Noriap : point sur la campagne
La récolte 2017, bien meilleure que la catastrophique 2016, aurait pu laisser présager une bonne campagne.
9 millions d’euros : voici le total des compléments de prix que Noriap verse à ses coopérateurs, pour la récolte 2017. «Après la très mauvaise récolte 2016, nous avions hâte de retrouver une campagne favorable. Mais les rendements moyens de 2017-2018 n’ont pas été compensés par les cours du marché», indique Jean-François Gaffet, le président, dans l’édito destiné aux adhérents.
«Il s’agissait en fait d’une campagne sans saveur», précise Philippe Florentin, directeur général adjoint. En clair : les années se suivent et ne se ressemblent pas. Une mauvaise récolte ne signifie pas forcément une mauvaise campagne de marché, et une bonne récolte n’implique pas évidemment de bons prix. «Cette récolte était moyenne. Pas de problème majeur, ni de qualité, ni de volume… Mais tout le monde a fait le même genre de récolte. Alors nous n’avions pas de leviers pour se démarquer des autres.»
Des trains au prix des camions
En 2016, alors que les récoltes étaient mauvaises partout, la coopérative parvenait à écouler ses stocks par trains complets à 74 % minimum de PS (poids spécifique) pour l’amidonnerie. «On parvenait à gagner 10 à 15 € par rapport à du blé fourrager à l’export. Mais cette année, Les trains complets se vendaient au prix des camions.» Une mauvaise récolte est-elle bonne pour la santé économique de la coopérative dans ce cas ? «Pas forcément, car notre outil ne vit que pleinement lors des bonnes récoltes. Et les services associés, comme le transport en train, sont des garanties pour les acheteurs. Le contenant fait presque autant le prix que le contenu.»
A propos du transport, la campagne a aussi souffert de la perturbation logistique : canal gelé en avril et en mai dernier, une petite récolte qui a détourné les mariniers vers d’autres secteurs que l’agriculture, une longue grève SNCF qui a perturbé le trafic ferroviaire. «Même si, nous devons l’avouer, nous avons été moins impactés que nos concurrents au sud de Paris, puisque la capitale était la zone la plus impactée», ajoute Philippe Florentin. Résultat : pour le blé BPMF, un complément de prix de 10 €/t versé en juin 2018 (pour le blé BPMF s/Ct) et de 9 €/t (pour le blé BP/BAU), qui amène le prix total à 140 €/t.
Alors pour tirer son épingle du jeu, Noriap mise sur les filières. «Meilleur moyen de nous démarquer.» En blé, par exemple : le Camp Rémy (valorisation moisson à 169 €/t), LU’Harmony (151 €/t), ou encore Allez-y Orégrain (143 €/t). «Nous les développons depuis une quinzaine d’années et cela s’accélère.»
En termes de volumes, mais aussi de qualité. Car les obligations sanitaires et les cahiers des charges sont de plus en plus strictes. «Par exemple, dans les deux années à venir, nous pensons que nous devrons fournir des produits sans insecticides de stockage. Or, un meunier ne tolère aucun insecte dans le blé, même mort, car cela fait des tâches noires dans la farine. Un véritable challenge pour nous !»