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Miss France traité de « concours agricole » : la punchline qui pue le mépris rural
À trois jours de Miss France 2026, la chroniqueuse Enora Malagré a encore frappé. En qualifiant l’élection qui aura lieu samedi 6 décembre à Amiens de « concours agricole pour femmes », elle affiche à cœur ouvert son mépris de la ruralité.
À trois jours de Miss France 2026, la chroniqueuse Enora Malagré a encore frappé. En qualifiant l’élection qui aura lieu samedi 6 décembre à Amiens de « concours agricole pour femmes », elle affiche à cœur ouvert son mépris de la ruralité.
Qu’Enora Malagré n’apprécie pas le concours Miss France, c’est son choix, et son droit. En revanche, quand il lui prend l’idée de le critiquer sur un plateau de télé – on peut l’entendre dans l’émission Estelle Midi après avoir été chroniqueuse télé pendant un certain nombre au côté d’Hanouna, et à la radio avec Cauet -, on ne saurait que lui conseiller d’éviter le mépris envers un public qu’elle n’apprécie visiblement pas non plus.
Sur le plateau d’Estelle à Midi, mercredi 3 décembre, Enora dégaine : « 20 ans que je réclame la suppression de ce concours agricole pour les femmes, que je trouve honteux, qui hyper‑objétise la femme. »
Derrière une formule qui se veut choc, on peut néanmoins y lire un sous‑entendu : pour elle, Miss France serait ringard, poussiéreux, “vieillot”… bref, un truc de bouseux. Et ça, le monde agricole ne le digère pas.
Un « concours agricole » ? Vraiment ?
Le message est clair : Miss France serait un spectacle dépassé, figé dans un folklore d’un autre âge. Et pour illustrer ce ringardisme, quoi de mieux, selon elle, qu’un concours agricole. Sauf que ce glissement n’a rien d’anodin. Dans la bouche de la chroniqueuse, “agricole” devient un synonyme de “arriéré”. On comprend vite ce que la métaphore sous‑entend : Miss France serait un événement “rural”, “pas moderne”, “mal dégrossi”, presque “primatif”. Une façon à peine voilée d’opposer la modernité médiatique à ce qu’elle perçoit comme le monde des motteux.
Le mépris d’un métier bien réel
Le problème ? Un concours agricole, pour celles et ceux qui y participent vraiment, n’a rien d’une punchline.C’est du travail, du sérieux, du savoir‑faire. Ce sont des mois d’élevage, de sélection, de soins méticuleux.C’est une fierté professionnelle, un patrimoine, une vitrine de compétences. En le brandissant comme exemple ultime de ringardise, Enora Malagré ne critique pas seulement Miss France ; qui demande au demeurant aussi plusieurs mois de préparation, et pas seulement physique. Par son parallèle, elle traite comme un gadget risible un secteur entier, déjà caricaturé à longueur d’année. Et ça, évidemment, passe très mal.
Un vocabulaire qui dit tout : « agricole = ringard »
Soyons honnêtes : si Enora avait voulu faire une métaphore neutre, elle aurait choisi autre chose. Elle aurait parlé d’un concours « d’un autre siècle », « formaté », « muséal ». Mais non : elle a choisi agricole. Pourquoi ? Parce que dans sa représentation mentale, l’agriculture symbolise ce qu’elle méprise : le passé, l’ancien monde, la poussière, le rance, le manque de modernité. La preuve : son discours continue ainsi, dénonçant une élection « hypocrite » qui ne représenterait pas les femmes, ne présenterait ni diversité d’âge ni diversité de morphologie. Un argument féministe, pourquoi pas. Mais l’emballage linguistique, lui, transpire le dédain.
Critiquer Miss France ne justifie pas d’écraser la ruralité
Critiquer Miss France est parfaitement légitime et il n’y a que ses fans inconditionnels pour ne pas reconnaitre quelques défauts. Mais l'utiliser sur un plateau de télé comme prétexte pour rabaisser un autre univers professionnel, celui des agriculteurs, n’est pas sérieux. Le féminisme n’a pas besoin de moqueries rurales pour exister. Et la modernité n’a pas besoin de mépriser les campagnes pour se sentir brillante.Enora aurait pu dire : « C’est dépassé. » « C’est archaïque. » « C’est un show d’un autre âge. » Personne n’aurait bronché, pas même à L’Action agricole picarde, où on a participé à la mise en avant de cet événement parce qu’il est organisé cette année à Amiens.
En choisissant agricole comme synonyme de ringard, Enora Malagré ne dénonce pas seulement un concours… Elle insulte, en creux, des milliers de gens qui bossent 70 heures par semaine pour nourrir le pays.
Ce samedi 6 décembre à Amiens, Miss France 2026 déroulera ses paillettes. Et même dès vendredi soir, avec les répétitions, pour lesquelles il reste des places à saisir.
Pendant ce temps, la ruralité — la vraie — encaisse une énième caricature médiatique. Mais une chose est sûre, une fois le boulot terminé, on devrait compter plus d’agriculteurs devant le show « Miss France » que devant le triste spectacle que renvoient les chroniques d’Enora.