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Pour la FRPL Nord Picardie Ardennes, l’Europe doit se réinventer

Les représentants des producteurs laitiers du bassin nord ont pu débattre sur l’avenir de la filière laitière au congrès FNPL, ces 15 et 16 mars, à Langres.

Les représentants de la FRPL Nord Picardie Ardennes au congrès FNPL des 15 et 16 mars, à Langres.
Les représentants de la FRPL Nord Picardie Ardennes au congrès FNPL des 15 et 16 mars, à Langres.
© AAP


Plus de trois cents congressistes ont assisté, la semaine dernière, au congrès de la FNPL, qui a réuni experts économistes et sociologues, industriels privés et coopératifs, et, bien sûr, producteurs laitiers autour de la même table. Etaient présents pour défendre la vision de notre bassin laitier la FRPL Nord Picardie Ardennes, ainsi que l’UPLP. Lors de l’intervention des régions, les Hauts-de-France ont porté les demandes des trois régions par l’intermédiaire de Didier Halleux, président du Syndicat départemental (Nord-Pas-de-Calais) des producteurs laitiers, et de Christine Delefortrie, vice-présidente de la FDSEA 59.

Segmentation ambitieuse
Didier Halleux a fait état des différentes initiatives qui ont vu le jour par l’intermédiaire du travail de groupes de producteurs sur la différenciation des produits laitiers. Celles-ci se sont souvent basées sur la mise en avant d’un territoire ou d’une région, mais aussi sur des pratiques d’élevage précises comme des troupeaux à l’herbe. Cette dernière a, d’ailleurs, fait naître une marque de consommateur, «C’est qui le patron» (voir encadré). Mais Didier Halleux se demande si ces démarches sont vraiment «pourvoyeuses de valeur ajoutée pour les producteurs». Il faut bien constater que la demande du consommateur au niveau français est en augmentation. Elle peut être due à une prise de conscience sociétale de la détresse dans laquelle le mon­de agricole se trouve, selon le président du SDPL.
Toutes les régions sont catégoriques, le consommateur est à la recherche de plus d’authenticité, de produits locaux et d’un souci de rémunération juste des producteurs pour leur travail. D’où l’augmentation de l’achat des produits siglés bio, selon Didier Halleux. Filière dans laquelle les GMS s’engouffrent pour flatter leurs images médiatiques, tandis qu’elles s’engagent, «tracteurs au cul», dans une charte de valeurs avec les producteurs conventionnels, sans hésiter malgré tout «à faire pression sur les prix pour augmenter sa marge».
Pour Didier Halleux, l’enjeu est d’opérer une «segmentation ambitieuse» rassemblant les producteurs face aux GMS et les autres marchés pour qu’ils ne soient pas en concurrence. La demande des con­sommateurs est diverse, alors aux producteurs de proposer ensemble des cahiers des charges spécifiques et diversifiés pour les satisfaire avec, en ligne de mire, un niveau de rémunération adapté. Il semble possible que répondre à des modes d’alimentation différents ne rentre pas forcément en opposition avec les systèmes, ni avec les producteurs, selon lui. Et de prendre exemple sur des expériences préexistantes aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Pac réinventée
Didier Halleux fait ensuite le constat que la capacité de production des éleveurs laitiers en Europe n’est plus à démontrer, mais lorsque le marché est la seule «main invisible» à maîtriser la production, cela a des conséquences graves sur les producteurs. «Il est de notre responsabilité d’urgemment prendre connaissance de la réglementation européenne pour savoir utiliser tous les moyens qu’elle nous donne. Nous ne pouvons malheureusement pas attendre que la Pac devienne un jour hypothétiquement plus claire pour agir. Malgré tout, des outils complémentaires sont indispensables pour que la puissance publique française puisse maîtriser le marché», relève-t-il.
Christine Delefortrie, visiblement touchée, ajoute que «l’heure est venue de la révision à mi-parcours de la Pac», en précisant la perte de 30 % des aides en trois ans pour les laitiers des Hauts-de-France. Elle demande «que cela cesse». Il faut que la prime laitière soit renforcée, mais aussi, il faut assurer la dotation des 52 premiers hectares. Christine Delefortrie veut une «reconnaissance des prairies en surface d’intérêt écologique, accompagnée d’une aide financière au maintien obligatoire de celles-ci». Elle souligne que les producteurs Nord Picardie Ardennes ne sont pas favorables aux systèmes assurantiels. Finalement, elle se tourne vers Phil Hogan, commissaire européen de l’Agriculture, et demande «aux personnes qui négocient la Pac de penser aux laitiers».

Réduction volontaire de la production
Alain Gilles, président de la FRPL Nord Picardie Ardennes, est revenu, lui, sur le déroulement du congrès pour appuyer sur l’efficacité de la mesure de réduction volontaire à la production laitière. Comme Phil Hogan déclarant qu’elle a été «un franc succès», tous deux déplorent cependant que la mesure a été aussi tardive. Le commissaire européen se défend, néanmoins, en retournant la faute au gouvernement français. «Il est de la responsabilité du ministère de chaque pays d’appliquer les mesures de l’Europe en temps et en heure», dit-il. Malheureusement, Stéphane Le Foll n’était pas présent au congrès pour répondre de ses actes. Le problème n’est pourtant pas réglé, comme les interventions des congressistes ont pu le montrer. En effet, il y a eu beaucoup de témoignages de désespoir pendant ces deux jours. Alain Gilles insiste donc sur le fait que la Pac «ne peut pas être un empilement d’outils, mais doit être pensée autour d’une orientation politique forte». Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a su «résoudre le problème de l’alimentation» de ses citoyens, alors, elle doit aujourd’hui se réinventer pour répondre «aux nouveaux enjeux des filières dont la production laitière».

"C'est qui le patron"

Nicolas Chabanne a fondé la marque «C’est qui le patron» à partir d’un questionnaire en ligne où le consommateur lambda, à partir d’un prix de base de 0,69 ¤/litre de lait, pouvait choisir des options de techniques d’élevage, de rémunération et de période de vacances pour le producteur et, bien-sûr, de packaging. A chaque exigence, le prix pouvait augmenter ou être stable. 7 850 consommateurs ont participé pour un prix final de 0,99 ¤/litre avec une rémunération de 0,39 ¤/litre pour l’éleveur. Cette démarche a recréé du lien entre les cent-vingt producteurs qui y participent et les consommateurs à son origine. Au bout de huit semaines, la marque a déjà atteint 25 % du chiffre de vente des leaders du marché. On attend la suite avec impatience.

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