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Séparation vente/conseil des phytos : point de vue de Coop de France

Revue en détail des incidences de l'ordonnance mettant en place la séparation des activités de conseil et de vente en matière de produits phytosanitaires, avec Dominique Chargé, président de Coop de France.

Dominique Chargé : «ll nous faudrait une année supplémentaire pour mettre en oeuvre cette ordonnance, soit au 1er janvier 2022.»
Dominique Chargé : «ll nous faudrait une année supplémentaire pour mettre en oeuvre cette ordonnance, soit au 1er janvier 2022.»
© D. R.

Vous dites que les conditions de séparation des activités de vente et de conseil des phytos sont inadaptées aux réalités du terrain. Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Toutes les coopératives sont entrées dans une logique d'accompagnement des transitions, dont la transition agro-écologique, qui consiste à limiter l'utilisation des produits phytosanitaires. Pour ce faire, nous accompagnons nos associés-coopérateurs au travers du conseil et des outils d'aide à la décision (OAD). L'usage des produits phytosanitaires n'est que la phase ultime lorsqu'il n'y a pas de solution alternative.
Ainsi, au travers de ce conseil et des OAD, comme des stratégies mises en place dans les exploitations que nous accompagnons, un lien très fort existe entre la coopérative et ses adhérents. Or, en découplant la vente et le conseil des produits phytos, nous n'aurons plus la même approche que celle que nous avons jusqu'ici avec nos adhérents.
Par ailleurs, nous devons répondre à un certain nombre de cahiers des charges pour nos clients. En assurant la vente et le conseil des produits, nous pouvons garantir la traçabilité des produits et des pratiques au travers des conseils prodigués pour ces dernières. En découplant la vente du conseil, il n'y aura plus de traçabilité exhaustive des produits et des pratiques. Ce qui va aussi fragiliser tout le travail de filière sur le plan économique.
Enfin, depuis le départ, nous avions dit que ce n'était pas une bonne solution de séparer l'activité de conseil et de vente en matière de produits phytosanitaires. On aurait préféré que soient renforcées des logiques de contrôle sur ces produits, par exemple. Je suis persuadé que le choix fait ne renforcera pas le choix de la réduction des phytos, car le découplage risque de limiter ou de ne pas produire les objectifs contenus dans l'ordonnance elle-même.

Vous dénoncez, par ailleurs, un délai trop court pour la mise en oeuvre de cette séparation. Pourquoi ? De combien de temps auriez-vous besoin ?
Nous dénonçons, en effet, un délai très court, car nous n'avons, à l'heure actuelle, que les objectifs et pas les moyens fixés par l'ordonnance. Les décrets et la mise en oeuvre de l'ordonnance seront prêts d'ici la fin de l'année. Les moyens de la mise en oeuvre ne seront connus qu'à ce moment-là. Ensuite, comme la décision à prendre au sein des coopératives engage l'ensemble des adhérents et qu'il faudra refonder après le modèle économique de la structure, il sera nécessaire d'engager des discussions multiples. A cela s'ajoutent les conséquences juridiques et sociales à gérer par ces transformations. De ce fait, il nous faudrait une année supplémentaire pour mettre en oeuvre cette ordonnance, soit au 1er janvier 2022.

Quel impact pour les coopératives ?
Jusqu'ici, les activités de conseil et de vente étaient confondues. Demain, il faudra faire un choix entre les deux, ce qui impliquera une modification dans la mission de nos techniciens, comme un impact sur leur nombre et les compétences recherchées. Comme, par ailleurs, il y aura une modification de l'activité économique des coopératives, cela aura aussi un impact sur leur modèle économique. Autrement dit, il va falloir retrouver des bases stables pour redéfinir nos modèles économiques.

Quel impact pour les agriculteurs ?
Il est actuellement difficile à mesurer à ce stade, mais il sera important à la fois dans la relation avec les techniciens des coopératives et dans la façon de conduire leurs itinéraires techniques de production. Cette séparation aura aussi un impact économique sur les exploitations, car il faut s'attendre à une augmentation des charges.

Quelles sont les pistes de développement économique qui pourraient se dégager ?
Nous sommes tous en cours de réflexion, mais le sujet n'est pas du tout abouti, et ce, d'autant que les décrets ne sortiront qu'à la fin de l'année et fixeront alors les règles précisément. Nous avons donc besoin d'avoir des éclaircissements sur les modalités d'application pour avancer. Seule certitude, chaque coopérative remodélisera son organisation en fonction de ses choix et de sa stratégie.

Selon ce que vous pouvez observer au sein de Coop de France, une tendance se dégage-t-elle au sein des coopératives pour la vente ou le conseil des phytos ?
Chaque coopérative est maîtresse de sa décision. Il n'en demeure pas moins que la valeur ajoutée apportée dans une exploitation, c'est le conseil. Et l'approche globale que peut apporter une coopérative à ses adhérents, c'est bel et bien au travers du conseil. Le sentiment que j'ai, c'est que la tendance qui semble se dessiner au sein des coopératives est plutôt orientée vers le conseil. Et pour cause : toutes les coopératives sont largement engagées dans le conseil. Une fois cela dit, il faudra trouver des solutions pour que l'approvisionnement en produits (bio-contrôle ou phytos) se passe dans de bonnes conditions, avec l'efficacité et la transparence requises.
Au final, tout cela donne un très mauvais signal pour l'emploi sur les territoires et la vie économique des milieux ruraux.

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