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Nord Céréales : l’export toujours, l’import encore

La société coopérative basée à Dunkerque, qui regroupe vingt-sept acteurs de la coopération et du négoce de céréales, continue d’investir pour gagner des parts de marchés.

«Depuis le port de Dunkerque, Nord Céréales va aussi développer l’importation», précise Joël Ratel, directeur de Nord Céréales, en revenant sur l’installation 
d’une nouvelle grue en juillet dernier prévue à cet effet.
«Depuis le port de Dunkerque, Nord Céréales va aussi développer l’importation», précise Joël Ratel, directeur de Nord Céréales, en revenant sur l’installation
d’une nouvelle grue en juillet dernier prévue à cet effet.
© © D. R.


2016 a beau avoir été reconnue «comme la pire année pour la récolte de céréales dans l’Hexagone depuis l’après-guerre, la Sica Nord Céréales s’est adaptée et a su faire front», selon Laurent Bué. L’assemblée générale de l’organisation coopérative, qui regroupe vingt-sept négociants et coopératives spécialisées dans la commercialisation des céréales révélait, à la fin de la semaine dernière, un chiffre d’affaires de 11,27 millions d’euros pour l’exercice 2016-2017.
Pour les actionnaires de la société, il n’a pas échappé que cela correspond à une baisse de 43 %. Le bénéfice de l’entreprise, après impôts, se chiffre à 1,122 million d’euros, soit environ un tiers de moins que lors de l’exercice 2015-2016. A en croire le président de la Sica Nord Céréales, la situation aurait néanmoins pu être «pire».
Et c’est bien grâce à une maîtrise des charges, l’engagement dans une démarche d’amélioration de la qualité des grains, la recherche de nouveaux débouchés et l’augmentation de l’activité import de la Sica que celle-ci tire quand même son épingle du jeu.

Le blé toujours en tête
Deuxième silo portuaire français pour l’exportation de céréales, Nord Céréales a exporté quelque 594 000 tonnes de blé lors de l’exercice 2016-2017. L’orge arrive en seconde position des matières exportées, avec un volume de 395 000 tonnes, suivie de l’orge de brasserie (65 000 tonnes) et des pulpes sèches (5 900 tonnes). L’Algérie reste, et de loin, la première destination servie avec 241 000 tonnes, suivie par l’Union européenne (178 000 tonnes).
En parallèle à l’export de céréales, Nord Céréales entend développer les livraisons d’autres matières premières. Pour la pulpe sèche, l’objectif est d’exporter quelque 130 000 tonnes. «Nous sommes en capacité de les accueillir, pour ensuite les exporter», assure Joël Ratel. Idem en ce qui concerne le soufre : «Au cours de l’exercice 2017-2018, deux bateaux de granulés de soufre ont déjà été exportés vers le continent africain, en partenariat avec deux fournisseurs», poursuit le directeur de Nord Céréales.
D’ici la fin de l’année 2017, la Sica mise sur un volume exporté de 600 000 tonnes de céréales pour un objectif global compris «entre 2 et 2,5 millions de tonnes». Conscients que l’écart reste important pour l’atteindre d’ici la fin de l’exercice (juin 2018), les responsables de Nord Céréales estiment néanmoins «qu’il est encore atteignable».

L’activité import
Depuis le port de Dunkerque, Nord Céréales entend également développer son activité import. Les travaux d’aménagement de 250 mètres de quais supplémentaires, démarrés en juillet 2017, n’y sont pas étrangers. Ils devraient y contribuer. L’installation d’une nouvelle grue, permettant de décharger à la fois des Panamax autant que des barges, devrait également faciliter les choses.
Sur l’exercice 2016-2017, plusieurs matières premières ou intrants ont transité dans des proportions en augmentation. On parle ainsi de 8 185 tonnes d’engrais, 165 518 tonnes de blé, 8 090 tonnes d’orge, 11 424 tonnes d’orges de brasserie, ou encore de 304 467 tonnes de maïs, soit un total de presque 500 000 tonnes.
D’ici quelques semaines, les responsables de Nord Céréales envisagent également d’augmenter les importations de plaquettes de bois pour répondre à un marché en croissance : «Nous avons déjà fait deux bateaux de 4 000 tonnes, mais l’objectif à atteindre est un bateau par semaine à partir de janvier, explique Joël Ratel. Nord Céréales se donne une nouvelle dimension. Nous sommes reconnus comme un acteur important de l’exportation, et nous avons réalisé de gros investissements pour cela, mais nous voulons aussi nous inscrire dans la durée avec l’importation.»
Face à l’augmentation de l’activité import, Nord Céréales pourrait être tentée de créer une société dédiée à ce segment : «On y réfléchit, annonce Laurent Bué. Le cœur de métier de Nord Céréales reste l’exportation, mais en créant une société à part, on ne remettrait pas en cause notre statut coopératif auquel nous restons attachés.»

La qualité, un critère de choix nécessaire, mais pas suffisant

Le débouché export est-il condamné à rester une variable d’ajustement pour les céréales françaises ? Non satisfait à cette idée qui a la peau dure, Nord Céréales s’est engagée, il y a quelques mois, dans une démarche d’amélioration de la qualité globale des céréales qu’elle commercialise, avec l’appui du pôle d’excellence agro-alimentaire Agroé. Pour Laurent Bué, l’amélioration de la qualité des céréales françaises doit rester une priorité : «Si l’on veut se battre sur les mêmes marchés que la Russie ou que l’Ukraine en ne s’intéressant qu’aux coûts de production, on est battus d’avance. Là où on peut s’améliorer, c’est, en revanche, sur la qualité».

La charte d’engagement pour l’amélioration des céréales produites en région Hauts-de-France pourrait être une partie de la réponse. Mais, d’avis de différents experts, cela ne peut être suffisant. Pour ces derniers, qu’ils soient négociants (Jean-Philippe Everling, Transgrain France ; Frédéric Carré, Groupe Carré), présidents de coopérative (Bertrand Hernu, Advitam-Unéal) ou associations d’entreprises spécialisées (Sébastien Abis, Club Demeter), le rôle des pouvoirs publics est essentiel : «Si le monde agricole ne parle qu’à lui même, on n’y arrivera pas. L’agriculture française ne doit pas seulement être considérée par le ministère de l’Agriculture. Elle doit aussi être portée par d’autres ministères, voire plus haut», défend Sébastien Abis.
Pour Bertrand Hernu, «le retard que l’on a pris par la passé en matière de qualité est en train d’être rattrapé, mais il faut désormais que la production française soit mieux accompagnée par le monde politique pour être mieux vendue à l’international». Autant dire que l’oubli de la filière céréalière française et son poids dans le discours de Rungis d’Emmanuel Macron dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation passe mal. Pour chacun de ces acteurs, «il est temps que l’on retrouve des politiques qui y connaissent quelque chose en agriculture», résume Philippe Everling. Mais le temps presse, et la concurrence sur les différents marchés mondiaux est rude.

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