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Reconstruire son troupeau grâce à la génétique

À la SCEA de Guémy, Jean-François et Valérie Delzoide sont à la tête d’un troupeau de 40 Charolaises et d’une quinzaine de Gasconnes.

© D R

Pour Jean-François Delzoide, l’élevage est un loisir. Faire le tour de ses animaux est une façon de se ressourcer et réussir un vêlage est un réel plaisir. Jusqu’alors négociant en céréales et agrofourniture, il a repris l’exploitation familiale basée à Tournehem-sur-la-Hem (62) en 2004. Aujourd’hui associé au sein de la SCEA de Guémy avec son épouse Valérie, il mène les deux activités de front. Leur fils, Guillaume, est salarié à mi-temps.

Un troupeau à reconstruire
En 2004, Jean-François Delzoide reprend 23 vaches. Parallèlement, il achète un lot de laitonnes (broutardes), en 2005.
En 2009/2010, Jean-François et Valérie Delzoide choisissent d’investir davantage en génétique et achètent, chez un sélectionneur de l’Allier, un lot de génisses inscrites dont les veaux se sont avérés, malheureusement, IPI, c’est-à-dire porteurs du virus BVD (Diarrhée virale des bovins)*. «Comme nous n’avons pas tout de suite détecté la situation, il a fallu, en 2011, euthanasier tous les veaux et vendre en boucherie les vaches pleines», se souviennent les éleveurs. Il ne restait alors sur l’élevage qu’un lot de 10 vaches allaitantes et de 10 génisses. Ils ont donc décidé d’acheter 22 vaches allaitantes en Vendée et dans les Deux-Sèvres. Aujourd’hui, les 40 Charolaises bénéficient en bâtiment de 16 m2 par vache. «Plus on a d’espace, moins on rencontre de problèmes», prévient l’éleveur.

100 % du troupeau inséminé
Depuis 2006, 100 % du cheptel est inséminé, avec l’objectif de faire vêler un maximum de vaches allaitantes, la vache idéale donnant, selon lui, un veau par an. « Aujourd’hui, nous n’avons aucun regret d’avoir investi dans la génétique. On avance beaucoup plus vite avec l’IA. Mais il est important de savoir se remettre régulièrement en cause pour avancer », explique Jean-François Delzoide. Avant de recourir à l’IA, il fallait aider 80 % des vaches lors du vêlage. Aujourd’hui, 90 % des vaches vêlent sans aides (une seule césarienne a été réalisée pour cause de retournement de matrice). Le taux de mortalité est, cette année, de 0 %. À terme, la consécration pour l’éleveur serait de faire naître une mère à taureaux dans l’élevage.

Valoriser au mieux le parcellaire
En parallèle du troupeau de Charolaises, un élevage de Gasconnes vient d’être développé par Guillaume Delzoide. Cet autom­ne, l’exploitation comptera 17 génisses prêtes à inséminer. «Non seulement la race nous plaît, mais c’est aussi la possibilité de valoriser les parcelles en côte avec une race rustique», précise Jean-François Delzoide.
Car, si le corps de ferme datant de 1823 a l’avantage d’avoir beaucoup de cachet et le parcellaire d’être groupé, l’exploitation est constituée de terres séchantes (crayeuses à cailloux) difficiles à travailler, des surfaces bien valorisées par la Gasconne. Vu les conditions difficiles rencontrées dans les montagnes pyrénéennes, cette dernière a, en effet, hérité de membres solides reposant sur des onglons noirs résistants, d’une capacité à valoriser le fourrage grossier, mais également d’un fort potentiel de croissance, même en zone difficile.
Demain, après avoir aménagé les bâtiments pour pouvoir loger 65 vaches en aire paillée, Jean-François Delzoide envisage l’installation de son fils, Guillaume, et espère bien lui transmettre la passion de la génétique.
Pour l’heure, il ne s’inquiète pas quant à l’avenir de la production bovine. «Les passionnés d’élevage continueront à produire de la viande», conclut-il.

* Les veaux IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) proviennent de vaches séronégatives (primipares ou vaches en 2e veau démunies d’anticorps) qui sont contaminées par le virus BVD au cours de leur gestation (entre 35 et 125 jours de gestation). À leur naissance, ces IPI disséminent donc le virus dans tout l’élevage, car ils sont porteurs du virus mais ne développent aucun anticorps contre la maladie.


REPERES TECHNIQUES

  • SAU : 122 ha dont 45 ha de surfaces fourragères (pâtures, luzerne) et 77 ha de céréales, maïs grain, colza.
  • Fécondité (nombre de paillettes par femelle) : 1,6.
  • Productivité numérique : 1,05 (sur 37 vêlages, 39 sevrés).
  • Troupeau : 20/25 vaches de race Gasconne ; 40/45 vaches de race Charolaise.
  • MO : 1,5 UTH. 

PRECISION

Viser le vêlage deux ans

La période de vêlage du troupeau initial s’échelonnait de février à mai, à 32/34 mois. «Aujourd’hui, nous avons pour volonté de décaler les vêlages à l’automne. Les pâtures étant très séchantes, il nous faut sevrer avant la mise à l’herbe», commente Jean-François Delzoide.
Pour ce faire, la SCEA avait, jusqu’alors, recours au groupage de chaleurs. Elle est, en ce moment, en train de revenir à la valorisation des chaleurs naturelles.
Parallèlement, pour augmenter davantage ses effectifs, la SCEA de Guémy se prépare à généraliser le vêlage deux ans. Sevrées en avril, les génisses restent en bâtiment afin de préparer le vêlage deux ans.
«Je suis convaincu qu’il faut avancer l’âge au vêlage. Sur l’exploitation, nous sommes limités par le manque de place.
Le gain d’un lot de génisses va permettre d’augmenter le nombre de vêlages et donc la taille du troupeau», indique l’éleveur.
Si, cette année, 40 % des génisses vont vêler à deux ans, l’an prochain ce sera la totalité.
Cela permettra d’avoir 50 femelles à l’IA pour, au final, obtenir une quarantaine de vaches pleines.
Avec le vêlage deux ans, l’éleveur envisage, en outre, de pouvoir vendre le surplus de ses génisses.

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