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Betteraves
Campagne agitée mais respectable à la sucrerie de Sainte-Émilie

Crainte d’un manque de gaz pour faire tourner l’usine, difficulté d’approvisionnement en gasoil cet automne, puis forte période de gel, et retour du Covid-19 chez les salariés… La campagne betteravière n’a pas été de tout repos pour l’usine Cristal Union samarienne. Mais les résultats sont honorables.

Les quelques 1,7 Mt de betteraves râpées ont permis de produire 235 000 t de sucre, ainsi que près de 20 000 t de pellets.
Les quelques 1,7 Mt de betteraves râpées ont permis de produire 235 000 t de sucre, ainsi que près de 20 000 t de pellets.
© A. P.

«Cette campagne a été un peu compliquée», avoue Thierry Cousson, directeur de l’usine Cristal Union de Sainte-Émilie. Celle-ci a débuté assez tôt, avec une mise en route de l’usine le 19 septembre, et s’est terminée ce 3 janvier, pour 106 jours de campagne. 

«Début septembre, nous n’étions pas fiers quant à l’alimentation en gaz de notre usine. Mais les températures douces, et donc la consommation moindre en France, a joué en notre faveur», souffle Jérôme Fourdinier, son président. La plus grosse crainte a été celle de l’approvisionnement en carburant des camions qui acheminent les betteraves des silos à la sucrerie pendant la période de grève dans les raffineries. «On a beaucoup transpiré», se rappelle Thierry Cousson. Ajoutez à cela une période de gel en décembre qui complique le quotidien, avec les rouleaux des tapis extérieurs qui se remplissent de glace et l’épandage de l’eau terreuse qui a dû être stoppé à cause des vannes gelées, ainsi que des arrêts maladie de plusieurs salariés dus au Covid-19…  

Le rendement moyen, à 80 t/ha à 16°, est 10 % inférieur à notre moyenne cinq ans. Compte-tenu de l’année particulièrement sèche, on peut dire que c’est très satisfaisant

Mais les betteraves de bonne qualité, d’une richesse moyenne en sucre de 17,9 %, ont donné de l’entrain aux équipes. «Le rendement moyen, à 80 t/ha à 16°, est 10 % inférieur à notre moyenne cinq ans. Compte-tenu de l’année particulièrement sèche, on peut dire que c’est très satisfaisant», commente Vincent Caille, responsable betteravier. Les quelques 1,7 Mt de betteraves râpées ont permis de produire 235 000 t de sucre, ainsi que près de 20 000 t de pellets. Avantage de ce temps sec : les conditions d’arrachage ont été exceptionnelles, et le niveau de tare terre, à seulement 7,5 %, est très bas. «Seules des herbes ont compliqué la transformation des premiers silos enlevés, car les herbicides ont eu du mal à agir à cause du manque d’eau. Mais le déterrage a ensuite permis de les retirer.» Les betteraves gelées, elles, ont été très peu nombreuses. «C’est surtout le dégel qui est embêtant. Notre technique de nivelage puis de bâchage mécanisé mutualisée a encore une fois prouvé qu’elle permettait une belle conservation des betteraves dans la durée.»

 

Des feux au vert

Comment appréhende-t-on la campagne à venir à Sainte-Émilie ? «Très bien», s’accordent les dirigeants, d’un large sourire. «Agronomiquement, ça commence bien avec une période de gel qui structure le sol et tue la vermine. On devrait même économiser nos outils pour la préparation des sols», se réjouit Jérôme Fourdinier. La dérogation pour une nouvelle – mais probablement dernière – année de dérogation pour l’utilisation des NNI est en bonne voie. Vincent Caille tient cependant à prévenir les planteurs du risque de cercosporiose. «L’enjeu est d’intervenir au moment opportun. Pour cela, l’outil Cerc’OAD a fait ses preuves, or, il n’est pas encore assez utilisé.»

Du côté de la rémunération des betteraviers, l’optimisme se fait aussi sentir. «Nous avons annoncé un prix minimum de 40 €/t pour la campagne en cours. Pour 2023-2024, on pense faire aussi bien, voire mieux, grâce à un contexte de filière nettement meilleur, avec un marché du sucre qui se tient», analyse Jérôme Fourdinier. «La sécheresse, les points Pac et la disparition des NNI sont des sujets qui préoccupent les betteraviers, alors il est important que son prix rende la culture attractive», ajoute Vincent Caille. Sur ce sujet des néonicotinoïdes qui fait tant parler, le responsable betteravier veut être positif. «Notre service agro travaille ardemment aux tests de solutions alternatives. La recherche variétale avance et nous donne des raisons d’y croire.»

 

Inquiétant coût de l’énergie 

Jérôme Fourdinier (à g.) et Vincent Caille (à dr.) devant le nouveau centre de  déshydratation des pulpes qui doit entrer en fonctionnement à la prochaine campagne.
Pour le président, le sujet prégnant reste tout de même celui du coût de l’énergie, et notamment celui du gaz. «Cela nous pousse à évoluer sur les questions de réduction de la dépendance et d’économie.» Plusieurs réflexions sont dans les tuyaux, comme la méthanisation des eaux de bassin, déjà en place à la sucrerie de Fontaine-le-Dun (76), la méthanisation des pulpes, ou leur valorisation thermique. «Nous croyons beaucoup au mixe énergétique, que nous devrons adapter au contexte.»

La nouvelle déshy sur de bons rails
Ça visse, ça assemble, ça tire des câbles autour du bâtiment principal et des silos déjà montés. Les entreprises se relaient et s’activent au futur site de déshydratation des pulpes, voisin de la sucrerie, à Sainte-Émilie. Il faut dire que le temps presse. Ce chantier, qui fait partie du vaste projet de décarbonation du Groupe Cristal Union, doit prendre fin pour la prochaine campagne, en septembre 2023. Il remplacera le centre de déshydratation d’Épénancourt, qui fonctionne au charbon. 
Un projet à 25 M€ initialement, qui s’élèvera finalement à 33 M€, du fait de l’augmentation des coûts des matériaux. 7 M€ d’aides sont assurés, avec notamment le plan France Relance du gouvernement, et 15 M€ de plus sont espérés, grâce à des performances supérieures encore au projet initialement présenté. «Au départ, la consommation d’énergie devait être divisée par six. Avec un système d’évaporation passé de cinq à six effets, elle sera encore réduite. Finalement, nous allons déshydrater la pulpe sans charbon, sans consommer plus de gaz qu’aujourd’hui à la sucrerie», présente Thierry Cousson, le directeur. 
L’usine est autonome en eau, puisque celle-ci est issue des betteraves lors du processus d’extraction du sucre. Transformée en vapeur, elle servira à la déshydratation des pulpes avant d’être redirigée vers l’évaporation des jus. La vapeur est enfin récupérée sous forme d’eau condensée et stockée dans des bassins, puis utilisée pour l’irrigation. Les volumes d’eau pour l’irrigation seront aussi augmentés. Les coûts de transport vers Épénancourt, qui restera un centre de stockage, seront enfin réduits, puisque seule la matière sèche sera désormais chargée dans les camions.
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