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«Pas mal d’éleveurs sont confrontés à des problèmes de cellules»

Le contrôle laitier a publié ses résultats 2015. Qu’en est-il de la qualité du lait dans la Somme ? Le point avec Rémi Martin, vétérinaire à Rue.

Rémi Martin : «Ce qui coûte ce n’est pas le traitement, mais le lait en moins, ainsi que le fait de devoir réformer les bêtes, 
ou encore le temps perdu à les soigner au lieu de faire de la prévention.»
Rémi Martin : «Ce qui coûte ce n’est pas le traitement, mais le lait en moins, ainsi que le fait de devoir réformer les bêtes,
ou encore le temps perdu à les soigner au lieu de faire de la prévention.»
© AAP


Quels sont les critères pour définir la qualité du lait ?

Sa composition est le premier critère. Sa teneur en matières grasses, comme sa teneur en matières protéiques jouent directement sur la valorisation de la matière première. Parmi les autres critères, il y a aussi les germes, les cellules, l’absence d’inhibiteurs, la cryoscopie, ou encore les butyriques. Ce dernier critère est surtout important quand le lait est transformé en fromage. Plus le lait sera apte à la transformation, mieux il sera payé. Aussi tous ces éléments influent-ils sur le prix du lait par l’intermédiaire de bonus ou de malus pour les éleveurs. Or, avec la crise actuelle où le lait est très mal payé, il faut avoir encore plus tous les critères au maximum pour pouvoir tirer un prix correct.

Quels sont les enjeux liés à la qualité du lait ?
C’est la rentabilité économique de l’exploitation qui est en jeu avec le lait produit. Ce qui compte, c’est le lait, sa qualité et sa quantité. Suivant les bonus et les pénalités, l’éleveur gagne ou perd de l’argent. Cet enjeu de prix l’est aussi pour les transformateurs qui valorisent le produit. Il y a des filières qui se développent telles que le lait infantile. C’est parfait, mais il faut être au rendez-vous de la qualité pour décrocher les marchés.

Qu’en est-il de la qualité du lait dans la Somme ?
Depuis ces dernières années, la qualité du lait se dégrade dans la Somme d’un point de vue des cellules, comme de la matière grasse, car beaucoup de troupeaux sont de plus en plus poussés à produire. En soi, ce n’est pas un problème de pousser à la production, mais à condition de faire attention à l’alimentation. Il faut que les rations données soient équilibrées et de qualité.

Qu’en est-il du taux butyreux ?
Il baisse de plus en plus. Il est aujourd’hui en dessous de la barre des 40 g/kg (la moyenne doit être autour de 42 g/kg, ndlr). Il en est de même du taux protéique, qui est à 32 g/kg alors qu’un bon taux se situe au-dessus. C’est une déviance progressive que l’on observe depuis moins de dix ans. La conséquence immédiate pour l’éleveur se trouve sur sa fiche de paie du lait, revue à la baisse.

Quelles sont les causes de ces baisses de taux ?
La gestion de l’alimentation, celle de la transition alimentaire, et celle du parasitisme mais dans une moindre mesure pour cette dernière, en sont les causes principales. Sans oublier la gestion du tarissement, qui est une période importante, constitutive même de la qualité du lait. En effet, c’est une période clé dans la lactation de la vache, comme dans la qualité du lait. Or, on constate encore trop de vaches qui ont des infections dans cette période, car elles font l’objet de moins de soins.

Relève-t-on du lait positif aux antibiotiques ?
Il y a des cas ponctuels mais, sinon, c’est très limité. Beaucoup d’éleveurs font faire des tests aux antibiotiques avant de mettre le lait dans le tank.

Quels sont les problèmes les plus récurrents que rencontrent les éleveurs ?
Il y a pas mal d’éleveurs qui sont confrontés à des problèmes de mammites et de cellules. Mais ce n’est pas une fatalité. D’ailleurs, certains arrivent à gérer cela très bien. Une fois cela dit, il est important de gérer ces problèmes, car ils ont une incidence économique forte. Ce qui coûte ce n’est pas le traitement, mais le lait en moins, ainsi que le fait de devoir réformer les bêtes, ou encore le temps de travail perdu à les soigner au lieu de faire de la prévention.

