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Semences : la révolution de l’agriculture est en marche

Le Gnis a organisé une rencontre filière sur les semences céréales et protéagineux le jeudi 7 avril. Ce qui s’est dit.

Tourteau de colza issu de l'agriculture biologique. L’innovation variétale permettrait de produire du blé plus protéiné, selon elle, en le combinant avec des tourteaux de colza, ce mélange pourrait se substituer au soja dans l’alimentation animale.
Tourteau de colza issu de l'agriculture biologique. L’innovation variétale permettrait de produire du blé plus protéiné, selon elle, en le combinant avec des tourteaux de colza, ce mélange pourrait se substituer au soja dans l’alimentation animale.
© Gabriel Omnès

 

Le «avant c’était mieux» est l’idéologie la plus mortifère de notre société», déclare Nicolas Bouzou, économiste et essayiste libéral invité à participer comme «grand témoin» à la conférence organisée par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) sur la filière céréales et protéagineux le jeudi 7 avril. D’après les différents intervenants venus partager leurs visions et expériences du secteur agricole, le temps est venu de regarder de l’avant et d’embrasser toutes formes d’innovations.
«La peur prédomine quand on parle d’innovation», regrette pour sa part Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA, qui souhaite un meilleur décryptage du génome pour permettre de «faire du cousu humain». L’innovation variétale permettrait de produire du blé plus protéiné, selon elle, en le combinant avec des tourteaux de colza, ce mélange pourrait se substituer au soja dans l’alimentation animale. Les inquiétudes de la société civile cristallisées par les biotechnologies et le flou de leurs méthodes et de leurs noms parfois barbares («Crispr-cas9» par exemple) se traduisent également au niveau législatif. «Sur les biotechnologies, il existe aujourd’hui un flou réglementaire et juridique», constate David Gouache, directeur scientifique adjoint chez Arvalis, l’Institut du végétal. Selon lui, plus la réglementation sera complexe vis-à-vis de ces innovations, plus elle favorisera les grosses entreprises au détriment des plus petites.
Du côté entreprise justement, peu importe la méthode, seul le résultat compte pour Raphaël Dumain, responsable mondial R&D chez Bayer CropScience. Dans cette cour­se au rendement, Isabelle Goldringer, directrice de recherche à l’Inra, insiste davantage sur l’importance de la marge pour l’agriculteur. «Ce n’est pas qu’une question de déplafonnement des rendements. Si on arrive à faire baisser via de meilleures pratiques culturales l’usage des pesticides et des engrais, la marge pour le producteur sera meilleure à rendement équivalent», affirme-t-elle.
Dans la table-ronde relative aux semences en agriculture biologique, si Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales chez FranceAgriMer, s’inquiète de la réapparition de la carie ou de l’ergot dans les champs français, Jérôme Fillon a tenu à rassurer sur les contrôles pratiqués dans la bio. «Côté semences, nous appliquons les mêmes normes que le conventionnel.» Christiane Lambert, qui se réjouit de la deman­de croissante en produits bio, n’en oublie pas le patriotisme alimentaire. «Il faut acheter des produits bio français plutôt qu’israéliens ou chiliens», car les cahiers des charges ne sont pas tout à fait les mêmes.

Mélanges de variété
«Une réunion se tiendra le 22 avril à la demande du bureau des semences concernant la transcription au niveau national relative aux mélanges d’espèces ou de variétés d’une même espèce», déclare Thierry Momont, président de la section Céréales et Protéagineux du Gnis. L’enjeu est fort selon lui car, jusqu’à présent, seules les variétés pures pouvaient être commercialisées. La demande pour les mélanges augmente considérablement répondant à des problèmes agronomiques et de tolérance aux maladies.
L’association de plusieurs variétés au sein d’une même parcelle favoriserait l’activité bactérienne des sols et améliorerait la captation d’azote. Utilisée davantage dans le bio que dans l’agriculture raisonnée, cette pratique semble promise à un avenir certain pour Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle et rapporteur du plan Ecophyto II. «Je crois beaucoup aux mélanges de variétés pour réduire l’utilisation des intrants», a-t-il ainsi affirmé.

Economie du partage
Plateforme de financement participatif avec Miimosa, plateforme de partage de machinisme agricole avec WeFarmUp, les nouvelles formes entrepreneuriales privilégient désormais le collectif. Le secteur agricole aussi, à l’instar d’autres secteurs de l’économie tels que les transports ou les médias, se montre avant-gardiste.
Ces nouvelles organisations nées de ces structures, recréent un lien social version XXIe siècle et valorisent les métiers de l’agriculture en «rapprochant consommateurs et acteurs de l’alimentation», souligne Florian Breton, président-fondateur de Miimosa. «On peut imaginer demain que des agriculteurs français, allemands et hollandais se connectent pour mutualiser des moyens ou monter des projets», se projette Laurent Bernede, co-fondateur et président de WeFarmUp. La révolution agricole est en marche.

 

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