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Osiris, nouvelle pomme de terre samarienne

Après trois années d’expérimentation, la pomme de terre nouvelle Osiris est commercialisée. Un défi agronomique et économique qu’ont relevé le négociant Touquet Savour et l’agriculteur Henri Poupart.

Après trois années d’expérience, Henri Poupart maîtrise la culture de la pomme de terre nouvelle de la Baie de Somme dans ses terres sableuses. Il en a produit 6 ha cette année.
Après trois années d’expérience, Henri Poupart maîtrise la culture de la pomme de terre nouvelle de la Baie de Somme dans ses terres sableuses. Il en a produit 6 ha cette année.
© D. R.

Multiplier les productions a toujours fait partie de l’état d’esprit d’Henri Poupart, installé à Ponthoile, près du Crotoy. Son assolement parle de lui-même : carottes nantaises et carottes des sables, pommes de terre, orge de printemps, avoine, maïs, chicorée, betteraves, lin, haricots verts, poireaux, safran, vesce… Treize cultures différentes poussent dans les 140 ha de l’exploitation. Alors il y a trois ans, «lorsqu’Olivier Morel, de la Chambre d’agriculture de la Somme, et Touquet Savour (négaciant et conditionneur de pommes de terre installé à Essertaux, ndlr) m’ont exposé leur projet de production d’une pomme de terre locale, récoltée le plus tôt possible en saison, j’ai tout de suite été emballé», confie l’agriculteur.
Une pomme de terre nouvelle semblait envisageable, pour Henri Poupart, qui parvenait déjà à en récolter le 14 juillet. Mais le challenge agronomique restait à relever. «J’ai toujours pensé que pour avancer, il fallait transformer ses faiblesses en atouts», livre le samarien. Le «MacGyver de l’agriculture», comme il se définit lui-même, a ainsi appris à apprivoiser ses terres sableuses, très sèches, grâce à l’irrigation et au choix des variétés, par exemples. Les carottes des sables y ont ainsi trouvé leur berceau. «Il faut réfléchir, oser, et surtout échanger. L’humain est souvent la clé de la réussite !» Dans ce projet, Henri Poupart a apprécié la notion de partage du risque. Car une telle production est coûteuse. Comptez déjà 1 600 €/ha de plants…

Une variété évidente
Première étape : trouver la bonne variété. Une demi-douzaine sont testées dès 2016. 2 hectares sont plantés autour du 20 mars, lorsque la météo est la plus clémente. L’enjeu : trouver celle qui aura réagi le mieux au sol sableux, à l’air de la mer, au mildiou et à la galle, et qui aura un cycle de croissance suffisamment rapide. «Nous cherchions à vendre une date, un produit suffisamment beau pour séduire le client, mais aussi un goût.» L’Osiris a tout de suite remporté la partie. 4 ha de cette variété connue principalement des jardiniers sont donc plantés en 2017, aux alentours du 8 mars, soit deux semaines plus tôt que l’année précédente pour permettre à la peau de supporter une récolte à la machine. Mais les gelées tardives ont retardé la croissance des plants.
Aujourd’hui, Henri Poupart maîtrise bien la production. 6 ha y ont été consacrés cette année. Il commence par une bonne préparation du sol. Il faut tamiser pour enlever tous les cailloux qui abîmeraient la fine peau de la pomme de terre. «Le dilemme, c’est la densité de plantation, précise-t-il. Espacer les plants permet un développement plus rapide, mais en même temps, il faut trouver l’équilibre avec le rendement.» Une fois en terre, les plants sont couverts d’un voile d’hivernage P19, pour réchauffer le sol et activer la pousse. «Sa pause est délicate. Il nous faut une demi-journée à cinq personnes pour poser 2 ha. Nous devons le faire un jour sans vent. Un pari lorsqu’on habite à 3 km de la mer !»

Bon sens paysan
L’œil de l’agriculteur est ensuite précieux. Car il n’existe pas d’outil d’aide à la décision, ni de réseau de surveillance encore actif à cette période de l’année. «C’est de l’observation, rien que de l’observation !» Les traitements (herbicides et fongicides) sont réalisés au-dessus de ce voile, mais la culture, du fait de son cycle très court, est peu consommatrice de phytosanitaires. Quinze jours avant la récolte, le voile est retiré et les fanes sont broyées. «L’arrachage se fait à l’aide d’une machine la plus simple possible. Trois chaînes, un élévateur, et c’est tout !»
La pomme de terre nouvelle de la Baie de Somme a été récoltée avec brio tout début juillet 2019. L’agriculteur aimerait pouvoir l’avancer encore un peu l’année prochaine et, pourquoi pas, augmenter davantage la surface. En attendant, l’Osiris fait la belle sur les étals des primeurs, Carrefour, Auchan, Monoprix et Intermarché des Hauts-de-France, depuis juillet et jusqu’au mois de septembre. Quelques restaurateurs la subliment également. Reste à Touquet Savour de booster la réputation et le commerce de sa protégée.


L’Osiris,
en chiffres

105
jours entre la plantation et la récolte
6 semaines d’avance en rayon par rapport aux autres pommes de terre de la région
13 t/ha récoltées en moins par rapport à une pomme de terre de conservation (- 30 %)
3 mois de commercialisation
110 000 emballages vendus en région depuis le début de l’aventure

Après la production, la vente

La Ratte du Touquet et la Pompadour Label rouge font partie des pommes de terre phares de Touquet Savour. Alors pourquoi vouloir lancer une nouvelle variété ? «C’est comme chez Ferrero. Quand on a le Nutella, quel intérêt de lancer les Kinder ?», image Antoine Dequidt, responsable marketing. Une pomme de terre précoce permet ainsi à l’entreprise de se différencier.
En 2019, l’Osiris semble attirer les clients. «Un tiers de la production est vendue. La vente est multipliée par deux par rapport à l’année dernière.» Reste que la pomme de terre nouvelle de la Baie de Somme doit encore faire ses preuves. «La production d’une variété plus coûteuse (prix public conseillé de 1,99 €/kg, ndlr) est toujours un défi en soi, surtout pour un produit de consommation aussi populaire que la pomme de terre ! Pour que le consommateur accepte de payer davantage, la promesse doit être belle et le goût dans l’assiette à la hauteur.»

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