Quelles sont les solutions auxquelles ils peuvent avoir recours pour améliorer leur situation ?
Il y a d’abord des règles de base d’hygiène à respecter telles que la désinfection des manchons après la traite, le trempage avant et après la traite, la préparation de la mamelle à la traite. L’hygiène du bâtiment est tout aussi importante, ainsi que la gestion de l’alimentation, du tarissement, ou encore de la reproduction.
La gestion de la reproduction est d’ailleurs un point aussi clé que la gestion du tarissement. En effet, il faut s’assurer que les vaches sont pleines rapidement pour avoir du lait en quantité. Pour ce faire, il faut qu’elles vêlent bien. Si la reproduction est mal gérée, on s’expose à ce que les vaches deviennent infertiles. Par ailleurs, comme la durée de lactation s’allonge, le risque de présence de cellules augmente. Et, comme les vaches sont moins productives, elles sont moins rentables.
Un fois cela dit, il n’y a pas une règle magique pour tout le monde. Il y a une solution adaptée qu’il faut trouver pour chaque éleveur et chaque élevage.
Enfin, par rapport aux mammites, il est opportun de faire des analyses bactériologiques permettant d’identifier la bactérie prédominante dans l’élevage afin de mettre en place le traitement le plus efficace et adapter au mode de transmission de celle-ci. Cet outil a aussi un autre avantage : il permet de limiter l’usage des antibiotiques.

Est-ce que la crise actuelle peut jouer un rôle sur la qualité du lait ?
Certains soignent moins les mammites, comme la reproduction, et allègent le poste alimentation. Ce sont des solutions à court terme, mais dont l’effet sera de diminuer la qualité. Et, au final, ils seront pénalisés sur le prix du lait. Il faut donc plus réfléchir sur le long terme que sur le court terme.

Les résultats du Contrôle laitier 2015 dans la Somme, l’Oise et l’Aisne en bovins

Sur les 2 562 183 lactations qualifiées prises en compte dans les résultats nationaux 2015, celles de la Somme représentent 35 379 alors que dans l’Oise elles sont à 15 701 et dans l’Aisne à 24 634.

Dans la Somme, la production laitière brute moyenne, toutes races confondues, atteint 9 342 kg en 339 jours de lactation. Dans l’Oise, elle est de 9 189 kg en 344 jours de lactation. Quant à l’Aisne, la production laitière brute moyenne atteint 8 991 kg en 343 jours de lactation.
Pour ce qui est du taux butyreux (TB), il est de 38,3 g/kg dans la Somme, de 38,4 g/kg dans l’Oise, et de 38,8 g/kg dans l’Aisne. Quant au taux protéique (TP), il est de 31,7 g/kg dans la Somme, de 31,8 g/kg dans l’Oise et de 31,9 g/kg dans l’Aisne.
Si l’on retient comme paramètre la production laitière brute moyenne, par les trois races qui produisent le plus dans la Somme, on obtient pour la Prim’Holstein 9 516 kg en 342 jours de lactation, avec un taux butyreux de 38,2 g/kg et un taux protéique de 31,7 g/kg. Suit la vache croisée avec 8 292 kg en 322 jours de lactation, et avec un taux butyreux de 38,3 g/kg et un taux protéique de 32 g/kg. En troisième position, la Montbéliarde avec une production de 7 492 kg en moyenne sur 305 jours de lactation, et avec un taux butyreux de 38,2 g/kg et un taux protéique de 32,6 g/kg.
Pour ce qui est de l’Oise, la race qui produit le plus en moyenne est la Prim’Holstein avec 9 418 kg sur 347 jours de lactation, et avec un taux butyreux de 38,3 g/kg et un taux protéique de 31,7 g/kg. En seconde position, on trouve la race croisée avec une production moyenne de 7 890 kg sur 324 jours de lactation, un taux butyreux de 38,8 g/kg et un taux protéique de 32,1 g/kg. Enfin, la troisième position est occupée par la Montbéliarde avec une production moyenne de 7 470 kg sur 323 jours de lactation, un taux butyreux de 39,2 g/kg et un taux protéique de 32,9 g/kg.
En ce qui concerne l’Aisne, la race qui produit le plus est la Prim’Holstein avec une moyenne de 9 268 kg sur 342 jours de lactation, un taux butyreux de 38,6 g/kg et un taux protéique de 31,8 g/kg. La seconde race est la croisée, avec une production moyenne de 7 733 kg sur 315 jours de lactation,
un taux butyreux de 39,5 g/kg et un taux protéique de 32,2 g/kg. La troisième race est la Montbéliarde avec une production moyenne de 7 142 kg sur 306 jours de lactation, un taux butyreux de 39,6 g/kg et un taux protéique de 33,1 g/kg. En d’autres termes, peu de différences d’un département à l’autre.
Autre point de référence : les résultats de numérations cellulaires individuelles par département.
La proportion de lactations qui présentent au moins deux contrôles avec une numération cellulaire supérieure à 800 000 cellules est de 15,9 % dans la Somme, 17,2 % dans l’Oise et de 16,5 % dans l’Aisne.
Quant à la part des lactations avec l’ensemble des contrôles inférieurs à 300 000 cellules, elle est de 42,6 % dans la Somme, de 40,8 % dans l’Oise et de 42,2 % dans l’Aisne.

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