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Grande exportation
Pommes de terre : quels atouts pour l’export ?

Une vingtaine de conseillers de différents ministères en visite dans la Somme.

Laurent Degenne (en arrière plant, à côté du tableau) entourés des acteurs locaux de la filière explique aux conseillers ministériels les atouts 
et les freins de la filière pomme de terre. Pour l’anecdote, à l’avant du tracteur, on reconnait une photo aérienne de l’usine Flodor.
Laurent Degenne (en arrière plant, à côté du tableau) entourés des acteurs locaux de la filière explique aux conseillers ministériels les atouts
et les freins de la filière pomme de terre. Pour l’anecdote, à l’avant du tracteur, on reconnait une photo aérienne de l’usine Flodor.
© AAP

Sensibiliser les partenaires des autres ministères sur les questions agricoles de façon à faciliter les échanges interministériels dans le cadre de la préparation du comité de politique commerciale, instance qui se réunit chaque semaine en présence des représentants des Etats-membres de l’UE et de la commission, tel était l’objectif principal de la délégation composée de conseillers spécialisés des ministères des affaires étrangères, du commerce extérieur, du redressement productif ainsi que du secrétariat aux affaires européennes et de l’agriculture, qui a passé la journée de mardi dans la Somme. Conscients du potentiel économique que représentent l’agriculture et l’agroalimentaire, les visiteurs étaient en quête d’informations sur les questions liées à l’exportation de produits agricoles en particulier à destination des pays tiers, ce qui apporte un regard concret sur des dossiers pour lesquels le gouvernement aura à prendre position (réforme de la PAC, accords de libre échange) ou à orienter son action (politique rurale et industrielle). Ils se sont ainsi rendus le matin chez Bonduelle à Estrées-Mons et l’après-midi chez Laurent Degenne à Licourt.

Garder une PAC cohérente
Bruno Poutrain, directeur de la coopérative féculière de Vecquemont, a souligné les difficultés de la filière à se passer de l’aide couplée notamment au regard des cours actuels des céréales et du colza. Autre sujet de la future PAC, le développement rural : c’est au travers de plan de développements successifs, le dernier étant le Fonds Sucre, que les filières peuvent investir, se moderniser et être performantes. Laurent Degenne a insisté pour que ce schéma puisse trouver sa place pour toutes les filières sur la programmation à venir de la PAC, notamment sur le développement rural, car il ne peut y avoir de filière durable et performante sans une production rentable.

Qualité, sanitaire et quantité : valoriser le terroir
Le terroir est le premier atout national par le volume et la régularité de la production sécurisé par l’irrigation, par la qualité de ses sols et par la technicité de ses agriculteurs. Cette réussite trouve son origine dans le sérieux et la rigueur à tous les stades de la production quelle que soit la filière. Charly Moizard a rappelé que les producteurs de plants ont à respecter des cahiers des charges très stricts et contrôlés. Ils viennent d’investir onze millions d’euros dans une nouvelle station d’analyses et de recherche pour améliorer ses performances et créer les variétés de demain. La qualité des sols est contrôlée également. Chipex possède aussi un laboratoire d’analyses des lots qu’elle commercialise. Cet avantage sanitaire peut s’avérer être soit un démarquage commercial, soit un élément de protection à mettre en valeur en cas de crise dans d’autre pays producteurs.

Harmoniser les contraintes
L’impact sur les emplois locaux a été souligné en pointant le surcoût des charges, notamment l’alourdissement conséquent des charges sociales qui menace les employeurs. Autre sujet de distorsion, le coût du transport qui atteint 30 % du prix de la matière transportée et qui en devient parfois rédhibitoire. Il faut savoir qu’en France comme en Belgique, les transports routiers peuvent peser 44 T en charge mais ils ne peuvent pas dépasser 40 T pour passer la frontière ! Le rail/route est plus intéressant mais il soumet la marchandise à trop d’impondérables. Ce qui rend son utilisation trop risquée.

Le grand export passe par les ports
Si les règles routières sont si présentes dans les esprits, c’est que la France est peu présente sur le grand export. Et pour cause : l’accès aux ports est si complexe que la France n’est pas compétitive par rapport aux ports belges ou hollandais. Et de revendiquer d’assurer la liaison fluviale à grand gabarit relaint Le Havre aux ports d’Ancvers ou Rotterdam, et donc de mener à terme le projet du Canal Seine Nord Europe.

Rassurer les entreprises qui exportent
Malgré tout, la France tente de garder voire de développer ses parts de marché partout où la demande existe mais non sans mal. Thomas Thuillier a souligné les difficultés nouvelles auxquelles sont confrontées les structures comme Chipex. Les délais de paiement qui nécessitent davantage de trésorerie, les encours plus importants mais moins bien couverts par les sociétés de crédit pour cause de crise financière, autant d’éléments qui reportent un risque accru sur les entreprises exportant, qui les rendent parfois plus hésitantes à explorer de nouveaux marchés.

Garder la valeur ajoutée en réindustrialisant
Mais à quoi bon augmenter nos exportations de pommes de terre vers la Belgique si c’est pour que nous importions ensuite les produits finis. Exporter des pommes de terre, c’est bien. Exporter des frites, des chips ou de la purée, c’est mieux ! La triste fin de Flodor à Péronne a été rappelée aux interlocuteurs jusqu'à susciter la question de l’une d’entre eux : «Pourquoi Flodor s’est arrêtée ?». «L’absence d’usines de transformation dans la région est criante», s’est exclamé Laurent Degenne. «Que ce soit pour la consommation, frais ou industrie, ou le plant, notre capacité de produire et notre savoir faire sont recherchés par les industriels installés en France ou à l’étranger ainsi que par bien des acheteurs dans de nombreuses régions du monde. Si la production reste ici, c’est que le terroir est unique, alors pourquoi continuer à multiplier les chômeurs dans la Somme en créant des emplois à l’étranger : il y a bien une crise industrielle à résorber et pour cela, l’agriculture peut être une solution !».

Une balle à saisir
Ce qu’auront pu retenir les participants des différents ministères, c’est que l’agriculture et l’agroalimentaire ne manquent ni d’énergie, ni d’idées pour se développer et participer activement à l’économie nationale. Reste à leur charge le travail de rénovation politique pour que les filières expriment leur potentiel. Y compris hors de nos frontières.

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