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Méthanisation : bilan en demi-teinte

Huit ans après l’installation des premiers méthaniseurs, le fonctionnement s’avère plus couteux que prévu, la tarification n’est pas adaptée, la fiscalité est pénalisante.

La réussite de l’installation suppose notamment de ne pas procéder à des investissements trop onéreux.
La réussite de l’installation suppose notamment de ne pas procéder à des investissements trop onéreux.
© Franck Mechekour

Repartiriez-vous aujourd’hui dans une installation de méthanisation ? «C’est clairement non. On a du mal à joindre les deux bouts» répond Odile Deshays, à la tête d’une installation dans le Loir-et-Cher. Si tous les agriculteurs méthaniseurs n’ont pas une opinion aussi tranchée, il n’en reste pas moins que de développement de la méthanisation se heurte à un certain nombre de difficultés.
Selon l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (Aamf) qui compte 60 adhérents, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Ainsi une installation de 250 kWé en fonctionnement depuis 2010 et considérée comme représentative des équipements créés en France n’arriverait pas à dégager un résultat positif. Cet équipement alimenté par les effluents d’élevage à hauteur de 65 %, de la biomasse et des déchets de l’industrie agroalimentaire pour le reste, dégage un résultat négatif de 3 744 euros, selon Philippe Collin, administrateur d’Aamf.

Frais de grosses réparations
Certes, les résultats sont très variables selon les installations. Certaines années peuvent se révéler très positives. Ce sont souvent les années deux et trois, quand l’exploitant maîtrise le process et arrive à produire bien au-delà du standard de 8 000 heures annuelle. Après une première année marquée par des petits ajustements techniques, les frais de maintenance sont plus faibles en années deux et trois. Les difficultés arrivent ensuite.
Avec un recul de plus de cinq ans de fonctionnement, les frais pour de grosses réparations apparaissent bien plus tôt que ce qui avait été annoncé par les constructeurs et les installateurs. «Les moteurs sont fatigués au bout de quatre à cinq ans. Les équipements, c’est-à-dire les brasseurs, les pompes s’usent prématurément», observe Philippe Collin. Il faut donc gérer convenablement sa trésorerie pour faire face à de grosses réparations à prévoir au cours des années quatre ou cinq.

Veiller aux investissements
Autre point de vigilance, veiller à ce que la méthanisation soit permanente pour produire de l’électricité et dégager un revenu. Ce qui nécessite de sécuriser les approvisionnements et donc disposer d’un stockage suffisant pour faire fonctionner l’installation sur l’ensemble de l’année.
La réussite de l’installation suppose aussi de ne pas procéder à des investissements trop onéreux. Les professionnels estiment à 6 000/ 7 000 € maximum la dépense à ne pas dépasser pour le kWé installé.
Les agriculteurs méthaniseurs pointent également le système de tarification de l’électricité, très complexe et qui n’encourage pas les projets. «Nous demandons des ajustements à la marge notamment sur la prime aux effluents d’élevage qui n’est pas accordée sur les projets importants» déclare Philippe Meinrad, à la tête d’une installation dans le Haut-Rhin. Egalement dans le collimateur, une fiscalité, inappropriée et pénalisante.
D’ailleurs l’Association était très attentive au sort du projet gouvernemental d’exonérer les installations de méthanisation de la taxe sur le foncier bâti. En tout cas, sans coup de pouce du gouvernement sur la tarification et sur la fiscalité, l’objectif fixé par les pouvoirs publics de 1 500 unités de méthanisation en 2020 ne sera pas atteint.

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