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Énergie
Plein gaz sur la méthanisation dans la Somme

Avec 146 installations en fonctionnement et une dizaine d’unités en construction dans les Hauts-de-France, la production de gaz et de digestats n’en est plus à son galop d’essai. Mais qu’en est-il dans la Somme ? La Chambre d’agriculture de la Somme dresse un panorama des unités de méthanisation.

Unité de méthanisation Sanamethan, Vraignes-en-Vermandois.
Unité de méthanisation Sanamethan, Vraignes-en-Vermandois.
© CA80

La Chambre d’agriculture de la Somme réalise chaque année, avec le Satège, une enquête sur les unités de méthanisation en fonctionnement dans le département, qui s’inscrit dans le cadre du partenariat Chambre régionale d’agriculture Hauts-de-France et l’Ademe. Cette enquête nous permet d’avoir une connaissance de la typologie des installations en fonctionnement avec une estimation des intrants traités et des digestats épandus, ainsi qu’une estimation de la production d’énergie qu’elles génèrent.

 

Une trentaine d’unités à moyen terme

En 2023, dans la Somme, on comptait 22 unités de méthanisation en fonctionnement, 2 unités en construction et une dizaine de projets bien avancés (en instruction ou instruit). C’est donc une trentaine d’unités qui pourraient voir le jour dans notre département à moyen terme. On constate néanmoins une légère stagnation ces deux dernières années, du fait notamment du contexte économique et de la difficulté d’acceptation de certains projets avec des recours administratifs qui rallongent les délais.

 

Des intrants majoritairement agricoles

L’enquête typologique réalisée en 2023 concernait les sites en fonctionnement en 2022. Au total, dans la Somme, 20 sites étaient en fonctionnement avec 4 unités mises en service courant d’année. 18 sont des unités agricoles (individuelles ou en collectifs) et 2 sont des unités territoriales industrielles.

Au total, environ 280 900 tonnes d’intrants y ont été traitées en 2022. Quelques gros sites mis en service en cours d’année n’étaient pas encore à pleine charge ; aussi la capacité de traitement est plutôt d’environ 440 000 tonnes (dont 65 à 70 % par des unités agricoles).

Les graphiques ci-dessous montrent une grande disparité des déchets et sous-produits traités entre les unités agricoles et les deux sites industriels. Les sites agricoles traitent majoritairement des effluents d’élevage, des CIVE et résidus de cultures alors que les sites industriels ont des intrants plus diversifiés avec, notamment, un des sites qui traite majoritairement des déchets ménagers résiduels et biodéchets.

 

Quid des digestats ?

Qui dit méthanisation, dit production d’énergie, mais également production de digestat. En complément de la production d’énergie (cf. encart spécifique), le fonctionnement de ces installations s’accompagne de la production de digestats qui sont majoritairement épandus sur les sols agricoles. Si l’on intègre un site de l’Oise qui épand également dans la Somme, on estime que les épandages ont représenté en 2022 environ 180 000 m3 de digestats liquides (bruts ou après séparation de phase) et 8 000 t brutes de digestats solides après séparation de phase. Cela a concerné environ 7 000 ha et plus de 850 tonnes d’azote. Ce tonnage est sous-estimé car certaines unités, mises en service en 2022, n’avaient pas encore ou très peu épandu (si l’on prend en compte les 22 sites en fonctionnement en 2023, à pleine charge, c’est environ 350 000 m3 (ou t) bruts de digestats qui seraient produits).

Les digestats produits par les sites de la Somme proviennent tous d’unités en «voie liquide infiniment mélangé». En sortie digesteur, ils sont donc bruts liquides (taux MS < 10 %). Afin de diminuer les volumes, certains sites poursuivent leur traitement par une séparation de phase ; ce qui donne alors une fraction liquide et une fraction solide. L’intérêt agronomique des digestats diffère selon la nature des intrants traités et du process de l’unité de méthanisation. Le tableau précise la composition moyenne obtenue sur les installations en fonctionnement du Nord-Pas-de-Calais et de la Somme selon le type de traitement. Ces valeurs sont indicatives car elles peuvent varier selon la nature des intrants traités.

• Les digestats liquides ont un effet «azote rapide» pour les cultures. La part d’azote ammoniacal, directement assimilable, est importante (environ 50 %) et leur rapport C/N faible (<8) traduit une minéralisation rapide de l’azote organique.

• Les digestats solides sont de véritables amendements organiques (apport de matière organique stable - humus). L’azote qu’ils contiennent sera libéré très lentement. La part d’azote ammoniacal est faible et l’azote organique viendra en grande partie enrichir le pool de matière organique du sol. Les ISMO (indice de stabilité de la matière organique) réalisés par le Satège montrent qu’environ 65 % de la matière organique fournira de la matière organique stable (humus). Ces digestats ont donc un intérêt moindre pour l’apport d’azote valorisable directement par la culture mais restent d’excellents engrais de fond.

Quel que soit le type de digestat ; les fertilisants de fonds (phosphore, potasse, magnésie) seront disponibles très rapidement et peuvent couvrir en partie les besoins des cultures. À noter que la teneur en soufre est également non négligeable.

Zoom sur la production d’énergie des unités de méthanisation de la Somme

Process : 100 % des unités en fonctionnement sont en «voie liquide infiniment mélangé». Une installation en voie sèche en projet.
Valorisation du biogaz : actuellement environ 50 % en cogénération et 50 % en injection biométhane : Les premières installations et les unités en micro méthanisation sont principalement en cogénération alors que les dernières mises en services sont en injection biométhane.
Production d’énergies renouvelables :
- Les sites en fonctionnement ;
- Les unités en cogénération ont une capacité de production d’électricité de 5 MWélec = la consommation de 6 675 logements* ;
- Les unités en injection ont une capacité de production de 2 895 Nm3/h = la consommation de 22 040 logements* ;
- Les projets à venir prochainement (en travaux et fin d’instruction) ;
- Les prochains projets en cogénération devraient apporter une capacité supplémentaire de production de 205 KWélec permettant de couvrir les besoins de 290 logements* ;
- Les prochains projets en injection devraient apporter une capacité supplémentaire de production de 970 Nm3/h permettant de couvrir les besoins de 7 390 logements*.
* ratio Ademe

 

Les services de la Chambre d’agriculture au service des exploitants d’unités de méthanisation

- Terralto : le bureau d’étude la Chambre d’agriculture de la Somme réalise les plans d’épandage des digestats et les suivis annuels agronomiques, les études d’impact environnementales, les études de sol, les dossier ICPE et les dossiers loi sur l’eau. Le contenu des dossiers et le type de suivi agronomique annuel à mettre en place sur les unités varient selon le type d’installation classée (2781-1 et 2781-2) et leur régime (déclaration, enregistrement et autorisation).
- Satège (service d’assistance technique à la gestion des épandages) : ce service de la Chambre d’agriculture a été créé en partenariat avec les Agences de l’Eau. Il a pour mission de suivre les différents produits organiques épandus sur le département (composts, digestats, boues, effluents industriels…) et apporte des conseils techniques et réglementaires sur les bonnes pratiques des épandages. Dans ce cadre, il propose aux unités de méthanisation du département de réaliser des analyses et interprétation agronomique de leurs digestats et intervient sur la quasi-totalité des sites en fonctionnement.

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