Aller au contenu principal

Intempéries
Quelles solutions agronomiques face à la surabondance d’eau ?

Comme nous l’entendons souvent de la bouche des agriculteurs, le mauvais temps, c'est le temps qui dure. Et c’est précisément le cas dans l’Ouest de la Somme. 
Si les conséquences des sécheresses sont bien connues du milieu, la pluie aussi peut se révéler très préoccupante pour les cultures. Point sur la situation des cultures et conseils dans le choix de vos itinéraires avec la Chambre d’agriculture de la Somme.

État des lieux : gradient très marqué d’Est en Ouest

Les précipitations quotidiennes de ces dernières semaines provoquent une saturation des sols en eau, empêchant les agriculteurs en ce mois de novembre, d'accéder à leurs champs pour effectuer leurs travaux agricoles notamment semis de blé, orge, ou encore récolte de betteraves, pomme de terre et maïs. De nombreuses parcelles sont inondées en bordure maritime, les zones de bas champs sont particulièrement touchées, on déplore entre 70 et 90 % de pertes en céréales sur le secteur de Quend. À l’inverse, dans l’Est du département, les travaux de plaine continuent entre deux fenêtres météo favorables.

Au sein de notre réseau de stations météo Sencrop, on peut relever un cumul de pluie de plus de 200 mm en bordure maritime du 31/10 au 14/11.

Pluviométrie du 31/10 au 14/11 -réseau Sencrop CA80 : Vermand : 46 mm ; St Gratien : 78 mm ; Moyenneville : 165 mm ; Baizieux : 101 mm ; Chaussoy-Epagny :  40 mm ; Ponthoile : 188 mm.

 

[Conseil n°1] Implantez une culture de printemps

Côté semis, 85 % des blés sont semés depuis le 26 octobre dans le département.

À côté des parcelles totalement noyées, certains champs pourtant récemment semés avec labour sont battus. Le constat est sans équivoque, et d’autant plus douloureux quand on sait que des par-celles restent à semer, des pommes de terre et betteraves à arracher et les maïs grain à récolter. Les lins d’hiver subissent le même sort, ils restent à implanter aussi.

En bas champs, les semis ne sont plus réalisables dans bon nombre de parcelles avant le retour du printemps. La substitution avec une culture de printemps notamment l’orge de printemps ou le maïs grain est à envisager.

 

[Conseil n°2] Choisissez une variété à implantation tardive

S’agissant des parcelles des zones les moins touchées du département, inutile de se précipiter, il est préférable d’attendre un bon ressuyage en évitant les forts cumuls de pluies juste derrière. S’agissant des parcelles impactées, ajustez la densité de semis et adaptez la variété. En effet, plusieurs variétés de blé présentant un intérêt technico-économique peuvent être implantées avant noël et jusqu’en début d’année.

En voici quelques exemples :

jusque décembre : Chevignon, KWS Extase, SU Addiction, Pondor, Intensity…

jusque janvier 2024 : Campesino, Rubisko, Tenor, Prestance, Filon, Celebrity…

Autre solution : envisagez une implantation d’orge de printemps qui ne dégradera pas la marge et qui permettra une gestion durable du désherbage.

Après une tête d’assolement semée en bonnes conditions et tôt en sortie d’hiver, la culture peut atteindre 85 à 90 quintaux. Un rendement difficile à atteindre en moyenne sur des blés semés en décembre.

 

[Conseil n°3] Réadaptez votre désherbage à la parcelle

La majorité des céréales d’hiver n’est pas encore désherbée. Dans les situations à deux passages d’automne, le premier passage a été effectué du 5 au 20 octobre, et le second reste à faire en général. Dans les situations à un seul passage en post-levée, il n’est généralement pas réalisé !

Mathilde Lheureux, conseillère à la chambre d'agriculture, explique : «Malgré les intempéries, les températures restent douces et les graminées adventices se développent. Des vulpins et ray-grass ont été observés au stade 2 -3 feuilles, ce qui laisse présager des échecs de désherbage ». Afin d’optimiser l’efficacité de votre programme, pensez à ajouter un produit foliaire aux produits à base de «flufénacet» de façon à compenser le retard. Exemple de mélange en blé : Fosburi/Battle Delta 0,6 l/ha+ Defi 2,5 l /ha + Celio 0,4 à 0,6 l/ha + Huile 1 l/ha (mix in).

