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Agroforesterie
Quels avantages à élever des ruminants sous les arbres ?

La Chambre d’agriculture des Hauts-de-France a présenté, il y a quelques jours, les premiers résultats du suivi d’un réseau de parcelles agroforestières sur le bien-être animal et la production des bovins qui y pâturent. 

Si elle est synonyme de bénéfices, la réussite de la conduite d’une parcelle herbagère en agroforesterie tient à la densité  et la répartition des arbres.
Si elle est synonyme de bénéfices, la réussite de la conduite d’une parcelle herbagère en agroforesterie tient à la densité et la répartition des arbres.
© Pixabay

Pour la deuxième année consécutive – le projet s’étale sur une période de trois ans –, la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France s’est intéressée au cours de l’été sur le rôle des arbres dans le bien-être des animaux. Autrement dit, les animaux qui pâturent dans des parcelles plantées d’arbres se portent-ils mieux que lorsqu’ils sont parqués dans des parcelles nues ? La réponse est assurément «oui» ? Lors d’un webinaire présenté lundi 17 octobre, Arnaud Deltour, conseiller en agroforesterie, a présenté les premiers résultats de cette étude conduite à partir de cinq parcelles de quatre exploitations du Ternois, du Boulonnais et du Haut-Pays. Pour être éligibles, ces parcelles devaient être plantées d’arbres d’au moins quinze ans et accueillir un troupeau de vaches laitières ou allaitantes pendant la période estivale. Chacune d’entre elles a ensuite été équipée de capteurs répartis en différents endroits. Enfin, des mesures d’herbe y ont été effectuées. 

 

Moins chaud sous les arbres

À l’heure qu’il est, bien que toutes les données n’aient pas encore été analysées, il ressort que «l’arbre est un outil efficace pour le bien-être des animaux», assure Arnaud Deltour. Et d’ajouter que «si les parcelles conduites en agroforesterie sont plus fraîches quand il fait chaud, l’inverse est vrai aussi». Une manière d’expliquer encore que la présence d’arbres permet de réduire les amplitudes thermiques. Durant la période du 27 avril au 23 juin, les relevés de températures dans des prairies «nues» comparés à ceux effectués dans des prairies agroforestières ont ainsi montré un effet significatif de la présence d’arbres : la température moyenne s’établit en effet à 14,7° dans les parcelles arborées contre 16,4° dans les parcelles nues tandis que la température maximale atteinte est montée à 39,5° dans la première configuration contre 34,9° dans la seconde. Lors de la seule journée du 18 juin, l’écart de température relevé entre les deux parcelles s’est élevé à 3,6°. Quant à la température maximale enregistrée au cours de cette journée, elle était de 43,1° dans la parcelle nue et de 33,3° dans la parcelle arborée. Pour les animaux ayant été logés dans des parcelles agroforestières, c’est autant d’exposition en moins à un stress thermique, et donc une incidence moindre de la chaleur sur la production. 

 

Impact sur la pousse de l’herbe

Qu’en est-il de la pousse de l’herbe ? Pour le savoir, des estimations de rendement ont été réalisées. En 2021, la mesure de la pousse de l’herbe dans les parcelles considérées tend à montrer que la dynamique de pousse est plus forte entre les lignes d’arbres, qu’en dessous. Pour Arnaud Deltour, pas de doute, l’ombre fourni par les arbres pénalise la pousse de l’herbe. Mais ce constat demande encore à être confirmé puisqu’en 2022, où chacun a encore en tête les températures estivales, c’est une surprise : «On n’a constaté aucune différence entre les modalités…» 

Si elle est synonyme de bénéfices, la réussite de la conduite d’une parcelle herbagère en agroforesterie tient à la densité et la répartition des arbres. Pour ne pas pénaliser la pousse de l’herbe, et garantir un rôle d’ombrage, l’idéal est de choisir des essences présentant des feuillages «clairs». D’une manière générale, «il faut chercher un équilibre entre production de fourrage et rôle de protection climatique», explique Arnaud Deltour. En ce qui concerne l’herbe que l’on trouve sous les arbres, elle présente toutefois un défaut, celui d’être moins appétente. «C’est un fait, rapporte le technicien. Elle est en générale plus rêche et plus fertilisée parce que cela correspond aux espaces où les animaux vont se coucher.» 

 

Faire feu de tous bois

Outre les effets positifs sur les animaux de la présence d’arbres dans des espaces de pâturage, Arnaud Deltour rappelle qu’une valorisation des arbres peut aussi être envisagée «autrement». «Les agriculteurs ne l’ont pas forcément à l’esprit, mais les arbres peuvent aussi servir pour la production de bois de chauffage, de plaquettes ou de fruits. Il ne faut pas hésiter à faire feu de tous bois…» Un thème qui devrait faire l’objet prochainement d’un webinaire (9/12) et d’une visite de parcelle (13/12) dans l’Aisne.

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