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Mieux connaître le piétin-verse pour l’éviter

Le piétin-verse est une maladie inféodée à la parcelle, qui touche uniquement les bas de tiges. Les successions de blé sur blé favorisent la maladie qui se maintient d’une saison à l’autre sur les chaumes, les repousses de céréales, ou les graminées adventices contaminées.

Le piétin-verse est une maladie inféodée à la parcelle, qui touche uniquement les bas de tiges.
Le piétin-verse est une maladie inféodée à la parcelle, qui touche uniquement les bas de tiges.
© Arvalis

L’estimation du risque piétin-verse est largement déterminée par les conditions agronomiques de la parcelle (potentiel infectieux, milieu physique, variété et date de semis) et la prise en compte du climat de la levée du blé jusqu’au début montaison. Le meilleur moyen de lutte contre le piétin-verse est le choix variétal et/ou allonger la rotation avec un retour moins fréquent de céréales à paille.

À la lumière des nouveaux enjeux économiques*, environnementaux et au constat que le conseil apporté par les grilles régionales était parfois trop alarmiste par rapport au risque piétin-verse observé. La grille nationale intègre toujours le climat et les types de sol régionalisés et améliore la prédiction du risque piétin-verse. La régionalisation des sols paraît justifiée pour une maladie inféodée à la parcelle et la grille unique supprime les effets frontières. En effet, il est difficile de justifier à un producteur possédant une parcelle qui se trouve à la limite entre deux régions, qu’une grille de risque conseillerait un traitement anti-piétin et non la seconde

 

Évaluer les risques

L’observation des symptômes dus au piétin-verse est réalisée à partir du stade épi 1 cm sur un minimum de 50 tiges. La décision de traiter se prend sur la base des fréquences d’attaque sur les bases de tiges au plus tard au stade 2 nœuds. Moins de 10 % des tiges atteintes, il ne faut pas traiter. Entre 10 et 35 % de tiges atteintes, la rentabilité d’un traitement est variable. Dans ce cas, il faut s’appuyer sur les outils disponibles, mais également considérer l’historique cultural de la parcelle pour décider ou non d’une intervention. Le modèle agro-climatique TOP calcule un indice de risque climatique depuis le semis. Si cet indice est faible (< 30), alors le traitement ne sera pas valorisé, il ne faut pas traiter. Si cet indice est élevé (>  45), alors le traitement sera nécessaire. Enfin, si cet indice est moyen (entre 30 et 45), alors la rentabilité du traitement est aléatoire et l’intervention doit être raisonnée en fonction de l’historique des attaques de piétin-verse dans la parcelle. Plus de 35 % de tiges atteintes, une intervention est conseillée entre les stades
épi 1 cm et 2 nœuds. Après le stade 2 nœuds, il est trop tard pour intervenir.

Comment choisir son traitement ?
Le seuil de 35 % de section nécrosée en fin de cycle est le seuil de maladie nécessaire pour rentabiliser une intervention dédiée à la lutte contre le piétin-verse. En cas de traitement, les matières actives utilisables pour lutter contre le piétin-verse sont d’abord la métrafénone et le cyprodinil et, dans une moindre mesure, le prothioconazole. Le cyprodinil et la métrafénone n’ont pas d’efficacité contre la septoriose. Les bases Unix Max 2,5 l/ha (cyprodinil) ou Flexity 0,5 l/ha (métrafénone) associées assurent une efficacité modeste sur piétin-verse depuis ces dernières années. Le prochloraze, longtemps utilisé en T1 ne présente plus d’activité sur un piétin-verse qui lui est devenu résistant. 

 

La sensibilité du piétin-verse

Le risque piétin-verse est d’abord déterminé par les conditions climatiques favorables ou non aux contaminations et au développement du piétin. Le risque dépend aussi des caractéristiques agronomiques de la parcelle : résidus pailleux en surface, type de sol, date de semis. Certaines variétés sont très sensibles comme Rubisko, Apache, RGT Sacramento. À l’inverse, certaines variétés se caractérisent par une certaine tolérance. Les variétés avec des notes de sensibilité Geves de 5 et au-delà (Boregar, Talendor), ne justifient pas de traitement car les sections nécrosées en fin de cycle sont généralement inférieures au seuil de 35 %.

