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Syndicalisme
Premiers échos du congrès de la Fnsea

Les agriculteurs de toute la France expriment leurs attentes.

© AAP

Réunis à Biarritz du 25 au 27 mars, plus de 800 agriculteurs adhérents se sont retrouvés pour le 68ème congrès de la Fnsea. Le thème central de ce congrès était le rapport d'orientation portant sur la structuration juridique économique et social autour du métier. Trois axes principaux y ont été débattus : le statut de l'agriculteur, la protection du foncier, la gestion des risques. A l'heure de bouclage de ce numéro, les conclusions n'en ont pas été tirées, et nous y reviendrons la semaine prochaine.Cependant, la première partie du congrès a été comme traditionnellement consacrée à un huis clos au cours duquel chacune des régions et chacune des associations spécialisées expriment ses préoccupations majeures. Des prises de position renforcées sur certains points par les Fdsea. Retour sur les interventions des intervenants picards de ce huis clos, et celle de la grande région Nord Bassin Parisien.

Environnement, économie, organisation

Olivier Dauger, président de l'USA de l'Aisne

«Réglementation, normes et environnement : on nous mène en bateau, on nous amuse par de beaux discours et ceci depuis l'inscription du principe de précaution dans la constitution.  Mais dans le même temps, après un semblant de négociation, on nous impose de nouveaux zonages et de nouvelles normes, de nouvelle règlementations toujours plus dures qui s'appliqueront d'ici deux à trois ans si on laisse faire.

Trois exemples :
- Srce, trame verte, trame bleue : plus d'un tiers du territoire en réservoirs de biodiversité, quel beau terme donné en pâture aux associations qui se feront plaisir à tout bloquer. Que deviendrons nous ?
- Sdage : agence, ministère,...tout est aux mains de nos détracteurs, avec une vraie volonté de décroissance ouvertement exprimée. On cumule, on agrège les différents textes européens. Conséquence : on ne parle plus de 50, ni de 37,5 ou 25 mais de 18 mg de nitrates par litre. Selon les textes sur les milieux marins, on parle d'eaux superficielles, ce qui est déjà important, mais nos décideurs le traduisent en eau superficielle et en eau souterraine, donc le rendent impossible. Car à 18 mg sur les bassins, il n'y a pas d'autres solutions que d'arrêter la production.
- Cerise sur le gâteau, renforcement de la directive nitrates. Tout le monde ou presque est ou sera potentiellement touché ou le sera sous la pression de l'Europe et des nouvelles normes de 18 mg/l. Pas d'évaluations économiques des contraintes de stockage et d'épandage, délai beaucoup trop court pour les travaux.
La coupe est pleine autant sur le terrain que dans les lieux de négociation. Nous devons exiger un moratoire sur les nouvelles normes et règlementations».


Jean-Michel Serres, président de la Fédération National Porcine

«Les producteurs de porcs s'insurgent de trois problèmes. En premier lieu, l'embargo russe prétexté pour raison sanitaire plombe les cours alors que tous les indicateurs économiques sont au vert. Chacun le sait, l'embargo est européen mais bon nombre de pays ont entamé des discussions directes avec Moscou. Pas la France. C'est regrettable car la filière est en pleine tourmente.

Autre sujet, le gouvernement s'apprête à autoriser les préfets à reclasser des dossiers du régime d'enregistrement au régime d'autorisation. Bref, alors qu'une simplification était là, le risque est réel que les préfets aient une pression associative telle, qu'ils pourraient céder et annihiler les avancées législatives.
Concernant la modernisation des outils, la Fnp est en attente d'un vrai plan de modernisation des outils, tant pour améliorer les bâtiments existants que pour, une fois n'est pas coutume, envisager de reconstruire.
Enfin, soulignons aussi qu'à l'occasion de la visite du premier ministre chinois, un contrat commercial de plus de 1 milliard d'euros est signé entre la filière porcine française (production, amont, aval), et la Chine».


