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Stéphanie Spitaels : «Des porcs sur paille, une évidence»

Stéphanie Spitaels, qui a toujours baigné dans le milieu agricole, s’est installée en tant qu’éleveuse porcin bio, sur paille, à Meigneux (80). Cet élevage alternatif répond à la demande sociétale et à ses valeurs. 

Stéphanie Spitaels est éleveuse dans l’âme. Son choix s’est porté sur le cochon car il s’agit d’un animal proche de l’homme.
Stéphanie Spitaels est éleveuse dans l’âme. Son choix s’est porté sur le cochon car il s’agit d’un animal proche de l’homme.
© Alix Penichou

Il vivent en groupe, dans de larges aires paillées, fouillent, mangent des aliments solides… Une vraie vie de cochon. Depuis avril 2020, les premiers porcs de Stéphanie Spitaels ont élus domicile dans un bâtiment flambant neuf, à Meigneux, au sud ouest de la Somme. «Je suis fille d’éleveurs et femme d’éleveur. J’ai connu les porcs car mon mari, Hugues, en élevait autrefois, et j’ai accroché car c’est un animal très proche de l’homme.» 

À quarante ans, la mère de famille a donc mis de côté sa calculatrice de comptable au Cerfrance pour revêtir la casquette d’éleveuse, bien qu’elle garde encore cette première activité à temps partiel pour l’instant. «J’aime mon travail au Cerfrance, car je suis toujours en contact avec les agriculteurs. Mais je suis une anxieuse et je préfère endosser une responsabilité pour mon  compte.» Être à la tête de sa propre exploitation est aussi une sacrée fierté.  

Le mode d’élevage était une évidence. «Créer un élevage industriel de toute pièce est un investissement impensable. L’élevage porcin sur paille, bio de surcroît, répond à une demande sociale et il correspond à ma vision des choses.» Un empreint sur dix ans a néanmoins été nécessaire pour la construction du bâtiment d’élevage (post-sevrage, engraissement et gestantes), ouvert sur trois faces et à 90 % couvert, et de la mise aux normes de l’ancienne maternité. 

 

Une activité technique 

Les porcs sont des croisés de Piétrain, reconnus pour leur rusticité, et de Landrace, dont les truies sont réputées pour leurs qualités maternelles. 32 truies, réparties en quatre bandes, font deux portées par an de 8 à 9 porcelets en moyenne, soit 500 mises bas par an. L’activité est chronophage, d’autant que Stéphanie assiste le plus possible aux mises bas, surtout des cochettes, pour limier les pertes. «Huit truies mettent bas toutes les six semaines. L’avantage pour l’organisation est qu’elles sont réglées comme des horloges :
trois mois, trois semaines et trois jours de gestation
», précise-t-elle. Certaines étapes techniques sont à ne pas louper, notamment le déclenchement des chaleurs des truies. «Elles apparaissent quatre à cinq jours après le sevrage, grâce à un stress. On leur fait faire un tour en bétaillère, on leur donne une douche et elles sont placées 15 à 16 h à la lumière pour cela.»

Les porcs charcutiers, eux, sont abattus entre six et sept mois. Le cahier des charges bio impose des contraintes : «le sevrage est effectué à quarante-deux jours minimum, l’engraissement, à base d’aliments bio (mélange de triticale, blé, orge, pois), nécessite environ quinze jours de plus qu’en conventionnel, les porcs en engraissement doivent disposer d’au moins 1,3 m2 à l’intérieur et 1 m2 à l’extérieur, et les truies en maternité de courettes individuelles…», liste Stéphanie Spitaels. Des  contraintes compensées par la valorisation de la viande bio. Toute la production de l’éleveuse samarienne est commercialisée via le groupement d’éleveurs Bio Direct, dont le siège est à La Gravelle (53), à destination des magasins Biocoop. 

Bien que la filière soit en plein essor, des incertitudes planent. Stéphanie Spitaels va, par exemple, devoir appréhender l’interdiction de la castration à vif des porcelets. De nouvelles mises aux normes sont régulièrement imposées. «Le débouché pour les truies de réforme est aussi un gros problème. Pour l’instant, elles nous restent sur les bras, et sont coûteuses.» L’éleveuse voit cependant de l’avant et imagine déjà des pistes d’évolution de son activité à long terme. «Par exemple, nous achetons entièrement l’aliment. Des investissements nous permettraient d’utiliser une partie de la production de l’exploitation de mon mari.»

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