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Élevage laitier
Tarissement et début de lactation sont à préparer comme un marathon

À quelques jours du début des JO de Paris, on peut dire que la préparation d’une vache à une lactation est semblable à celle d’un sportif à un marathon. Dans les deux cas, une mise en condition en amont de six semaines, dont trois plus intensives, est indispensable. Le jour du départ, les cartes seront jouées…

De nombreux indicateurs d’alerte existent pour voir très rapidement si les animaux en «course» ont pris un bon départ.
De nombreux indicateurs d’alerte existent pour voir très rapidement si les animaux en «course» ont pris un bon départ.
© D. R.

Toutes les qualités nécessaires pour atteindre l’objectif se mettent en place pendant la période de tarissement, et même avant. Il s’agit de viser la lactation idéale pour les vaches, c’est-à-dire intense, courte avec une reproduction dès 80 jours après le vêlage.

 

Les principales aptitudes pour être médaillée

Pour atteindre l’objectif, les vaches taries doivent présenter certaines prédispositions dès le jour du vêlage :

• Une calcémie haute, mais surtout une capacité à mobiliser le calcium osseux ! Pour cela, il ne faut pas négliger le minéral «VL Tarie» et limiter les aliments riches en calcium et en potasse pour obtenir une ration avec une balance anions-cations (BACA) négative.

• Une capacité d’ingestion maximale. Le volume de la panse s’adapte à la ration ingérée. Si la ration est peu volumineuse pendant le tarissement, la fraîche vêlée mangera peu dans un premier temps. Ainsi, il faut viser au moins 14 kg de MS ingérée au tarissement ; un essai à la ferme des Trinottières (49) a montré que 18 kg était une moyenne atteignable.

• Une flore microbienne dense et adaptée. Il faut trois semaines minimum pour qu’une flore s’adapte à un aliment. La ration des taries doit donc correspondre à celle des vaches en lactation.

• Une capacité à absorber les nutriments grâce à des papilles ruminales développées. Une ration peu énergétique défavorise l’allongement des papilles (leur longueur est proportionnelle à l’énergie à absorber). La formule : 14 kg de MSI à 14 % de MAT et 14 % d’amidon est un bon repère.

500 kg de sucre à synthétiser

Le facteur limitant réside souvent dans la quantité d’énergie valorisée (qui peut provenir d’un manque d’ingestion, d’une mauvaise digestion ou d’une mauvaise absorption…). La vache va mobiliser toutes les énergies possibles : des nutriments issus de la digestion dans la panse en passant par les acides aminés glucoformateurs jusqu’à l’énergie reprise par l’amaigrissement. Dans ces processus, le foie est l’organe central. Pour fournir l’énergie nécessaire à une lactation de 10 000 kg, il va synthétiser l’équivalent de 500 kg de sucre. Son bon fonctionnement et son intégrité sont indispensables ; douves, cétoses, et autres pathologies hépatiques sont souvent éliminatoires.

 

Y a-t-il une alimentation idéale pour ces athlètes ?

Bien-sûr, il existe des repères incontournables. Un kilo de MS devrait contenir 1 UFL, 100 à 120 g de PDI et 35 % de NDF. Mais, c’est avant tout une question d’équilibres élémentaires à respecter :

• La régularité en qualité, en quantité, des horaires et de l’ordre de distribution des ingrédients de la ration. Pour s’en assurer, il est utile de peser les ingrédients de la ration.

• L’équilibre entre l’azote et l’énergie. Un taux d’urée avoisinant les 250 mg/l de lait est un bon repère.

• L’équilibre entre les aliments acidogènes (amidons et sucres) et ceux plutôt tampons (NDF du fourrage). Pour le vérifier, le repère de l’Inra, calculé selon la formule : (amidon + sucres de la ration)/NDF fourrages, doit être inférieur ou égal à 0,8.

• L’apport d’un aliment riche en PDIA pourra aider les vaches haute productrices à optimiser leurs performances sans trop puiser dans leurs réserves.

Le jour du vêlage, ce n’est plus le moment de faire des essais ! La vache doit être en mesure de valoriser ce qu’elle mange. Il faut donc prévoir le même fond de cuve que les laitières (sauf pour le calcium et le potassium). L’idéal est de gérer cette période cruciale en deux phases : trois semaines d’alimentation hypo-énergétique et trois semaines de préparation au vêlage hyper-énergétique, c’est-à-dire : 10 à 12 UFL, 14 – 16 kg de MS, 14 % de MAT, 14 % d’amidon et un minéral VL taries (BACA négative et enrichi en vitamines et oligo-éléments).

Ensuite, il existe de nombreux indicateurs d’alertes pour voir très rapidement si les animaux en «course» ont pris un bon départ : les critères troupeau sur lait de mélange (tank), les résultats par animal, bien plus précis, ou mieux encore par lots d’animaux au même stade physiologique (via les données de contrôle de performances). Le lait, le TB, le TP, l’urée et l’acétone sont autant de critères très significatifs du bon fonctionnement des débuts de lactation. L’observation des animaux (bouses, rumination, mobilité) ainsi que la densité du colostrum (> 25 Brix) complètent le suivi des débuts de lactation et permettent de mesurer l’efficacité de la préparation au vêlage.

 

Le milieu, l’eau et le bien-être :  trois aspects trop souvent oubliés

Autour du vêlage, la vache va changer d’environnement. Elle va devoir trouver sa place dans la hiérarchie du troupeau, son emplacement pour se reposer, se repérer afin d’accéder aux lieux de repas, aux points d’eau, s’accoutumer au circuit de traite, aux manipulations et déplacements du troupeau… Ne pas se préoccuper du bien-être, c’est prendre le risque de perdre avant d’avoir pris le départ. Cet aspect est d’autant plus important pendant les vingt jours qui précèdent le vêlage et les quatre-vingt jours qui le suivent, période pendant laquelle il faut veiller :

• Au chargement du bâtiment pour limiter les interactions dominantes/dominées. 80 % de taux d’occupation du bâtiment jusqu’à quatre-vingt jours et possibilité ensuite d’occuper jusqu’à 120 %.

• Au confort à l’auge avec une place/VL, voire plus pour limiter la crainte des primipares, et à son accessibilité (en temps) au prorata de la quantité de ration ingérée (50 % de ration à l’auge, c’est 12h/24h d’accès à l’auge).

• À l’accès à une eau propre et en quantité : 14 cm d’abreuvoir par vache (10 cm mini) avec 14 l/min de débit et situé à une distance de 14 mètres maximum pour qu’une vache aille boire.

• Au confort thermique : bâtiment ombragé, brasseur d’air… S’il n’y a qu’un ventilateur, il doit vraiment être réservé pour les vaches en préparation au vêlage.

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