 

Gérer le risque verse sur blé tendre

La verse provient d’un défaut de résistance de la tige par rapport aux contraintes mécaniques exercées sur les parties aériennes de la plante (poids de l’épi et/ou conditions climatiques pluvieuses ou venteuses). Il convient de distinguer les facteurs de prédisposition (résistance de la tige) qui se mettent en place début et courant montaison des facteurs déclencheurs (forte pluie, vent) qui ne s’expriment qu’à partir de l’épiaison et surtout de la floraison. La résistance de la tige s’acquiert au moment même de sa constitution, c’est-à-dire entre les stades épi 1 cm et 2 nœuds environ. Elle va être conditionnée à la fois par l’allongement des entre-nœuds du bas de tige et par la composition de la paroi de la tige. Différents paramètres génétiques (variétés), techniques (pratiques culturales) et climatiques interviennent dans ce phénomène. Une verse peut engendrer d’importantes pertes de rendement et nuire à la qualité du grain. Plus la verse sera précoce, plus les conséquences seront importantes. À l’inverse, l’utilisation inappropriée de régulateurs peut entraîner des pertes de rendement (phytotoxicité potentiellement aggravée par d’autres stress climatiques, azotés...). Un diagnostic du risque parcellaire est donc un prérequis avant toute intervention. Des outils d’aide à la décision permettent d’évaluer ce risque en cours de campagne (Farmstar...).

Le facteur variétal constitue l’un des leviers les plus efficaces pour se prémunir de la verse. Pour une même variété, entre un blé conduit dans des petites terres et un blé conduit en sol profond à fort potentiel de rendement, le risque verse ne sera pas le même.  Dans les situations favorisant le développement végétatif des blés, il conviendra de s’orienter vers une variété plus résistante à la verse.

Les semis trop précoces, sous-entendu non adaptés aux exigences de la variété, accentuent le risque de verse. Cette pratique allonge de manière significative le cycle végétatif et l’arrivée au stade épi 1 cm se fait précocement. Ceci sera préjudiciable pour une variété précoce. En effet, la montaison se fera en jours dits «courts». Les tiges auront tendance à s’étioler, du fait du déficit lumineux, affaiblissant d’autant la tenue de tige. Phénomène accentué par un tallage excessif. Les fortes densités de semis ont un effet analogue et provoquent un allongement des entre-nœuds de la base.

Un excès d’azote accentue aussi l’aptitude de la variété à la verse. Le risque de verse s’accroît avec le niveau de fournitures du sol et la dose d’engrais. Un premier apport d’azote excédentaire ou de forts reliquats sont favorables au maintien de nombreuses talles avec, pour conséquence, des effets similaires aux fortes densités de semis ou aux semis trop précoces.  Il est conseillé de minimiser le premier apport dans les situations à risque.

Le climat entre les stades épi 1 cm et 2 nœuds est déterminant dans la diminution ou l’augmentation du risque de verse, car c’est à cette période que se définissent la longueur des entre-nœuds et leur solidité. Des températures élevées, surtout lorsqu’elles sont associées à un déficit hydrique, induisent une moindre élongation des tiges ainsi qu’une régression des plus jeunes talles. Un important rayonnement lors de la montaison réduit l’étiolement des tiges en limitant la concurrence précoce pour la lumière : chaque tige ayant accès à une quantité suffisante de lumière, l’allongement excessif des premiers entre-nœuds est évité. Si les conditions de fin-mars, début avril sont chaudes, sèches avec de forts rayonnements, diminuer d’une classe le risque évalué fin tallage avec la grille. Et inversement, en cas de printemps favorable à la verse (faible rayonnement, fort cumul de pluies), augmenter d’une classe le risque.

Les régulateurs de croissance agissent sur l’élongation des cellules de la tige, pour aboutir à des entre-nœuds plus courts ou à des parois plus épaisses et donc à des tiges plus solides. Ils n’ont d’intérêt que si le risque verse est réel. Le risque peut être nul : une variété résistante semée en argilo-calcaire séchant à date de semis et densité optimales n’a, en effet, que très peu de risques de verser pour des causes physiologiques. Dans ce cas, il est possible de faire l’impasse sur le régulateur. Quand le risque est jugé faible à moyen, un seul passage est suffisant. L’option la plus pratique pour passer à un degré de protection supérieur consiste à compléter cette intervention par un second passage. Effectué courant montaison avec un anti-gibbérellique, ce complément conduira à un programme à fort effet raccourcisseur. La stratégie la plus adaptée à la situation peut être mis en défaut par des conditions de fin de cycle très difficiles (orages...). Des maladies des pieds peuvent aussi fragiliser les tiges, indépendamment du risque verse parcellaire.

 

* Les efficacités des solutions anti-piétin ont perdu en efficacité ces dernières années, et atteignent aujourd’hui à peine les 50 % d’efficacités pour les meilleures solutions. 1ère étape : valoriser la résistance variétale.

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