix ne sont pas assez rémunérateurs. Avec la loi Egalim, nous espérions que ces prix allaient augmenter pour les éleveurs, mais les résultats ne sont, pour l’instant, pas à la hauteur. Quelques prémices sont néanmoins palpables. Certaines filières haut de gamme ont explosé, car les GMS veulent toutes du local (Engagement qualité Carrefour, EQC Market, Bœuf de nos régions, SVA/CBPE, Leclerc, Auchan super, Cœur de gamme, JBE, Bœuf des Hauts Pays, Filière qualité race Normande, Cora, etc., ndlr). Mais cela reste des niches, vendues au rayon régional. Nous espérons que cette viande locale se développera et qu’elle sera proposée au rayon libre-service. Ces prix trop bas posent aussi le problème de la transmission des exploitations aux jeunes, qui ne parviennent plus à trouver des banques qui les suivent dans un projet de reprise d’exploitation d’élevage.

Outre une meilleure rémunération des éleveurs, des outils sont-ils mis en place pour soutenir l’activité ?
A Elvea, nous mettons en place des techniques innovantes, effectivement. Nous prônons, par exemple, le pâturage tournant dynamique. Certes, il nécessite un peu de temps pour changer les bêtes de pâture chaque jour, et un apprentissage du troupeau pour rester au fil. Mais il permet de très bons résultats économiques. L’herbe pousse et reste riche avec très peu d’engrais. Nous parvenons ainsi à élever des mères et leurs broutards sans complémentation. Il est aussi bon de rappeler que le maintien de l’élevage est plus qu’un enjeu économique. Il est aussi environnemental : les prairies sont essentielles à la préservation de la biodiversité et de nos paysages. C’est le genre de message à faire passer lors des journées Made in viande.

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Bien faire et le faire savoir

Visite chez Pierre Lenfant et Aleth Leprêtre, seuls éleveurs du Nord-Pas-de-Calais et de la Somme à ce jour inscrits pour participer aux rencontres Made in viande.

C’est en quelque sorte la Marche des fiertés du secteur de l’élevage et de la viande : du 22 au 29 mai prochains, les différents maillons de la filière ouvriront leurs portes au public afin de faire partager leurs métiers, leur quotidien et leurs valeurs. Sur la liste des participants de la réion, qui figure sur le site web de Made in viande, de nombreuses boucheries-charcuteries côtoient des restaurants, un marché aux bestiaux et même un rayon viande de grande surface... La section élevage est, quant à elle, moins fournie, à une exception près : la ferme du Bois Vaillant, nichée à Reumont (59), près du Cateau-Cambrésis.
Dimanche 26 mai, de 14h à 17h, elle ouvrira ses portes aux curieux, pour apaiser les craintes modernes et expliquer l’élevage. «Nous sommes toujours les premiers à nous inscrire», raconte Aleth Leprêtre, volubile, le visage fendu d’un sourire lumineux. A côté d’elle, Pierre Lenfant acquiesce dans sa chemise à carreaux.

Derrière le produit, l’histoire
C’est plein d’entrain que le couple retrace l’histoire de ses cinq années de participation aux rencontres Made in viande. «Au début, elles avaient lieu à l’automne, mais la date a changé, sans doute pour que le public puisse voir les animaux en pâture.»
A la ferme du Bois Vaillant, l’accueil du public, on connaît. «Notre ferme est pédagogique depuis treize ans et membre du Savoir vert», explique l’éleveuse, qui a déjà prévu ses panneaux explicatifs. «Les gens veulent surtout qu’on réponde à leurs questions sur l’actualité, s’assurer que l’on fait au mieux... Et aussi vérifier la traçabilité des produits, chose qu’ils ne peuvent pas faire quand ils achètent une barquette au supermarché», indique Pierre Lenfant. Les récents scandales sanitaires sur les vaches malades abattues en Pologne, les lasagnes au cheval ou les vidéos tournées dans les abattoirs n’y sont pas pour rien. «Il s’agit de créer un lien avec le consommateur, de montrer que derrière le produit, il y a une histoire. La limousine est l’une des meilleures races à viande. Nous nourrissons le bétail au maximum avec des produits de la ferme et travaillons avec l’abattoir de Malvoisin, à L’Arbret (62), une structure à taille humaine qui n’a rien d’industriel. Nous essayons de bien faire notre métier. Si on peut le montrer, c’est encore mieux.»
La ferme du Bois Vaillant vend toute l’année en direct aux boucheries et organise chaque mois une vente aux particuliers. Trois vaches adultes et une dizaine de veaux sont ainsi vendus chaque année. «La particularité de notre viande, c’est que la carcasse reste une semaine de plus en frigo. Elle gagne en maturation, en tendreté, ce qui est peu courant dans les circuits industriels.»

Booster le carnet de commandes
Leur sentiment quant au fait d’être à ce jour seuls représentants de l’élevage aux rencontres Made in viande ? «On sent bien que les gens sont plus méfiants à cause d’Internet et des médias qui font la part belle aux végans. L’extrémisme alimentaire se développe, reconnaît Pierre Lenfant. Mais, en général, nous n’avons pas trop de mal à faire passer notre message. Cette opération, c’est aussi une belle publicité.» La preuve ? «Une fois la visite terminée, les gens en profitent pour passer commande !»

Terres et territoires

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