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Sommet de l’élevage : ouverture sur fond de crise

Malgré l’absence de bovins à cause de l’épizootie de FCO, le Sommet de l’élevage s’est ouvert le 7 octobre. La plupart des exposants étaient présents et les visiteurs au rendez-vous.

Un Sommet de l’élevage, pas tout à fait comme les autres, puisque les bovins y sont absents.
Un Sommet de l’élevage, pas tout à fait comme les autres, puisque les bovins y sont absents.
© Sophie Giraud-Chatenet/PAMAC

C’est en présence du maire, Olivier Bianchi, qu’a été ouverte l’édition 2015 du Sommet de l’élevage, à l’Hôtel de ville de Clermont Ferrand, le 6 octobre. Signe de l’intérêt nouveau de la municipalité pour cette manifestation, qui a acquis une dimension internationale. Un Sommet de l’élevage, pas tout à fait comme les autres, puisque les bovins y étaient absents. Ils étaient consignés dans les élevages à cause de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO), qui s’est déclarée quelques semaines plus tôt dans l’Allier, et qui s’est étendue, depuis, dans plusieurs départements du Massif central.
«Les pouvoirs publics appliquent le principe de précaution extrêmement rigoureux. On peut se poser la question si c’est absolument nécessaire et s’il ne faudrait pas envisager des assouplissements», estimait Jacques Chazalet, le président du Sommet de l’élevage, dans la mesure où cette maladie n’a aucune conséquence sur la santé humaine. Le président se félicitait néanmoins que, malgré «l’absence de cette vitrine des animaux d’excellence», les exposants n’avaient pas boycotté le Salon. «Les exposants sont venus, à défaut de voir les animaux, ils ont présenté des documents et des vidéos sur leurs élevages.»
Surtout, si les bovins n’ont pas été présents, ce sont les visiteurs qui se sont déplacés dans les fermes. «Nous avons doublé le nombre de visites dans les élevages» indiquait-il. Notamment pour les délégations étrangères qui n’ont pas non plus annulé leur déplacement. Roger Blanc, l’ancien président, aujourd’hui responsable du secteur international du Salon, l’assurait. «Nous avons 28 % de visiteurs internationaux en plus.»
Des Italiens, des Espagnols, des Turcs, avec lesquels la France entretient des courants d’échange depuis longtemps. «Mais aussi des Japonais, des Américains, des Asiatiques, des Africains.» «Tous les pays intéressés par la génétique bovine sont venus au Sommet de l’élevage», précisait-il. La Roumanie, qui est le pays à l’honneur cette année, était venue en force. Son secrétaire d’Etat à l’élevage, Daniel Dimitru Botanoiu, enfonçait le clou : «On a besoin de génétique pour soutenir nos programmes de développement de l’élevage et de votre savoir-faire pour améliorer notre organisation et nos politiques publiques.»

Fortes attentes
Il n’en reste pas moins que, dans cette conjoncture difficile, exposants et visiteurs attendaient avec impatience des annonces du ministre de l’Agriculture, attendu le mercredi 7 octobre après-midi, en matière de gestion de la FCO et d’indemnisation des éleveurs. «A l’heure actuelle, la quasi-intégralité des mouvements et exportations est bloquée en France. Dans cette zone-là doit sortir plus d’un demi-million d’animaux expédiés chez les engraisseurs français, mais aussi espagnols, italiens ou turcs», observait Patrick Bénézit, le président de la Frsea Massif Central. Il réclamait notamment la mise en place de protocoles allégés permettant l’exportation dans ces pays dans un délai de dix jours après le rappel de vaccination, contre soixante jours actuellement.
Xavier Beulin a également durci le ton. Il plaide pour des aides aux éleveurs qui ne peuvent vendre leurs broutards en raison des mesures de confinement des animaux. «Face à cette crise sanitaire, il faut faire en sorte de trouver les moyens pour apporter un complément à ces éleveurs de vaches allaitantes», martelait-il quelques jours avant l’ouverture du Sommet. Il estimait à 2,50 € /jour/animal le coût supplémentaire du maintien dans les élevages.
Il estimait, par ailleurs, que le dossier FCO devrait remonter au niveau européen. «Ce serait étonnant que la FCO s’arrête aux frontières du Rhin, des Alpes ou des Pyrénées. Si l’Europe était reconnue avec la FCO sur son territoire, cela exclurait déjà toutes les contraintes de circulation des animaux au sein de l’Union européenne, et on se serait déjà enlevé une belle épine du pied», concluait-il.

Broutards et jeunes bovins, les cours devraient se tenir

«Les importateurs italiens sont plutôt angoissés. Ils sont sur les starting-blocks», estime Philippe Chotteau, directeur du service Économie de l’Institut de l’élevage. Effectivement, comme la fièvre catarrhale ovine (FCO) bloque les broutards français dans les élevages des zones réglementées, ils n’ont pas pu s’approvisionner comme ils le souhaitaient. La marchandise manque. De plus, les animaux seront plus lourds à l’achat, ne correspondant pas à la demande habituelle. Peu importe, répond Emmanuel Bernard, président de la commission commerce extérieur d’Interbev, «les Italiens achèteront quand même», quitte à jouer sur les prix. Il est convaincu que «les flux vont reprendre», après le respect des délais réglementaires pour la vaccination et que cette dernière va justement «permettre de réguler l’offre».
Pour le broutard donc, le marché semble plutôt s’organiser positivement, même si la situation reste difficile pour les éleveurs. Du côté des vaches, les nouvelles sont moins bonnes. «Des vaches à l’automne, on risque de ne pas en manquer du côté laitier», dit Philippe Chotteau. Avec la baisse drastique du prix du lait et les difficultés des éleveurs, ces derniers décapitalisent à tout va et les vaches laitières de réformes affluent, notamment d’Allemagne, «perturbant le marché de la viande», selon lui.
En France, le problème est comparable et, comme l’Allemagne exporte massivement ses vaches laitières vers la France, le marché français va se retrouver très vite encombré avec, en conséquence, une baisse des cours. Côté jeunes bovins (JB), le prix en Italie progresse en lien avec le déficit de broutards. Le prix français devrait suivre, car «l’Italie est un marché directeur. Aussi sur le marché du JB pour les semaines et les mois à venir, il n’y a pas vraiment de raison d’être inquiet», analyse Philippe Chotteau.

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