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Plan Somme II : comment faire face aux risques d’inondation

Le 23 octobre, a été signée le Plan Somme II, qui fait suite à un premier programme d’actions (2007-2013) concernant la prévention des inondations et la gestion des milieux aquatiques dans le bassin versant de la Somme.

Travaux en cours sur le barrage du Pendu, à Amiens. Coût estimé des travaux : 2,4 millions pour le barrage, 710 000 € pour la création d’une passe à poissons, 32 000 € pour celle d’une passe à anguilles. Fin des travaux : fin décembre 2015.
Travaux en cours sur le barrage du Pendu, à Amiens. Coût estimé des travaux : 2,4 millions pour le barrage, 710 000 € pour la création d’une passe à poissons, 32 000 € pour celle d’une passe à anguilles. Fin des travaux : fin décembre 2015.
© AAP

2001, Amiens s’en souvient encore. Cette ville, comme d’autres communes dans la Somme, dans l’Oise et dans l’Aisne, sont touchées par une crue exceptionnelle. Au total, ce sont 130 communes qui sont impactées, plus de 1 100 personnes évacuées, 3 400 habitations inondées, 200 entreprises sinistrées. La crue a causé plus de 200 millions d’euros de dommages. C’est une remontée des nappes qui est à l’origine de ces inondations. Bien que le niveau d’eau en lui-même n’ait pas été très haut, l’eau est cependant restée entre deux et trois mois avant que tout revienne à la normale.
Si, quatorze ans plus tard, «la culture du risque n’est toujours pas assez importante chez nous alors que nous vivons sur un territoire très exposé à différents types d’inondation», note Nicolas Dumont, 1er vice-président du Conseil régional de Picardie, un long chemin a été toutefois parcouru depuis, grâce aux actions entreprises dans le cadre du Plan Somme I, pour prévenir les inondations et gérer les milieux aquatiques du bassin versant de la Somme. Sur les 30 millions d’euros programmés, essentiellement pour la restauration ou la création de gros ouvrages, 26 millions d’euros ont été engagés.

Le Plan de la «maturité»
Si ce premier plan était avant tout «curatif», pour reprendre l’expression d’Olivier Thibault, directeur général de l’Agence de l’eau Artois-Picardie, l’idée qui prédominait déjà était de ne pas rester sur le risque en tant que tel, mais sur sa gestion. D’où la mise ne place d’un premier Papi (Programme d’actions de prévention des inondations) en 2004, et d’un Pppri (Plan de protection et de prévention des risques d’inondation) dans la vallée de la Somme, concernant 129 communes. Outre la réalisation de gros ouvrages (restauration des zones d’expansion de crue, mise en place d’ouvrages d’hydraulique, rétablissement des continuités hydro-écologiques), des actions ont été menées sur la culture du risque, ainsi que sur la gestion de la ressource et des milieux aquatiques.
Cette «philosophie» se retrouve à l’identique dans le Plan Somme II (2015-2020), mais avec une vision encore plus inscrite dans la prévention et l’aménagement du territoire. «Dans ce plan, que je qualifierai de plan de la maturité par rapport au premier, ce que l’on essaie de faire à présent, c’est d’arrêter d’opposer la protection contre les inondations à partir d’ouvrages bétonnés à la protection à partir de mesures alternatives, plus environnementales», précise Olivier Tibault.
Ce nouveau programme s’inscrit dans les objectifs des directives cadres sur l’eau et inondation, qui visent à atteindre un bon état des masses d’eau et la réduction de la vulnérabilité du territoire face aux risques d’inondation. Concrètement, le Plan Somme II se décline en deux axes : la prévention et gestion du risque d’inondation, d’une part, et la gestion de la ressource et des milieux aquatiques, d’autre part.