Attention ! Pas de mélange «Tablo 700 (chlortoluron) + Celio + Huile» pour des soucis de sélectivité !

À partir du 1er novembre :

- la dose maxi de Daiko/Datamar est de 1,6 l/ha !

- la dose maxi du Defi est de 3 l/ha.

Exemple de mélange en orge d’hiver : Fosburi/Battle Delta 0,6 l/ha+ Defi 2,5 l /ha + Fenova Super 1* l/ha + huile 1 l/ha (mix in)»

Bien évidemment, dans les conditions actuelles, pas de désherbage de «pré levée» pour des raisons de manque de sélectivité.

 

[Conseil n°4] Restez vigilant aux conditions d’application de votre insecticide et aux limaces

Les conditions sont favorables au développement des populations de limaces et de pucerons en céréales.

Hervé Georges, conseiller à la chambre d'agriculture, explique : «On observe une grosse activité limace qui résulte d’un printemps-été pluvieux laissant proliférer des populations de limaces. En effet, la surabondance de pluies a limité leur régulation, les déchaumages qui détruisent une bonne partie des œufs ayant été très limités.

Des dégâts observés en parcelles vont jusqu’à 50 % des plantules attaquées, essentiellement en terres argileuses, en précédents colza, avec présence de résidus, en travail simplifié ainsi qu’en semis direct. Mais pas que ! Le lessivage du sol rend difficile les applications d’anti-limaces et la persistance d’action des granulés dans le temps.»


 

Risque pucerons : peu nombreux en général mais persistants…

Le climat favorable au vol de la mi-octobre à fin octobre couplé aux températures douces présageaient l’arrivée des pucerons en parcelles. Les fenêtres météo du moment, non propices aux applications, laissent l’espèce se reproduire à un rythme cependant freiné. En effet, les forts cumuls de pluies viennent perturber leur progression. Afin de garantir l’efficacité des insecticides, soyez vigilants aux conditions d’application. Il s’agit de produits de contact, lessivables et à utiliser en fonction d’un nombre d’impacts importants.

La Chambre d’agriculture de la Somme et ses conseillers restent à vos côtés, et disponibles pour répondre à vos questions.

* mélange non couvert par les firmes phytosanitaires et responsabilité à l’utilisateur

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

panneaux renversés
La Somme gagnée par une mystérieuse vague de panneaux inversés

Comme on le voit ailleurs en France depuis quelques jours, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Somme se mobilisent…

Publié le mardi 31 octobre 2023, l’arrêté ministériel établissant les ratios régionaux de prairies permanentes pour cette année, fait état d’un taux de dégradation des surfaces en prairies permanentes en 2023 de 1,83 % par rapport au ratio de référence pour la région des Hauts-de-France.
Prairies et retournement : les Hauts-de-France sortent du régime d’autorisation

Au regard des surfaces Pac déclarées en 2023, la région des Hauts-de-France sort du régime d’autorisation individuelle de…

Des feuilles nécrosées par la cercosporiose face à la concurrence de repousses  du bouquet foliaire pénalisent la richesse des betteraves.
Pluies et cercosporiose pénalisent la richesse betteravière

L’abondance de précipitations et la résurgence de la cercosporiose dans les parcelles qui n’ont pas encore été récoltées…

Toutes sortes d’animaux, comme des chèvres toy, composent la ferme  pédagogique d’Amandine.
Amandine Delaplace, candidate à l’élection Miss France agricole

Depuis deux ans, Amandine Delaplace est à la tête d’un élevage de chevaux et d’une ferme pédagogique, constituée d’animaux…

L’accès au pâturage est possible dès le 15 février et jusqu’en début d’hiver grâce à plus de 2 km de chemins aménagés.
Une conduite du troupeau inédite dans la Somme

Depuis 2017, Benjamin et Raphaël Delva ont converti l’élevage laitier familial d’Éplessier en bio. Année après année, ils…

Si les surfaces augmentaient de 5 à 10 %, l’UE pourrait redevenir excédentaire.
Malgré l’embellie du marché, la CGB appelle à maîtriser les surfaces

Alors que la récolte se poursuit, l’embellie sur le marché du sucre devrait permettre de rémunérer la betterave de la campagne…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde