Energies
A partir du 1er janvier 2026, rouler à l’E85 pourrait coûter plus cher
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une augmentation progressive des taxes sur le Superéthanol-E85. Une mesure dénoncée par les acteurs du bioéthanol, qui y voient une double menace pour les automobilistes et les agriculteurs français.
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une augmentation progressive des taxes sur le Superéthanol-E85. Une mesure dénoncée par les acteurs du bioéthanol, qui y voient une double menace pour les automobilistes et les agriculteurs français.

Le carburant du pouvoir d’achat a-t-il fait long feu ? Alors que le gouvernement envisage d’augmenter les taxes sur le Superéthanol-E85 dès le 1er janvier 2026, sur trois ans, cette annonce intervenue lors de la présentation des orientations budgétaires du gouvernement Lecornu 2 inquiète la filière française du bioéthanol.
Selon ses calculs, le prix à la pompe pourrait grimper de 40 à 50 centimes par litre si la hausse était intégralement répercutée. « Pour un automobiliste parcourant 13 000 km par an, cela représenterait jusqu’à 700 € de surcoût annuel. Une somme non négligeable pour des millions de Français qui utilisent leur voiture chaque jour », alertait le 14 octobre la Collective du bioéthanol, émanation de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre. Le Superéthanol-E85 reste pourtant le carburant le plus économique pour les véhicules essence, avec un prix moyen de 0,71 €/l contre 1,68 €/l pour le SP95-E10 au 10 octobre 2025.
Une mesure contraire aux objectifs de souveraineté alimentaire et énergétique
Le Superéthanol-E85 est constitué à 60 à 85 % de bioéthanol, produit majoritairement à partir de cultures françaises : blé, maïs et betterave à sucre. La filière mobilise plus de 50 000 agriculteurs et fournit également des coproduits pour l’alimentation animale. « C’est une filière qui soutient à la fois l’agriculture française, la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. La pénaliser reviendrait à freiner notre souveraineté énergétique et alimentaire », explique la Collective du bioéthanol.
Selon une étude du Nova Institut, la filière du bioéthanol contribue à une agriculture compétitive, résiliente et technologique, tout en offrant un carburant moins carboné pour les véhicules légers.
L’E85, un carburant écologique et d’avenir
Le Superéthanol-E85 réduit en moyenne de 50 % les émissions nettes de CO2 et jusqu’à 90 % les particules fines par rapport à l’essence fossile. Sa diffusion est également facilitée par les boîtiers flex-E85, permettant à des centaines de milliers de véhicules essence de rouler avec ce carburant. « Plutôt que d’augmenter les taxes sur l’E85, il faut soutenir toutes les solutions pour décarboner le parc automobile, en combinant bioéthanol et électrification », préconisent les acteurs de la filière bioéthanol. À long terme, le Superéthanol-E85 pourrait devenir 100 % renouvelable en remplaçant l’essence fossile par des essences renouvelables, comme l’expérimentent déjà certains États américains.
Appel au gouvernement et au Parlement
Face à cette situation, la filière du bioéthanol a appelé dès mi-octobre le gouvernement à renoncer à cette hausse de taxes et les parlementaires à la rejeter. « Une telle mesure serait injuste pour les automobilistes et les agriculteurs. Elle irait à l’encontre des objectifs de décarbonation et du pouvoir d’achat des Français », conclut la Collective du bioéthanol. Le débat s’annonce donc crucial dans les prochaines semaines, au cœur des discussions du PLF 2026.