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Tourisme
Pourquoi Abbeville a-t-elle ce visage ? Pour le comprendre, en voiture Simone

Simon est un Abbevillois des années 1950 qui aime raconter son histoire, celle de sa famille et de sa ville. Le personnage, incarné par un médiateur culturel, embarque les curieux pour une visite historique ludique, pour tout comprendre de la reconstruction d’Abbeville après-guerre. Dernière visite de l’été ce 13 août.

Mais pourquoi l’architecture d’Abbeville est-elle ce qu’elle est ? «Pour beaucoup d’Abbevillois et d’habitants du secteur, elle ne plaît pas. Nous voulons leur expliquer pourquoi la ville s’est transformée de la sorte entre 1950 et 1960», explique Guillaume Dourdou, médiateur culturel de la ville. Pour l’occasion, Guillaume endosse le rôle de Simon, béret, bretelles et veste en cuir sur les épaules, pour une visite historique ludique, nommée «en voiture Simone», ou plutôt «en voiture Simon». «Nous souhaitons que les Abbevillois se réapproprient leur histoire, pour qu’à leur tour ils puissent devenir ambassadeur de leur ville. Cette visite est un moyen de démocratiser la culture et de donner envie de revenir. Avec Simon, on est forcément transporté à travers l’histoire», assure Lydie Noël, première adjointe au maire en charge des finances et du personnel.

«Le personnage ne noie pas les visiteurs dans les dates. Pendant une bonne heure, il raconte l’histoire de la ville à travers la sienne. Peu importe le bagage culturel, les visiteurs s’amuseront», ajoute Guillaume. Simon est un garçon comme les autres, en 1950. Son père a été déporté dans un camp pendant la guerre. Sa mère, couturière avant la guerre, se retrouve contrainte à faire des ménages chez les riches propriétaires lors du déclin du marché du textile. Pour gagner sa croûte, le jeune homme travaille sur les chantiers de reconstruction de la ville. «Il y découvre le travail du béton. Le matériau le plus économique à l’époque, et aussi le plus rapide. Il y avait une vraie urgence à reloger les gens.»

Il faut dire que l’ancienne capitale du comté du Ponthieu, cité maritime et manufacturière, portera toujours la cicatrice du 20 mai 1940, jour où elle a été rasée à 80 % par l’aviation allemande. La Luftwaffe déversa cinq mille bombes, anéantissant la quasi-totalité du centre-ville ancien, ruinant l’hôtel de ville et son beffroi pluriséculaire. «Le ton de la visite n’est cependant pas dans le larmoyant. Simon raconte comment la vie a perduré au milieu des décombres. Des baraquements provisoires se sont montés. La vie culturelle a perduré. Il y avait par exemple de nombreux cinémas, comme le Chantecler, le Ponthieu, le Paris…» Aujourd’hui, le cinéma municipal Le Rex, place Clémenceau, perdure toujours. 

 

Un projet initial loin de la réalité

Le jeune ouvrier se souvient aussi de la «guéguerre» entre les principaux acteurs de la reconstruction, les architectes et urbanistes Jacques Gréber et Clément Tambuté. «Jacques Gréber a débuté cette reconstruction.» Il est l’auteur, entre autres, des bâtiments de la chaussée du Bois, construits en béton, recouvert de briques de parements, aux fenêtres dîtes chien assis, aux nombreuses cheminées… «Contrairement aux maisons historiques, ces habitations offraient un réel confort à ses habitants, avec des larges ouvertures et donc des intérieurs lumineux, ainsi que des salles de bain.» Pour l’hyper centre, le projet initial de Jacques Grébert est bien différent de la réalité. «Il avait imaginé une place un peu à l’image de celle d’Arras, avec un vaste hôtel de ville dont la façade présentait une galerie couverte, tout en arches.» Mais en 1950, la reconstruction d’Abbeville piétinait. Le plan Gréber, sûrement trop monumental pour une telle ville, fut tenu pour responsable. Afin de le remanier, le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme René Coty désigna Clément Tambuté pour prendre le relais. 

 

Simon était là le jour de l’inauguration de l’hôtel de ville, en octobre 1960. Il se souvient de cette fête mémorable, qui marquait la renaissance d’une ville martyre.

 

La visite se termine devant l’hôtel de ville, dont l’histoire est peu commune. «La municipalité de l’époque décida de faire à nouveau appel à Jacques Gréber, alors que la place - place de l’Amiral-Courbet, que l’on dénomma par la suite Grande place, puis place de l’hôtel-de-ville, aujourd’hui place Max-Lejeune -, était reconstruite. Clément Tambuté démissionna. Gréber dû alors composer avec l’existant. Il n’eut pas le choix de l’emplacement ni de la taille de l’édifice.» Celui-ci est constitué d’un bâtiment administratif relié par une galerie à un beffroi contemporain, qui rend hommage à celui qui s’élevait depuis le XIIe siècle avant d’être détruit. Son inauguration, organisée en octobre 1960 par Max Lejeune, édile d’Abbeville et figure politique picarde des Trente Glorieuses, attira des centaines de personnes. «Simon y était. Il se souvient de cette fête mémorable, qui marquait la renaissance d’une ville martyre.»

Ne reste plus qu’à enfiler des chaussures confortables pour suivre Simon, et se doter d’un trait d’humour, car le jeune homme aime taquiner. «C’est ce qui rend la visite divertissante.» En général, les enfants le lui rendent bien.

 

Dernière visite «En voiture Simone» de l’été le 13 août, à 16h30. Rendez-vous au kiosque à musique, allée du 8 mai 1945, à Abbeville. Réservation recommandée au 03 22 20 29 69

 

Abbeville en long, en large et en travers

En voiture Simone est l’une des nombreuses visites que propose la ville d’Abbeville. En voici quelques exemples : 
- L’ancien monastère du Carmel et ses jardins (34-36 rue des Capucins) ont été occupés par les frères
Capucins puis par les sœurs carmélites du XVIIe à la fin du XXe siècle. Visite les 6, 9, 11, 12, 13, 16, 18, 19, 20, 23, 25, 26 et 27 août à 15 h. 
- Une heure au musée. Poussez la porte du musée de Boucher de Perthes pour y découvrir les collections permanentes, les nouvelles acquisitions et les chantiers de collections. Visite les 9, 16 et 23 août à 16h30.
- Le quartier de la Place du Pont des Près. Direction le sud de la ville pour une visite inédite, de l’ancienne place du Marché aux chevaux, aux anciens chantiers de construction navale, en passant par le premier asile d’Abbeville et le bassin de natation. Les 12 et 27 août à 16h30. 
- Laissez-vous conter l’Hôtel d’Emonville. En 1861, Arthur Foucques d’Emonville fait construire un hôtel particulier sur les plans d’Hector Lefuel, architecte de Napoléon III. Le lieu devient tour à tour musée communal, mairie et bibliothèque. Son jardin remarquable est une pépite. Le 18 août à 16h30. 
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