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Série «les indispensables» : Corne, les constructeurs de remorque

Ils ne sont pas agriculteurs, mais sont pourtant indispensables aux exploitations. Voilà quatre-vingt-quatre ans que les bennes Corne font partie du paysage agricole.

Marie-France Corne est désormais gérante de l’entreprise familiale. Dix personnes y travaillent, pour la construction, la réparation et l’entretien des bennes, épandeurs à fumier et plateaux.
Marie-France Corne est désormais gérante de l’entreprise familiale. Dix personnes y travaillent, pour la construction, la réparation et l’entretien des bennes, épandeurs à fumier et plateaux.
© A. P.

De belles et imposantes bennes rouges, nommées La Picarde, marquées du nom de leur fabricant : Corne. Impossible de traverser la région sans croiser quelques-uns de ces modèles, nés à Agenvillers, rue Henri Corne, créateur de l’entreprise.
Tout commence en 1934, quand Henri Corne s’installe dans le village. Il conjugue alors son métier de maréchal-ferrant avec celui de charron, soit fabriquant de charriots et de charrettes. A l’époque, les besoins en matériels agricoles sont exponentiels. Henri Corne se met alors à fabriquer des bennes. En 1965 est créée la SNC (Société en nom collectif) Corne et Fils, qui deviendra, en 1972, la SA (Société anonyme) Corne, créée par le fils, qui porte le même prénom. Marie-France, son épouse, a repris la gérance de l’entreprise après le décès de celui-ci en 1989.
«L’entreprise a connu des évolutions, témoigne-t-elle. Les bennes, tout d’abord, ne sont plus du tout les mêmes.» Le tonnage a augmenté proportionnellement à la taille des exploitations. La plus grosse benne, aujourd’hui, est montée sur trois essieux et son PTAC est affiché à 32 t, le maximum autorisé. A cela s’ajoute toute une panoplie d’options : freinage pneumatique permettant de pouvoir rouler à 40 km/h, essieu directeur autopiloté, commande de descente sur compresseur, vérins anti-cabrage…. «Une remorque, c’est comme une voiture, on peut la personnaliser en fonction de ses besoins», assure Marie-France Corne.
La mode est également aux nouvelles tôleries HLE (haute limite d’élasticité), qui permettent de construire du matériel plus léger, que l’agriculteur pourra ainsi charger davantage avant d’atteindre la limite autorisé du poids du chargement. «Mais nous construisons toujours les bennes en tôle classique, car notre réputation est la solidité.» Les pièces arrivent en fait détachées dans l’atelier de 2 000 m2, et subissent alors plusieurs étapes avant de constituer une benne. Dégraissage des tôles, assemblage, laquage… Huit soudeurs-assembleurs sont en charge de ces travaux. Deux personnes travaillent aussi au bureau, pour la vente et les tâches administratives. «Dans les années 1980, jusqu’à trente personnes travaillaient ici», se souvient la gérante.
Il faut dire qu’entre-temps le milieu agricole a connu la crise. Particulièrement l’élevage, principale clientèle. Oubliées, les expéditions de bennes par trains entiers, dont une partie était même exportée à l’étranger. Deux cent cinquante étaient vendues chaque année il y a quarante ans. Aujourd’hui, il s’en écoule une trentaine, principalement dans les départements de l’ex-Picardie, le reste dans les territoires limitrophes. «Rien qu’à Agenvillers, il devait y avoir une quinzaine de fermes. Elles ne sont plus que cinq désormais.»

Avant la moisson, la construction !
L’avant-moisson reste cependant la plus grosse période d’activité. «Les agriculteurs veulent leur nouveau matériel pour mai ou juin, avant de démarrer les travaux des champs.» Comptez trois à quatre mois de délai de construction, le temps de recevoir et de monter les équipements spéciaux.
A la chute du nombre d’exploitations s’ajoute la concurrence qui, elle, ne décroît pas. Et la différence se fait surtout dans l’offre de reprise de la vieille benne. «C’est parfois beaucoup de frais avant de pouvoir revendre, et le marché de l’occasion est assez bouché. Autrefois, les pays de l’Est étaient friands des petites remorques moins chères. Mais leurs exploitations sont de plus en plus grosses. Ils veulent du matériel similaire au nôtre.» Les quelques vieux modèles stockés sur le parking depuis un moment sont la preuve qu’ils n’attirent pas les foules.
Alors, pour rester dans le coup, l’entreprise a diversifié sa gamme. Une petite partie (5 %) de ses bennes est à destination des travaux publics, secteur en pleine expansion. Elle propose aussi des épandeurs, surbaissés à hérissons verticaux, deux ou trois essieux, ainsi que des plateaux. Le «petit» dernier est le semi-porté CSP25, d’une longueur de 12 m, d’un PTAC de 32 t, «très adapté pour transporter les pommes de terre». On n’arrête pas l’innovation. Henri Corne, père, était déjà un visionnaire. «Il disait qu’un jour, on épandrait par hélicoptère. Qui sait ?»

L’œil de l’agriculteur

Vincent Delignières, éleveur laitier à Mons-Boubert, a acheté sa première benne La Picarde à l’entreprise Henri Corne en 2002. Et il a tout de suite été séduit par la robustesse de l’engin. «Je l’ai toujours, et elle ne fait pas son âge, s’amuse-t-il. J’ai pourtant usé un train de pneus. C’est dire si je l’ai utilisée !»
Il en a désormais deux, de 18 et de 16 t, qu’il utilise pour le transport de fumier, des betteraves, du maïs et des céréales pendant la moisson.

Deux épandeurs pour la Cuma
Aussi président de la Cuma du Moulin de Boubert, il s’est orienté vers cette même société pour l’achat des épandeurs à fumier : un 12 t de deux ans et, récemment, le 10 t vient d’être remplacé par un deuxième épandeur de 12 t. Un joli bijou à 35 000 € environ. «C’est surtout la proximité qui a fait la différence. En cas de problème sur la machine, Corne n’est pas loin. Ils trouvent toujours une solution pour nous aider !» Entre la reprise de l’ancien épandeur revendu et la réception du nouveau, par exemple, Corne a mis à disposition un épandeur de prêt, pour que les agriculteurs puissent poursuivre leur activité normalement.
Un avantage pour les vingt-cinq adhérents de la Cuma, gérée comme une entreprise. «Le planning est plein pour quinze jours. Alors, on n’a pas le droit d’être en panne.»

Renouvelé tous les cinq ans
Avec douze mille voyages par an, les épandeurs ne sont pas économisés. La règle à la Cuma, pour les préserver, est de les nettoyer après chaque utilsation. «Certains ont marmonné au début mais, finalement, tout le monde s’y retrouve. C’est tout de même agréable d’avoir du matériel comme neuf à chaque fois.»
Ils sont ensuite remplacés tous les cinq ans, «car on estime qu’au-delà, on va finir par avoir des frais de réparation onéreux». Le prochain épandeur sera un Corne, sans hésitation. «Quand on est satisfait avec ce qu’on a, faire marcher la concurrence ne sert à rien.»

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