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Quels sont les impacts de l’augmentation des matières premières sur les élevages ?

Chiffres à l’appui, Estelle Lépron et Anthony Chemin nous expliquent les incidences sur les élevages bovins et les premiers leviers pour les atténuer.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas ! L’année 2020 et l’année en cours sont de parfaits exemples. En 2020, nous avons dû complémenter les animaux à l’herbe en été, ils ont mangé du stock, ce qui s’est fait ressentir sur l’hiver. Sur le premier semestre, les matières premières connaissaient des prix bas qui faisaient du bien au moral et au portefeuille. Les prix des fertilisants étaient corrects et «patatras» voilà que tout s’inverse ! 

En production laitière, prenons l’exemple d’une exploitation de 140 ha avec 62 vaches laitières pour un volume de 534 000 l de lait vendus. L’impact de la hausse des aliments est de 5 900 € soit 11 €/1 000 l. Les premières tendances sur le prix du lait pour la campagne 2021 seraient de l’ordre de + 9 €/1 000 l, ce qui ne permet pas de couvrir la hausse du coût alimentaire (cf. tableau 1). 

En viande bovine, prenons l’exemple d’un éleveur naisseur-engraisseur de taurillons en charolais avec 65 vêlages d’hiver et une alimentation à base de maïs ensilage. On observe une hausse du coût alimentaire de 5 000 €, soit + 22 €/UGB, principalement dû aux achats d’aliments (cf. graphe 1).

À noter, dans les deux cas, que la hausse des engrais et des carburants n’est pas encore prise en compte car le coût des fourrages 2021 n’a pas ou peu été impacté. Ce qui est encore une source d’inquiétude pour la prochaine campagne.

 

Quels sont les leviers pour limiter cette hausse des coûts ?

Tout d’abord, les récoltes de fourrages 2021 sont bonnes et les premières tendances en ensilage de maïs sont plus que correctes, ce qui limitera le recours à l’achat de co-produits. Afin d’ajuster au mieux la ration des animaux en fonction des besoins, il est primordial d’analyser ses fourrages. 

De même, la pesée des seaux d’aliments pour être sûr des quantités apportées est aussi un bon moyen de limiter le gaspillage. Autre point important, vérifier la densité des aliments achetés régulièrement, dans l’idéal à chaque livraison, notamment pour les élevages équipés de DAC ou de robot.

Prenons un exemple en viande : 65 vaches allaitantes + 60 génisses et 30 taurillons (cf. tableau 2).

Ce qui fait 7,5 kg/ jour, soit pour 180 jours un besoin 1,350 t de distribué en trop à 420 €/t, c’est 560 €
qui aurait pu être économisés. Alors, on pèse et on adapte !

 

Conserver les animaux rentables

En élevage laitier, il ne faut conserver que les animaux rentables. Pour cela, on définit un niveau de performance économique. Si les charges opérationnelles sont de 150 €/1 000 l, cela signifie que chaque vache coûte 4,23 €/jour. Il faut donc minimum 12 l de lait à 350 €/1 000 l pour couvrir les charges opérationnelles. Toutes les vaches qui produisent moins doivent sortir du troupeau. Enfin, travailler sur la qualité du lait pour maximiser son prix de vente est primordial. 

En élevage viande, les animaux improductifs sont, eux aussi, à faire partir. Les vaches qui ne sont pas gestantes (échographies à réaliser à la rentrée), les vaches que l’on a décidé de réformer (à engraisser avec leurs veaux), les reproductrices qui se sont décalées ou avec un veau mort ou encore avec des problèmes au vêlage. En temps normal, elles ne payent déjà pas leur place et en prennent pour les autres mais, cette année, particulièrement, elles vont coûter cher. Mais voyons le verre à moitié plein !
Le prix de la viande a augmenté et va aider à lisser la hausse des prix des matières premières. Donc, si vous vendez les improductives, ce sera le moment…

Heureusement, les agriculteurs savent s’adapter à la météo de tous les jours et aux conjonctures fluctuantes. C’est là que l’expertise et l’expérience tirent tout son intérêt dans le métier d’agriculteur.

 

Et ce n’est pas fini…

Malheureusement, l’année 2022 s’annonce compliquée car en plus de la hausse des cours des aliments, viendra s’ajouter les hausses des prix de l’énergie et des fertilisants. Il faudra donc une bonne conjoncture laitière et de la viande pour couvrir cette hausse des coûts alimentaires. 

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