Réduire la vulnérabilité
L’enveloppe financière est estimée à 38,4 millions, répartie entre l’Agence de l’eau Artois-Picardie (près de 20 millions), le Feder (2,6 millions), l’Etat (1,7 million), le maître d’ouvrage (8,4 millions), le Conseil régional de Picardie (3,4 millions), le Conseil départemental de la Somme (1,9 million), celui de l’Aisne (161 000 €) et celui de l’Oise (82 000 €).
Pour ce qui est du premier axe, le plan vise notamment à finaliser les travaux de réduction de l’aléa inondation, engagés dans le précédent plan, à mettre en œuvre des opérations de réduction de la vulnérabilité des sites les plus exposés aux risques d’inondation, à réactualiser et compléter les outils de prévention et de gestion de crise (Ppri, PSC, Scot, Plui), comme à poursuivre les actions d’information préventive.
Parmi les actions préconisées dans la vallée de la Somme, il y a, entre autres, la réfection de l’ouvrage inférieur de Daours, dans le secteur de Corbie/Daours, la réfection de barrages tel celui du Pendu à Amiens (en cours de réalisation), la sécurisation de la digue d’Airaines (en cours), la mise en place d’un pompage à Péronne (étude complémentaire à conduire), de travaux d’automatisation de barrages de la Haute Somme (Flavy, Epenancourt, Cappy…). Sans oublier toute une série d’actions de communication sur la culture et la mémoire du risque. «Réduire la vulnérabilité, c’est améliorer la résilience et apprendre à vivre avec les risques d’inondation», commente Bernard Lenglet, président de l’EPTB Somme-Ameva.
Le second axe, lui, concerne la gestion de la ressource et des milieux aquatiques. Il met notamment l’accent sur la restauration des cours d’eau et des zones humides associées, le rétablissement des continuités hydro-écologiques, la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols, comme la mise en œuvre des Schémas d’aménagement et de gestion des eaux du territoire (Sage).
«Avec une densité moyenne d’un ouvrage infranchissable tous les deux kilomètres de rivière, la restauration de la continuité écologique constitue un enjeu majeur sur le réseau hydrographique du périmètre du Plan Somme, souligne Olivier Mopty, directeur de l’EPTB Somme-Ameva. Aussi les actions programmées concernent-elles en priorité les cours d’eau suivants : la Somme de Saint-Valéry à Daours, l’Airaines, la Nièvre, l’Avre, la tête de bassin de la Selle ou encore les fleuves côtiers Authie, Maye et Dien. C’est incontestablement l’un des gros chantiers du Plan Somme II.»
Enfin, pour ce qui est de la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols, il s’agit de développer et de formaliser les partenariats entre les communautés de communes et les agriculteurs. «Il faut une mobilisation importante, insiste Olivier Mopty, mais cela prend du temps. On ne peut pas arriver chez les agriculteurs avec une cartographie toute faite dans le cadre d’un partenariat. Cela doit faire l’objet d’échanges et de conciliations.» Les résistances ne manquent pas, comme en témoigne celles autour des Pprn en Baie de Somme. Mais, comme le rappelait la préfète de Région et de la Somme, Nicole Klein, le jour de la signature de la convention, «il faut tout faire pour que l’eau reste notre amie et non notre ennemie mortelle».


Plan Somme II : son territoire

Le programme Plan Somme II s’étend essentiellement sur le département de la Somme, mais il concerne aussi une frange des départements de l’Aisne (100 communes), de l’Oise (85-86 communes), et quelques communes du Nord-Pas-de-Calais (15 communes), ainsi que le bassin de l’Authie dans sa partie samarienne. Il couvre une superficie de 7 200 km2, comprend plus de 1 000 km de cours d’eau, près de 500 km2 de zones humides et intègre les deux territoires à risque important d’inondations d’Amiens et d’Abbeville.


REACTION

Michel Randjia de la commission Environnement de la Crap

«Ce nouveau plan est intéressant»

Un véritable travail de concertation entre tous les partenaires a été réalisé. Ce nouveau plan est intéressant, parce qu’il intègre la gestion de la ressource et des cours d’eau. En cela, il y a de véritables avancées. Pour les agriculteurs, il implique un véritable travail sur la réduction des intrants, une meilleure utilisation de l’eau pour l’irrigation, une approche très agronomique sur les rotations des cultures, comme la nécessité de la mise en place de Cipan. En ce qui concerne ce dernier point, les agriculteurs, ici, sont déjà dans cette démarche.
Là où le bât blesse pour nous, c’est que tout cela se fait avec des contraintes administratives, financières et de contrôle difficiles à accepter. Néanmoins, ces évolutions sont incontournables, car il en va de l’avenir de nos enfants, comme de notre patrimoine et de la qualité qu’attendent les consommateurs de nos produits.

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