Aller au contenu principal

Chasse et forêt
Quand l’ONF prend la défense des chasseurs

Mi-septembre, l’Office national des forêts soulignait dans une communication numérique l’importance de la chasse pour permettre à la forêt française de se régénérer. Mais, à bien y regarder, il s’agit bien de défendre une chasse de régulation contre les dégâts de la faune sauvage sur les jeunes peuplements forestiers.

La présence d’une concentration de grands animaux dans un massif forestier peut compromettre la biodiversité forestière et compliquer les efforts de reboisement.
La présence d’une concentration de grands animaux dans un massif forestier peut compromettre la biodiversité forestière et compliquer les efforts de reboisement.
© Pixabay

Ce n’est pas un secret que de rappeler que l’Office national des forêts compte parmi ses «clients» de nombreux chasseurs qui paient à l’organisme public de gestion des forêts publiques françaises le droit de chasser dans ces espaces. Cela suffit-il à faire de l’ONF l’avocat de la chasse et des chasseurs ? En partie seulement car, pour l’ONF, la chasse apparait aussi comme un moyen de protéger les jeunes plantations de la prédation de la faune sauvage. Alors que l’ONF entend participer activement au plan de reboisement de la France annoncé par le gouvernement – ce plan de relance porté par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation prévoit la plantation de 45 000 ha de forêts en deux ans sur le domaine public et privé –, l’organisme public rappelle que la réussite de cet objectif tient au respect d’un équilibre entre forêt et grand gibier. En effet, sans protection et/ou en cas d’une présence importante de grands animaux, «les jeunes plants risquent d’être la proie des dents des cerfs, des chevreuils et autres sangliers». Et bien qu’une partie du grand public ait du mal à l’admettre, l’ONF le dit : «Les animaux sauvages sont trop nombreux en France». Chiffres à l’appui tirés de son bilan patrimonial 2020, «39 % des forêts domaniales présentent un déséquilibre forêt-gibier contre 34 % en 2015». Des régions jusqu’alors «épargnées» seraient aujourd’hui concernées : Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’azur, Grand Est, Île-de-France… et Hauts-de-France.

 

Clôturer coûte cher 

Si les forestiers ont la possibilité technique de clôturer les parcelles de jeunes peuplements pour les protéger ou d’installer des protections individuelles, l’ONF fait le constat que cette solution coûte cher - le surcoût est estimé «entre 50 et 60 %» selon Hélène Chevallier, chargée de travaux forestiers à la direction des forêts et des risques naturels de l’ONF -, et qu’elle constitue une «gêne paysagère pour les citoyens nombreux à se promener dans les espaces naturels» (sic). La présence de grands prédateurs étant «insuffisante» pour réguler les populations de grands animaux en France, «seule la diminution des populations par la chasse permettra de résorber les situations de déséquilibre sylvo-cynégétique». Et l’ONF de rappeler que la pratique dans la chasse dans les forêts domaniales, «parfois incomprise du grand public», fait l’objet d’une réglementation stricte. Dans le bail qui lie l’adjudicataire à l’ONF figure, par exemple, des droits et devoirs, dont celui de respecter l’équilibre forêt-gibier et le contrôle de la réalisation d’un minimum des plans de chasse. Et gare à celui qui viendrait à ne pas s’y soumettre, le risque étant de voir un lot être placé sous le régime de la «régie».

 

L’arbre qui cache la forêt 

L’Office national des forêts l’indique clairement. La chasse en régie pourrait être bien plus qu’une option si les chasseurs ne parviennent pas à atteindre – volontairement ou pas – les objectifs fixés en matière de réalisation de plans de chasse. Dans son plan de stratégique 2021-2025, l’ONF s’est fixé pour objectif «de réduire de moitié le nombre de forêts domaniales en déséquilibre forêt-gibier». Pour cela, il rappelle que la solution consiste à «augmenter les niveaux de réalisation des plans de chasse». Et brandit la possibilité de développer le système de «chasse en régie». La chasse en régie, comme elle se pratique déjà dans certains massifs, consiste à placer la responsabilité de la pratique de la chasse à des agents de l’ONF, accompagnés de chasseurs, pour «gérer directement la régulation», explique-t-on à l’ONF. Sur les 3 000 lots de chasse, la chasse en régie en concernerait une quinzaine. Toutefois, note l’ONF, «ce chiffre devrait s’accroître ces prochaines années en raison de l’exigence accrue d’équilibre sylvo-cynégétique pour l’adaptation des forêts au changement climatique» ; et sans doute un peu aussi en raison des réticences de certains adjudicataires à aller au bout des plans de chasse qui leur sont demandés. 

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

La transhumance des moutons dans les prés salés de la baie de Somme est l’occasion d’échanger avec les éleveurs sur les conditions d’exercice de leur métier.
Une marée humaine s’annonce pour la fête de l’agneau
La nouvelle édition de la fête de l’agneau AOP des prés salés de la baie de Somme qui se tiendra ce samedi 16 septembre à Saint-…
Olivier Devillers cultive 4 ha de pommes de terre bio robustes. Un choix  agronomiquement cohérent.
Davantage de pommes de terre robustes dans la plaine
100 % de pommes de terre robustes chez les producteurs bio de la région en 2026. C’est l’objectif de la coopérative Norabio et de…
Déployée sur 3 hectares, la canopée d’une puissance de 2,9 MWc devrait permettre de réaliser une économie en eau de près de 30 % pour les cultures irriguées.
À Brouchy, une canopée agrivoltaïque totalement inédite
Ce 21 septembre, Benoît Bougler inaugurait une canopée agrivoltaïque de 3 ha sur son exploitation de grandes cultures à…
Betteraves : la richesse doit augmenter
Le second prélèvement de betteraves a été réalisé par la CGB Somme, lundi 28 août dans quatorze sites répartis sur l’ensemble du…
betteraves
Cristal Union prêt à accueillir de nouveaux producteurs
Le contexte est porteur et le groupe coopératif assure qu'il dispose des capacités industrielles nécessaires dans ses sites.
Semés plus tard, comparativement aux années précédentes en raison d’une forte pluviométrie printanière, les conditions météorologiques qui ont suivi ont toutefois été favorables à leur développement, «ce qui permettra pour bon nombre  d’éleveurs de se reconstituer un stock».
Bien calculer le prix du maïs sur pied de 2023
L’achat et la vente de maïs sur pied sont une pratique courante dans le département. Pour calculer le juste prix, deux méthodes…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde