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Betteraves
Fabien Hamot : NNI et jaunisse, «l’avenir de l’industrie du sucre est en jeu»

En l’absence d’alternatives efficaces aux néonicotinoïdes pour protéger la betterave sucrière du virus de la jaunisse, une dérogation à leur utilisation reste nécessaire, selon le président de la CGB de la Somme, Fabien Hamot. 

Fabien Hamot, président de la CGB 80.
Fabien Hamot, président de la CGB 80.
© CGB Somme

Jusqu’au 24 janvier prochain, une consultation publique est ouverte sur la dérogation accordée aux betteraviers pour l’utilisation de semences traitées avec des insecticides néonicotinoïdes au-delà de 2022. Y avez-vous déjà participé, et avec quels arguments ?

J'ai bien sûr participé à cette consultation publique car en l'absence de dérogation, nous serions confrontés au même risque qu'en 2020 avec de grosses pertes de rendement de l'ordre de 30 % au niveau national et donc des productions moindres en sucre mais aussi en éthanol et même en gel hydroalcoolique. La crise de la jaunisse de la betterave en 2020 a eu lieu suite à un hiver particulièrement doux, exactement comme actuellement. Si l'hiver se maintient à de telles températures, le risque pucerons est très élevé. Ce qui justifie également le renouvellement de cette dérogation est l'absence de solutions alternatives efficaces.

 

Une trop faible participation des agriculteurs ne serait-il pas un «mauvais» signal aux pouvoirs publics pour la mise en place d’une dérogation en 2023 ? 

Les agriculteurs représentent déjà une part bien faible de la population active. Il faut bien sûr saisir toutes les opportunités qui s'offrent à nous pour faire entendre notre voix. Notamment avec cette consultation publique qui permet de répondre plusieurs fois. Ce détail technique est malheureusement largement utilisé par les associations écologistes. J'invite donc tous les agriculteurs à répondre massivement à cette consultation, mais également tous les acteurs de la filière, car c'est bien l'industrie du sucre qu'il faut défendre. Les conséquences économiques et sociales sont importantes. Pour un emploi dans une sucrerie c'est neuf à dix emplois directs et indirects qui sont concernés.

 

Pensez-vous à la manière d’autres que le «match» est fait d’avance ? Autrement dit, quel que soit le résultat de la consultation, la dérogation sera prise pour 2023 ?

Pour moi, agriculteur, planteur de betteraves ce n'est pas un match ou une compétition. Cette dérogation est une obligation, c'est le revenu de mon exploitation qui est en jeu.

 

Le 6 janvier dernier, le ministre de la Transition écologique a déclaré qu’au-delà de 2023, il n’y aurait plus de dérogation à l’interdiction des NNI possible pour la betterave sucrière. Est-ce que cela vous inquiète ?   

Oui beaucoup, car le ministre de la Transition écologique, Monsieur Béchu, n'apporte pas de solutions au problème de la jaunisse de la betterave. Il se satisfait de la situation et cela est très grave pour la souveraineté alimentaire de notre pays.

 

La jaunisse a-t-elle été présente dans la Somme cette année ? Si oui, avec quelles conséquences ? 

En 2022, nous avons heureusement bénéficié d'une dérogation pour l'utilisation des NNI afin de protéger les semences de betteraves. Cependant, le virus et les pucerons étaient bien présents, mais la maladie ne s'est pas trop exprimée dans nos parcelles de betteraves. En revanche, cette année a été marquée par la sécheresse qui, selon les secteurs, a entraîné des pertes de rendements importantes. En moyenne, le rendement du département est en baisse de 10 % par rapport à la moyenne cinq ans.

 

Comment expliquer que, malgré le fait que la betterave ne soit pas une plante attractive pour les abeilles, les opposants à l’utilisation des NNI continuent de mettre en avant l’argument selon lequel les NNI sont des «tueurs d’abeilles» ? 

Concernant la betterave ce n'est pas un argument, simplement un message parmi d'autres dans une stratégie de communication qui vise à écarter l'opinion publique de la réalité des faits.

 

Un débat continue de faire rage : celui sur les alternatives aux NNI. Où en est-on ? 

Le Plan national de recherche et d'innovation contre la jaunisse (PNRI) de la betterave est en place, les travaux avancent mais le temps de la recherche est long et il n'est pas celui des politiques. Pour l'instant, il n'y a pas d'alternatives efficaces pour protéger les betteraves.

 

En tant que producteur, quelle(s) alternative(s) pourrai(en)t vous intéresser ?

Toutes, mais la plus attendue serait certainement des variétés de betteraves résistantes à la jaunisse.

 

Faut-il voir dans la recherche de surfaces supplémentaires lancée par certains sucriers -  Saint Louis Sucre et ses 2 000 ha recherchés pour 2023, par exemple - une manière de sécuriser des approvisionnements d’usines en tenant compte d’une baisse de rendement liée à l’utilisation de variétés moins productives, mais résistantes à la jaunisse ? 

Non, les différents groupes sucriers ont besoin d'un volume de betteraves suffisant pour maîtriser les coûts de production dans leurs usines. Le coût de l'énergie, notamment, est un élément important pour déterminer le prix des betteraves. Aujourd'hui, le marché du sucre européen est déficitaire. Nous avons besoin de sucre en France et en Europe. Les cours du sucre devraient rester élevés cette année. En gros, semez des betteraves ! 

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