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Installation-transmission
Son souhait de conserver l’âme de sa ferme est exaucé

Voilà un peu plus d’un an qu’Olivier Forestier et Manuela Cadix ont repris l’exploitation de polyculture-élevage d’Étienne Thouret, à Belleuse. L'agriculteur tenait à céder sa ferme à quelqu’un qui continuerait de la faire vivre, et c’est chose faite. Ils témoignent de leur transmission-installation réussie.

Manuela Cadix et Olivier Forestier (à dr.) ont créé leur Chèvrerie des Farfadets à Belleuse, en reprenant l’exploitation  de polyculture-élevage de bovins allaitants d’Étienne Thouret (à g.). Un projet qu’il a su accepter pour voir sa ferme perdurer.
Manuela Cadix et Olivier Forestier (à dr.) ont créé leur Chèvrerie des Farfadets à Belleuse, en reprenant l’exploitation de polyculture-élevage de bovins allaitants d’Étienne Thouret (à g.). Un projet qu’il a su accepter pour voir sa ferme perdurer.
© A. P.

Les villages de nos campagnes sont bien vides, lorsque les enfants sont à l’école et les adultes au travail. «Il ne reste presque plus que les agriculteurs. Alors faire perdurer ma ferme était la condition pour que je parte à la retraite sereinement», confie Étienne Thouret. Le jeune retraité et ses repreneurs, Olivier Forestier et Manuela Cadix, témoignaient de leur projet réussi lors d’une journée des partenaires du PAIT (Point accueil installation-transmission), ce 14 février, à Belleuse. Étienne a tout mis en œuvre pour que la transmission lui corresponde au mieux. «Ça a été long. Comme je ne connaissais pas de repreneurs potentiels, j’ai commencé à penser à cette cession à cinquante-cinq ans, pour qu’elle soit effective dix ans plus tard.» 

Des terres à reprendre attirent forcément les convoitises. «La mienne comprend 102 ha, majoritairement des terres de bief et de craie, et des bâtiments d’élevage, dans lesquels j’élevais une trentaine de vaches allaitantes.» Mais l’agrandissement n’était pas son premier choix. «Si j’avais voulu faire fortune, je serais allé au plus offrant. J’ai d’ailleurs refusé 1 M€.» Accepter une telle offre signifiait de faire une croix sur son souhait de perpétuité de la ferme. Cela représente aussi un risque. «Des acheteurs qui mettent beaucoup d’argent sur la table et qui engagent une procédure judiciaire derrière, pour dénoncer une surévaluation des biens, ça existe», alerte-t-il. Il fallait trouver le juste prix, qui lui permette d’assurer sa retraite, et qui offre un investissement en cohérence avec le seuil de rentabilité de l’activité du repreneur. Lui a choisi de faire appel à un expert pour cela. 

Durant toute cette période de recherche de successeurs, Étienne a continué à prendre soin de sa ferme. Les travaux d’entretien du matériel et des bâtiments ont été faits. «Un outil en mauvais état peut faire fuir des repreneurs», acquiesce Julie Potier, conseillère installation-transmission à la Chambre d’agriculture de la Somme. «Ce sont des choses simples, comme accrocher une gouttière qui s’est détachée pour préserver les murs», note Étienne. Lui a même procédé à une remise aux normes totale de l’installation électrique à deux ans de la retraite. «C’était une question de sécurité, même pour moi.»

La rencontre avec le couple de repreneurs, elle, s’est faite grâce à la Chambre d’agriculture de la Somme. «J’avais rencontré plusieurs candidats, qui ont parfois lâché l’affaire car la réalité ne correspondait pas à l’idéal qu’ils s’en étaient fait.» Le projet d’Olivier et Manuela, pouvait paraître dans la même veine. «Nous étions tous les deux fonctionnaires, au Département. Un jour, en vacances, nous avons visité une fromagerie et j’ai dit à Olivier que c’était ce que je voulais faire», raconte Manuela. Olivier, fils d’agriculteurs, aspirait justement à un retour aux sources. «On a écumé toute la Somme, rencontré des dizaines de maires… Lorsque la chambre d’agriculture nous a parlé de la ferme d’Étienne, on a eu du mal à croire que ça pourrait être possible. Et pourtant !»

Prendre le temps

Deux ans et demi ont été nécessaires entre la rencontre et la reprise effective. «C’est le temps qu’il faut pour que ça mûrisse dans la tête de chacun, pour apprendre à se connaître, et pour  effectuer toutes les démarches administratives», s’accordent-ils. La prise en compte des aspects humains est alors primordiale. «De la part du cédant, ça implique une certaine humilité. Olivier et Manuela avaient leur projet de chèvrerie avec transformation à la ferme et vente directe. Je l’ai accepté.» Étienne a pris le temps d’entourer le couple dans son installation. «Olivier a été mon salarié à la moisson 2021. Il était important qu’il découvre le parcellaire, les noms des chemins, les voisins…» Aujourd’hui, c’est Étienne qui est salarié (deux heures par semaine). Il ne touche pas aux «biquettes» qu’il n’affectionne pas particulièrement, mais aide en plaine. «Ses conseils sont précieux», assurent Olivier et Manuela. Étienne prévient : «les vieux aident mais ne décident pas, sinon c’est la bagarre. Ce n’est plus moi le patron ! Ce n’est pas évident à accepter, mais quand on y arrive, tout va pour le mieux».

Contact PAIT dans la Somme : Julie Potier, 06 84 95 28 89 ; 03 22 33 69 28 ; j.potier@somme.chambagri.fr

 

«On ne connaît plus les vacances»

Olivier Forestier et Manuela Cadix sont de nouveaux agriculteurs heureux, bien que très occupés. «Avant de s’installer, on avait conscience du changement de vie. On savait qu’on ne compterait plus nos heures, et qu’on ne connaîtrait plus les vacances. C’est le prix pour réaliser ce projet qui nous anime», sourit Manuela. Les enfants du couple (issus d’unions antérieures) ont accepté ce mode de vie. «Ils partent en vacances de l’autre côté des familles respectives. Ici, ils ont une vie différente, entourée d’animaux, et ils le prennent comme une chance.»
Les éleveurs sont désormais à la tête d’un troupeau de 45 Alpines, qui montera à une soixantaine de laitières grâce aux naissances de l’année dernière. Elles produisent en moyenne 100 l de lait par jour, transformés en fromages, puis commercialisés en circuits courts (marchés locaux, restauration collectives et revendeurs). Une partie de l’alimentation provient de la ferme : foin de prairie, de luzerne et maïs grain. Les deux mois de tarissement qu’ils entament doivent leur permettre de consacrer du temps… à la ferme, toujours. «Nous avons un budget limité, donc nous avons recours à l’auto-construction pour aménager l’élevage.» Parmi les projets, celui du pâturage tournant à la belle saison nécessitera un gros travail de clôtures. Pour cela, Étienne Thouret, leur cédant, apporte parfois son aide. Ses repreneurs le lui rendent bien : leur fromage le plus haut de gamme a été appelé l’Étienne en son honneur. 

Les cinq clés pour réussir sa transmission 

Le PAIT a défini cinq clés de réussite de la transmission. Étienne Thouret les a toutes respectées : 
- Une prise en compte des aspects humains 
- Un transfert de savoir-faire, et l’insertion du porteur de projet
- Un accompagnement efficient et ciblé
- Un prix juste, un financement adapté et une équité
- Un maintien de l’exploitation dans un bon état de transmissibilité
Et surtout… L’anticipation de la transmission 
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