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Robert Acoulon cultive l’art de l’hospitalité dans ses gîtes

Depuis janvier 2003, Robert Acoulon, alors polyculteur, s’est lancé dans les gîtes ruraux, chez lui, à Buigny-les-Gamaches.

© AAP

 

Il est des destins qui, sous le coup du sort, basculent et bousculent littéralement la vie des hommes. Son destin ? Robert Acoulon n’y pensait même pas. Et pour cause. Il était déjà tracé par ses parents. Seul garçon au sein d’une fratrie de cinq enfants, sa mission, définie dès le plus jeune âge par son père, serait de reprendre la ferme familiale de Buigny-les-Gamaches. La ferme, c’est son quotidien, à peine rentré de l’école. «C’était ma destinée. Aussi je ne me suis jamais posé la question de faire autre chose», raconte Robert Acoulon.
Quand la date de la retraite du père approche, au début des années 1970, le fiston s’installe, reprenant les 28 ha de l’exploitation sur lesquels sont cultivés du blé, de la betterave et de l’orge. Et, tout comme son père, il fait de la production laitière, sans avoir pour autant les terres nécessaires pour la développer. Qu’importe. Il faut vivre et réussir. «Avec d’autres copains, on faisait partie de ces jeunes battants, prêts à tout pour se développer, sans craindre de prendre de nouvelles voies pour y parvenir», se souvient-il. Ces jeunes forment un groupe pour les ensilages. Ils se débrouillent pour chercher des sous-produits et gardent leurs vaches à la fois dans l’étable et à l’extérieur, quelle que soit la saison.

C’est tous les jours les vacances pour moi
D’une dizaine de vaches, Robert passe à une soixantaine, et ce, toujours avec la même surface. Il atteint les 400 000 litres de lait. Certains, dans le village, le prennent un peu pour un fou, craignant que l’échec ne le guette. Robert avance et… réussit. Son credo ? Plus l’obstacle est important, plus il a la rage de vaincre.C’est aussi de sa responsabilité en tant que chef de famille. Chaque projet lui réussit. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’en 1989, où sa vie familiale éclate. Pour la première fois de sa vie, Robert perd sa motivation. Il n’avance plus, s’arrête même  quelques mois. Le blues le terrasse. Il finit par reprendre son travail à la ferme, mais le cœur n’y est plus. La maison est trop vide. Pour qui et pourquoi faire désormais ? Puis, comment rompre l’isolement dans lequel il s’enfonce ?

La renaissance du chant des oiseaux
L’idée lui vient dans un rêve. «Quoi de mieux que d’accueillir les gens chez soi pour pouvoir en rencontrer ? Remplir de nouveau cette maison devenue vide a été mon objectif. Il me fallait sortir de ce cadre dans lequel je vivais et qui était, pour moi, un véritable enfer», confie-t-il. Il se met en contact avec les gîtes de France. Sa motivation et les qualités de son corps de ferme font le reste. L’entrée dans le nouveau millénaire sera comme une renaissance pour lui. Ce n’est pas le chant des oiseaux, nom de la ferme, qui va animer les lieux, mais celui des visiteurs.
A peine la maison familiale reconvertie en gîte des hirondelles, il se lance dans la transformation en gîte de l’ancienne écurie où son père avait des chevaux. Les étables y passent aussi. Une maison achetée dans le village connaît le même sort. Robert mène tambour battant son exploitation agricole et la gestion de ses gîtes. Il fait aussi des chambres d’hôtes, puis une aire de stationnement pour les campings-cars, une salle où les hôtes peuvent faire des fêtes sans déranger les autres. «Je veux que les gens se sentent comme chez eux, pouvant faire ce qui leur chante. Ici, c’est un peu comme à la maison. D’ailleurs, en signe de bienvenue, je leur offre du cidre que je produis moi-même, dans la pure tradition familiale», commente-t-il.
C’est tellement comme à la maison que Robert, soutenu par sa compagne Fabienne, répond à la demande de certains de ses hôtes de pouvoir avoir le repas compris. Puisque tel est le désir de certains, Robert et Fabienne ajoutent une nouvelle arc à leur corde : table d’hôte. La formule séduit à tel point que les gîtes et les chambres d’hôtes affichent souvent complet, et ce, en dépit d’une capacité totale d’accueil de cinquante personnes sur l’ensemble du site, y compris celui qu’il a aussi ouvert à Mers-les-Bains.
L’attrait vient aussi du plaisir non dissimulé de Robert de raconter son métier. Avant qu’il ne cesse son activité, il faisait  visiter son exploitation et expliquait son travail. «Du temps que je travaillais encore à la ferme, les enfants m’accompagnaient souvent sur la moissonneuse et, le matin, à la traite des vaches. Quand il y a avait des velâges la nuit, adultes comme enfants étaient aux anges d’y assister. Moi, j’étais heureux. La maison était de nouveau pleine, il y avait de la lumière partout», dit Robert. Qu’importe donc les heures, l’homme se dévoue à cette nouvelle activité avec la même énergie que sur la ferme et la volonté d’aller toujours plus de l’avant.
L’heure de la retraite, en 2008, ne  calme pas plus ses envies. Comme du temps de la ferme, ses gîtes et chambres d’hôtes sont ouverts toute l’année. Ne serait-il pas temps de lever le pied ? «Le fait de recevoir des gens chez nous,qui cherchent à changer de vie le temps des vacances, pour moi, du coup, c’est tous les jours les vacances», s’enthousiasme-t-il. Des projets, il en a encore plein la tête.
Bâtisseur dans l’âme et ayant goût du partage, son seul regret est de ne pas avoir trouvé le fils ou la fille «spirituel(le)» qui prendra sa succession. «Je pense que c’est un beau projet. J’aimerais tellement qu’un jeune s’en empare pour aller encore plus loin que moi», rêve-t-il.

 

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