Chasse
Sébastien Lecornu, un Premier ministre en tenue de chasseur
Nommé à Matignon le 9 septembre, Sébastien Lecornu a été d’abord «Monsieur chasse» de la macronie. Pratiquant lui-même, il a par exemple conduit dès 2017 la réforme voulue par Emmanuel Macron. Soutenu par les fédérations de chasseurs, il est en revanche vivement critiqué par les associations de protection de la nature.
Nommé à Matignon le 9 septembre, Sébastien Lecornu a été d’abord «Monsieur chasse» de la macronie. Pratiquant lui-même, il a par exemple conduit dès 2017 la réforme voulue par Emmanuel Macron. Soutenu par les fédérations de chasseurs, il est en revanche vivement critiqué par les associations de protection de la nature.

La semaine dernière, à l’occasion de la nomination de Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre, nous vous révélions la sensibilité de l’homme politique aux sujets agricoles. D’autres recherches sur le profil de ce proche du Chef de l’État nous ont amené à découvrir que Sébastien Lecornu a déjà eu de multiples occasions de témoigner de son intérêt pour la chasse.
Chargé d’une réforme de la chasse
À l’automne 2017, alors qu’il est secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique, Emmanuel Macron le charge de piloter la réforme de la chasse. L’Élysée veut rapprocher les chasseurs du gouvernement, après des années de tensions. La tâche n’est pas simple, mais le 27 août 2018, Matignon officialise une baisse historique de prix du permis national de chasser, passant de 400 € à 200 € dès la saison 2019. Dans un communiqué, le gouvernement parle d’«une démocratisation de l’accès à la chasse et d’une meilleure mobilité des pratiquants». Cette mesure, voulue par la Fédération nationale des chasseurs est saluée par son président, Willy Schraen, qui évoque une «réforme historique».
La gestion du grand gibier et des dégâts agricoles
Dès 2018, Sébastien Lecornu prend en main la question des dégâts de gibier en participant à des réunions ministérielles sur le sujet. Le 5 septembre 2018, il annonce la mise en place d’un plan de réduction de ces dégâts, précisant que les chasseurs devront «assumer davantage leur responsabilité dans la régulation», comme on a pu le lire dans un dossier de presse du ministère de la Transition écologique. Cette orientation a le don de rassurer les syndicats agricoles et permet au gouvernement de se poser en arbitre entre agriculteurs et chasseurs.
Pour la défense des chasses traditionnelles
Autre dossier brûlant : les chasses traditionnelles (glu, filets, tenderies), suspendues par la justice européenne et régulièrement dénoncées par les ONG. En 2019, Lecornu plaide pour que «le Parlement s’en saisisse» et défend dans le journal Le Monde d’un jour de septembre 2019 qu’il existe un «patrimoine culturel» à préserver. Ce soutien aux pratiques controversées renforce son image de relais politique des chasseurs. Mais il alimente en retour la colère des écologistes - dont celle de la LPO -, qui dénoncent un «cadeau au lobby cynégétique».
Pour les fédérations des chasseurs, le successeur de François Bayrou à Matignon reste un interlocuteur privilégié. En janvier 2020, la FNC soulignait par exemple que «le dialogue renoué avec l’État grâce à Sébastien Lecornu a permis d’avancer sur des dossiers bloqués depuis des années». À titre personnel, Sébastien Lecornu pratique la chasse et revendique ce lien de proximité avec le monde rural. Plusieurs élus locaux de l’Eure, son département d’élection, le décrivent comme «à l’écoute» des réalités cynégétiques (Paris-Normandie.
Des critiques récurrentes des ONG animalistes
Les associations de protection de la nature voient au contraire dans son action une complaisance envers les chasseurs. L’ASPAS dénonce dès 2018 «une subvention déguisée offerte aux chasseurs avec l’argent public» à propos de la baisse du prix de la validation nationale du permis de chasser. La LPO parle de son côté d’«un désastre pour la biodiversité» au sujet des chasses traditionnelles, jugées contraires aux directives européennes que le désormais Premier ministre soutient. Ces critiques sont depuis reprises par plusieurs formations politiques, notamment EELV, qui accuse M. Lecornu d’avoir «institutionnalisé la chasse au cœur de l’État».
À Matignon, un héritage encombrant ?
En septembre 2025, sa nomination comme Premier ministre réactive immédiatement ces débats. Pour les chasseurs, il incarne la continuité d’un dialogue fructueux. Pour les ONG et les écologistes, il symbolise en revanche au contraire le poids du lobby cynégétique dans les choix de l’exécutif. La nomination prochaine des membres de son gouvernement permettra d’évaluer la place que Sébastien Lecornu compte donner à la chasse française.