Laurent Degenne, président de la Fdsea de la Somme

«Trois sujets majeurs à souligner en congrès. D'abord, je voudrais vous parler de la ferme des 1000 vaches. Vous êtes tous sollicités pour réagir dans vos départements, bien souvent sans forcément connaître le fond du dossier. Sachez qu'il s'agit d'un conflit de voisinage, mais que sa notoriété nationale est due aux associations qui viennent en bus, repartent avec un rendez vous chez le ministre, et se contrefichent des dégâts collatéraux qu'ils occasionnent sur tous les agriculteurs qui subissent les frais de cette communication. 1000 vaches, 1000 porcs , 1000 poules, dans la Somme, aujourd'hui c'est pareil... Et c'est même pire en période d'élections municipales. Alors si vous êtes consultés, faites en sorte que cela soit ce que ça aurait dû rester, à savoir un conflit de voisinage.
Ensuite, le foncier, car la loi d'avenir ne règle rien en matière de contrôle des structures, de reprise de biens de famille, de capacité d'intervention des Safer, et que cela pousse encore à contourner ou détruire le statut du fermage.
Enfin, parlons économie, puisqu'il n'y a bientôt plus que les agriculteurs pour en parler dans ce pays. Nos régions vont être saignées par la réforme de la Pac ; il faut que les dernières gouttes prélevées servent à alimenter de vrais plans de développement. Les agriculteurs sont prêts à rebondir, à condition de pouvoir évoluer, produire plus et autrement, à générer de la valeur ajoutée dans le territoire, et aujourd'hui tout pousse à la délocalisation de la transformation et même de la production. Produire plus, transformer plus, mais de grâce, en France ! »


Arnaud Rousseau, président de la Fdsea de Seine-et-Marne, au nom de la Frsea Nord Bassin Parisien

«Les Frsea Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Ile-de-France réunies au sein de la région syndicale Nord Bassin Parisien ont concentré notre intervention sur trois sujets majeurs : la remise en cause de nos moyens de production, la PAC et ses modalités d'application, et enfin la loi d'avenir et son insuffisance criante.

Halte aux contraintes
Les contraintes réglementaires qui remettent en cause nos moyens de production ont été listées lors des états généraux de l'agriculture. Ces états généraux ont été une bonne initiative. Mais, s'ils ont permis de réaffirmer la place et l'ambition de l'agriculture dans notre économie nationale, si nous avons pu apprécier l'intervention du ministre de l'Ecologie empreinte d'un peu plus de pragmatisme que ses homologues, pour le moment force est de constater qu'il y a encore bien peu de mesures concrètes.
Sur le terrain, les problématiques restent entières : programmes d'action régionaux directive nitrates toujours plus contraignant, remise en cause de facteur de production essentiel comme l'irrigation, impossibilité de mettre aux normes un atelier de porcs ou volailles, de développer une activité sans qu'une enquête publique vienne tout remettre en cause... A quand des mesures tangibles et immédiates ? Sur le terrain la colère est palpable. Les agriculteurs évoluent désormais entre deux attitudes : le sentiment d'être présumé coupable, et «advienne que pourra». Maintenons la pression pour une réelle  simplification et pour nous laisser travailler.

Pac : colère sur le premier pilier, méfiance sur le second
Nous sommes loin d'une PAC économique accompagnant une agriculture productive telle que nous l'avions appelé de nos voeux. Sur le terrain, c'est la colère froide qui prédomine. Attention à ce qu'elle ne se transforme pas en colère rouge avec la question des SIE. La grille de coefficient telle que prévue dans les actes délégués européens est totalement inadaptée et risque de contraindre des exploitations à un retour à la jachère. C'est inacceptable ! Attention également aux derniers arbitrages pour qu'ils ne remettent pas en cause le modèle polyculture-élevage déjà fortement pénalisé. Enfin, pour ce qui est du second pilier, il est toujours aussi difficile d'obtenir des mesures dédiées à l'innovation et la modernisation de nos exploitations et filières... Maintenant, il nous faut rebondir, trouver les solutions économiques pour nos exploitations, et réfléchir dès à présent à la PAC 2020. A ce titre, les outils de gestion des risques sont des pistes à explorer.

Loi d'avenir : combattre le bail environnemental
Là aussi nous le savons tous, la loi d'avenir n'a d'avenir que son nom. Elle est particulièrement vide. On ne va pas lister toutes les absences. Celles sur le dossier foncier sont criantes alors que la pression foncière est toujours aussi forte. Aucune ambition pour traiter les problèmes de fond : reprise des biens de famille, absence de contrôle des formes sociétaires, contournement de l'avis des Cdcea. En revanche, on nous impose une extension idéologique du bail environnemental. Là aussi continuons à être extrêmement vigilants car cette disposition nous ne l'accepterons pas».
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