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Protection des plantes
Néonicotinoïdes : le difficile chemin des alternatives

L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a publié fin octobre un rapport sur les «alternatives chimiques et non chimiques existantes à l’usage des néonicotinoïdes».

La moitié de la surface de betteraves en bio a disparu et ne représente plus  que 1 000 ha en France.
La moitié de la surface de betteraves en bio a disparu et ne représente plus que 1 000 ha en France.
© J.-C. Gutner

«Pas d’interdiction sans solution», rappellent inlassablement, depuis de nombreuses années, les agriculteurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs. En effet, des filières entières en France connaissent et subissent d’importantes impasses techniques faute de molécules efficaces et adaptées. Elles peinent aussi à faire face à la multiplication des interdictions des produits phytopharmaceutiques. Le rapport de l’Inrae, coordonné par Christian Lannou et que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait commandé en mai dernier, conforte le ressenti des syndicats agricoles : les impasses sont réelles et fragilisent des filières entières comme la betterave, la noisette, la pomme, la cerise, la figue, etc.

 

Des alternatives pas encore opérationnelles

«En 2025, qui sera certainement une bonne année à l'échelle nationale, l'Institut technique de la betterave (ITB) estime que certains agriculteurs risquent de perdre jusqu’à 40 % de rendement du fait de la jaunisse», indique clairement le rapport. Pis, la moitié de la surface de betteraves en bio a disparu et ne représente plus que 1 000 ha en France. Les moyens de lutte existants contre le puceron responsable de la jaunisse ont soit disparu comme le spirotétramate soit sont sur le point de disparaître (flonicamide).

En arboriculture, spécialement sur les pommes, «le puceron cendré est un problème récurrent qui semble de moins en moins bien contrôlé», expliquent les auteurs qui s’inquiètent de la baisse de la production en volumes ainsi que celle de la qualité.

Ils le reconnaissent volontiers : «Ces producteurs (de pommes, ndlr) ne sont cependant pas encore en mesure de s'affranchir de la protection par voie chimique en verger conventionnel.»

Pour la noisette, «la lutte chimique reste le seul levier efficace, mais qui repose sur un usage déraisonnable des (insecticides) pyréthrinoïdes» car les traitements nouveaux, qui incluent la lutte biologique, ne sont pas encore «opérationnels». C’est pourquoi le PDG de l’Inrae, Philippe Mauguin, estime que la filière noisettes «est celle qui aurait probablement le plus d'arguments pour demander une dérogation. Mais ça relève d'un débat qui est un débat politique», a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

 

Anticiper et prévenir

La quinzaine d’experts qui a planché sur ce rapport identifient quelques «leviers clé pour réussir la transition dans chacune des six filières étudiées». Ces experts demandent à explorer de nombreuses pistes. Tout d’abord en investissant le champ agronomique. Il s’agit ici de «développer et systématiser les approches de prophylaxie afin d’abaisser les pressions de ravageurs» et de «développer des approches territoriales et interfilières pour la lutte biologique». L’approche privilégiée se veut «combinatoire» : couplage de lutte biologique, produits sémiochimiques, huiles de surface, plantes compagnes, etc. Ces mêmes experts préconisent une «épidémiosurveillance de grande précision pour anticiper le risque et ajuster les pratiques de lutte», autrement dit, anticiper et prévenir les risques.

Les experts suggèrent aussi d’adapter le cadre réglementaire et économique en facilitant l’homologation des nouvelles méthodes, ainsi que leur diffusion. Mais leur coût reste élevé et les taux d’efficacité restent en deçà des attentes des agriculteurs. Le rapport rappelle enfin que la grande majorité des usages, une alternative (chimique ou non chimique) est disponible (96 % des cas selon l’enquête), mais que dans de nombreux cas, il s’agit d’une autre solution chimique…

 

Un rapport salué pour son sérieux

L’Association nationale pommes-poires (ANPP) et la Confédération générale des producteurs de betteraves (CGB) ont réagi par voie de presse à la publication de ce rapport. Pour la première, «l’Inrae confirme l’urgence à autoriser des solutions à très court terme». L’association salue la prise de recul des chercheurs avec le «dogmatisme» ambiant et souligne le sens de «réalisme et de pragmatisme dans ses recommandations». Pour elle, l’institut de recherche «valide donc pleinement le vote des députés et sénateurs qui, dans le cadre de l’article 2 de la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, avaient répondu à l’urgence de la situation».
De son côté, la CGB (betteraviers) souligne «la qualité et l’exhaustivité des conclusions de ce rapport, guidé par la rigueur scientifique». Franck Sander, président de la CGB demande «au gouvernement de déposer immédiatement un projet de loi qui nous donnera accès aux mêmes moyens de protection que nos voisins européens, dans le respect du cadre défini par les autorités sanitaires européennes».

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