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«Les bovins sont dix fois plus sensibles que les humains»

Lors de l’audition publique menée le 18 février sur les impacts des ondes électromagnétiques sur les animaux d’élevage, un vétérinaire et un géobiologue ont apporté des éléments de réponse.

Olivier Ranchy, conseiller en élevage, géobiologue : «Il faut travailler sur les structures montées en amont pour éviter qu’elles soient le moins possible sur les veines d’eau et les failles.» 
Olivier Ranchy, conseiller en élevage, géobiologue : «Il faut travailler sur les structures montées en amont pour éviter qu’elles soient le moins possible sur les veines d’eau et les failles.» 
© Alix Penichou

«On peut aller chercher des experts, mais les éleveurs sont les meilleures sentinelles de leur troupeau. S’ils constatent par exemple que leurs animaux boivent de manière désordonnée, en lapant la surface, c’est qu’il y a un sérieux problème», assure Laurent Delobel, vétérinaire et directeur du GDS Loire-Atlantique, ce 18 février, lors de l’audition publique. Presque à chaque fois qu’un éleveur suspecte un impact d’ondes électromagnétiques sur ses animaux, celui-ci n’est pas pris au sérieux, et ses techniques d’élevages sont remises en cause. Les effets sont pourtant bien réels : «Chez les bovins, on remarque des travées de logettes inutilisées ou des zones d’aires paillées délaissées. Des montées en températures extrêmes sont relevées dans des aires paillées, sans explication. La fuite permet de s’extraire à la perturbation et soulage. Mais si les animaux ne peuvent pas fuir, ils deviennent agressifs ou, au contraire, se prosternent. Dans les cas extrêmes, ils succombent de pathologies qui prennent le dessus ou d’état d’épuisement physiologique», résume le vétérinaire. 

Pourquoi certains élevages subissent ces tracas alors que, parfois, leur voisin n’a aucun signe de nuisances ? C’est tout le travail d’Olivier Ranchy, conseiller en élevage à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, aussi géobiologue. Cette profession, encore non reconnue au niveau nationale, traite des relations de l’environnement avec le vivant. «Quand j’arrive dans un élevage, la première chose que je fais est de déterminer où passent les veines d’eau et les failles, puisque le milieu de prédilection des électrons est l’eau, note le professionnel. Les anciens ont toujours dit qu’eau et électricité n’ont jamais fait bon ménage. Comme les corps sont composés en moyenne à 70 % d’eau, on ressent très fort cette énergie.» 

Certaines espèces d’animaux la ressent plus que d’autres. «Les bovins sont dix fois plus sensibles que les humains. Le seuil de résistance est de 500 Ohm pour les vaches laitières, contre 5 000 pour les humains», précise-t-il. Cela s’explique par le fait que l’animal, qui évolue souvent dans un lieu humide et chaud, est directement relié à la terre. Il présente en plus un écart de plus d’1,30 m entre les pattes avant et les pattes arrières. «Il y a alors un différentiel de potentiel, et un arc électrique peut se former.» 

Dans de nombreux cas, des aménagements peuvent soulager les animaux des effets de ces ondes. «On accorde une importance particulière à travailler les prises de terre des élevages qui permettent d’enlever ces courants de l’intérieur du bâtiment», relève Olivier Ranchy. Les propos du vétérinaire Laurent Delobel vont dans le même sens. «Selon les installations, les ondes sont plus ou moins véhiculées. Les infrastructures métalliques, le type de litière, comme les systèmes caillebotis avec fosse intégrale, sont des situations délicates. La saisonnalité est aussi à prendre en compte, car l’hiver, le bâtiment est plus chargé, et l’été, la sécheresse du sol peut mettre à mal la qualité de la prise de terre.» Le problème : les experts sont souvent sollicités une fois que les installations électriques sont en place. «On intervient en curatif, et il est beaucoup plus difficile de contrer ces problèmes multifactoriels.» Dans certains cas, aucun aménagement ne peut résoudre le dilemme.

Les experts réclament un approfondissement des recherches scientifiques. La géobiologie demande à ce titre une reconnaissance de son travail. «Pour nous, il faut travailler sur les structures montées en amont pour éviter qu’elles soient le moins possible sur les veines d’eau et les failles.» Emmanuel Bert, adjoint au chef du Bureau lait produits laitier et sélection animale du ministère de l’Agriculture, a assuré avoir «entendu la demande de renforcement de moyens d’études». «Il est toujours difficile de trouver des solutions de financement, mais nous pourrions peut-être saisir l’opportunité du plan de relance.» Quant aux cas particuliers où il n’y a pas de solution trouvée, il souhaite «mobiliser tous les acteurs locaux pour y parvenir». 

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