Poursuivre la formation des éleveurs laitiers
Avec la profession agricole, l’établissement agricole a mis au point des solutions pour continuer à assurer la formation sur l’élevage laitier.
Cela faisait plus de quinze ans qu’aucun euro n’avait été consacré à la rénovation de l’atelier lait du Paraclet. Conséquence : au fur et à mesure des années, celui-ci est parti à vau-l’eau. Bien que, dans le dernier Plan pluriannuel d’investissement de l’ancienne Région, en 2013, la relocation du bâtiment, et donc sa reconstruction de fond en comble, soient inscrites, le budget n’est pas finalement voté. Avec la nouvelle majorité, qui arrive aux manettes, le sujet est remis sur le tapis avec une feuille de route égrenant les solutions possibles. Finalement, en avril dernier, la décision est prise de mettre fin à l’atelier lait, d’autant que «si celui-ci avait perduré, nous n’aurions proposé qu’un seul modèle de production, loin des pratiques multiples qui existent aujourd’hui», argumente Marie-Odile Souplet, directrice du lycée agricole du Paraclet. Fin de l’histoire ?
Pas tout à fait. La profession agricole s’interroge. Quel établissement pourrait prendre le relais pour continuer à proposer une formation en élevage laitier ? Considérant la répartition géographique des exploitations laitières dans le département, le lycée agricole d’Abbeville semble un point de chute intéressant. Mais, là encore, au vu des différentes structures d’exploitation laitière existantes, ceux et celles qui veulent se former ne verront qu’un seul aspect des choses, tant sur le plan technique que sur le plan économique si un atelier lait voyait le jour. Il faut donc aller plus loin.
Le choix du réseau
Finalement, la profession agricole et les établissements agricoles du Paraclet et d’Abbeville s’accordent pour constituer un réseau de producteurs laitiers ayant des exploitations de taille différentes et ayant envie de former des jeunes. L’idée fait d’autant plus l’unanimité que les éleveurs peinent à trouver des jeunes et des adultes tentés par l’aventure. En leur ouvrant les portes, ils leur donnent accès à des supports techniques multiples en termes d’exploitation, et à des stratégies économiques différentes. De la grande exploitation travaillant avec une coopérative ou un groupe privé, à l’éleveur qui diversifie sa production et la vend en direct, les étudiants et adultes en formation voient ainsi ce qui correspond le mieux à leurs aspirations.
Une fois l’idée arrêtée, trois axes de développement sont définis. Le premier consiste à attirer les publics vers l’élevage laitier. Comment ? En proposant aux élèves de CAP en productions animales à Abbeville d’avoir un stage à côté de chez eux, sur une exploitation. Autre option : travailler auprès des demandeurs d’emplois et des prescripteurs pour présenter le métier, par le biais notamment de visites d’exploitation.
Le deuxième axe est de travailler les partenariats professionnels avec les exploitants dans le cadre de visites d’exploitation, de stages et d’apprentissages. «Il nous faut à présent définir les modalités de ces partenariats et constituer un réseau avec des profils différents», commente Xavier Bortolin, directeur de CFPPA au Paraclet.
Enfin, le troisième axe porte, lui, sur la mise en place d’une formation adaptée aux besoins des professionnels et aux différents types de publics. Deux certificats de qualification professionnelle ont été créés dans ce sens : celui de salarié spécialisé en élevage laitier et celui de salarié qualifié en élevage laitier. Reconnus à l’échelle nationale, ils doivent l’être aussi à l’échelle régionale par la commission paritaire régionale. Ce sera l’étape suivante. «Il faudra une année pour tout mettre en place et répondre ainsi à la demande de la profession agricole, qui souhaite que soit mise en avant la diversité des modèles économiques en élevage», conclut-il.