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Pierrick Capelle : son «plant», c’est l’endive

Ce jeune agriculteur de 33 ans cultive et vend des plants d’endives, à Flers, commune dont il est aussi le maire depuis 2011. Son nouveau projet : un kit de plants d’endives pour la maison.

© AAP


Alice, son épouse, se demande parfois si c’est elle que Pierrick a vraiment épousée, ou bien ses endives. Sa forme sensuelle, sa blancheur d’hermine, sa délicatesse et sa saveur font en effet littéralement craquer le trentenaire. Incollable, il l’est autant sur la culture de l’endive que sur son histoire, débutée dans la cave d’un petit horticulteur belge. Pourtant, gamin, quand son père, endivier dans le Santerre, comme son père avant lui, l’embarquait dans les champs, Pierrick s’ennuyait ferme. Mais, à son insu, l’endive se frayait patiemment un chemin dans son cœur.
«La culture de l’endive est passionnante, car elle est complexe. En fait, on a deux cultures dans l’année. On sème de toutes petites graines que l’on place au millimètre et que l’on saupoudre d’une terre fine, rappuyée ensuite. Fin août, début septembre, la plante fait son feuillage, puis tout ce qu’elle prend par la photosynthèse, elle le renvoie à la racine qui se développe. Les petites gelées qui suivent permettent qu’elle se vernalise. Une fois la taille correcte atteinte
(40 mm de diamètre), on la récolte. Mais quand on arrache les racines, on ne sait pas encore ce qu’elle va donner en tant qu’endive», détaille Pierrick. Ce n’est que vingt-et-un jours plus tard que l’endive révèle sa vraie nature.

Il craque pour l’endive
Après avoir rêvé, enfant, d’être vétérinaire, Pierrick décide de faire une école d’ingénieurs en agriculture pour conseiller les agriculteurs. «Ce métier est passionnant. Je voulais les accompagner.» A la sortie du lycée, faute de pouvoir intégrer l’école de ses rêves, il fait un BTS ACSE avec, comme objectif, de revenir à son choix initial. Le sort en décidera autrement. Il enchaîne sur une spécialisation de technico-commercial, parce que «force est de constater que les agriculteurs savent produire, mais pas vendre ni acheter. Or, l’avenir de l’agriculture passera par la commercialisation directe des produits, que ce soit des petites ou grandes quantités», est-il persuadé.
Lui, dans tous les cas, se lance aux côtés de son père, qui vient de créer la vente d’endives sous emballage avec son sachet de sauce. «Mon père a toujours eu des idées géniales comme celle-ci. C’était un précurseur dans sa branche», dit Pierrick. Un précurseur qui, à l’évidence, a inspiré et inspire toujours le fils.
En 2003, Pierrick reprend l’activité de son père à Mézières-en-Santerre, cultivant 180 ha mis à disposition par des agriculteurs pour faire des plants d’endives. L’année suivante, son père lui confie également l’exploitation familiale de 100 ha à Flers, dont vingt consacrés aux plants d’endives. «J’ai vraiment appris mon métier dans les champs. Ce que l’on apprend, c’est que la nature est la patronne. Ensuite, à nous de bien travailler», ajoute-t-il. 2009 sonne le coup d’arrêt de l’activité à Mézières. Tous les partenaires de son père viennent frapper à sa porte pour lui demander de continuer à produire des plants d’endives. Il répond présent, se concentrant désormais sur l’exploitation familiale de Flers.
En six ans, son réseau s’est étoffé. Il vend des plants d’endives dans toute la France, du Nord au Sud, en passant par l’Est et l’Ouest, mais aussi en Espagne et en Tunisie. «Ce qui a de génial avec l’endive, c’est qu’elle peut s’exporter partout. En revanche, la production de plants, non, car il lui faut des conditions climatiques très particulières, qui n’existent que dans le nord de la France et de la Belgique. C’est notre force», dit Pierrick. Il augmente sa production de 20 à 45 ha. «Je veux en rester là, car mon idée est de monter toujours plus en gamme et non en volume. Dans la famille Capelle, la qualité, c’est la priorité. D’ailleurs, la Capelle, c’est la plus belle», éclate-t-il de rire.
Loin de lui l’idée de rester sur ce segment de marché. Ayant toujours de la suite dans les idées, il se lance en octobre dernier dans la vente à la ferme, tous les samedis (d’octobre à mars, ndlr). C’est ainsi qu’il a intégré le réseau Bienvenue à la Ferme. De même, face à la demande de plus en plus nombreuse de maraîchers voulant faire de l’endive, Pierrick est devenu leur fournisseur de plants. «Il est important de segmenter son offre, d’une part, pour assurer la sécurité de l’entreprise, d’autre part, pour avoir une meilleure valeur ajoutée en ayant des services attachés à la production», explique-t-il.
Sa dernière idée ? Proposer des kits de plants d’endives pour les gens de la ville afin qu’ils puissent les cultiver dans leur cuisine et en manger quand ils le désirent. Mais lui, au fait, en mange-t-il ? Oui, et à toutes les sauces, de l’apéritif au dessert. Il semblerait qu’il ait donné le virus à ses filles. Qui est la plus belle ? La Capelle, bien sûr.

L'exploitation

- 100 ha dont 45 de plants d’endives, 20 ha de betteraves, 5 ha de pois de conserve, le reste, du blé
- Un salarié
- Marchés : semi gros et gros en direct, maraîchage, vente directe

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