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Témoignage d'éleveurs en ZH : «S’adapter au sol que l’on rencontre»

Daniel et Mathieu Sablon sont éleveurs laitiers au bord de la Somme, à Eaucourt-sur-Somme. Pour eux, leurs prairies humides sont un vrai trésor… qu’il faut savoir conserver.

Malgré la conjoncture difficile, Mathieu et Daniel Sablon aiment leur métier, aussi parce que la moyenne vallée de la Somme leur offre un cadre idyllique.
Malgré la conjoncture difficile, Mathieu et Daniel Sablon aiment leur métier, aussi parce que la moyenne vallée de la Somme leur offre un cadre idyllique.
© A. P.

Dès que les sols sont suffisamment porteurs, au printemps, les vaches de Daniel et Mathieu Sablon, pères et fils installés en Gaec, sortent de l’étable. 28 ha de prairies, la plupart humides, à Eaucourt-sur-Somme et à Erondelle, en moyenne vallée de la Somme. De l’herbe bien verte, le long du fleuve, et une biodiversité épanouie. Un paysage idyllique… Qui cache la difficulté du métier d’éleveur laitier, qui plus est en zone humide.
«Avec 110 ha au total, et 540 000 l de lait produits cette année (le Gaec a une autorisation de 640 000 l, ndlr), on ne met pas une pièce de côté, alors qu’il y a quelques années, on arrivait à placer un peu d’argent», scande Daniel Sablon. Malgré les difficultés financières, l’agriculteur l’avoue, il aime son métier. Et fait tout pour que son exploitation, les soixante-dix Prim’Holstein à la traite et leurs élèves, se portent le mieux possible.
Une des clés réside en la conduite des prairies. «A une époque, on aurait pu les retourner pour y semer des cultures plus rentables. On parlait peu de préservation de l’environnement, mais je trouvais honteux de gâcher ce cadre. Et puis voir mes bêtes dehors est un vrai plaisir.» Pour l’éleveur, c’est même fondamental pour leur santé. Le troupeau valorise l’herbe les soixante-dix premiers jours de printemps, jusqu’au 15 juin environ, période où l’herbe est la plus riche. «Ensuite, c’est plutôt une aire de promenade, car la qualité baisse.»
Pendant cette période, l’avantage économique se fait sentir. Le correcteur azoté du commerce a presque disparu de la ration. Mais la conduite du pâturage est une affaire délicate. «Les vaches changent de parc tous les jours si la pousse est forte. L’herbe est ainsi toujours pâturée au stade jeune.» Gare à l’herbe montée, dont le résultat se voit immédiatement dans le tank, avec une baisse de la production.
Pour assurer des prairies nourrissantes, un soin particulier leur est accordé. Un hersage est réalisé en mars. 40 U d’azote sont apportés au printemps, sur les conseils de la chambre d’agriculture, puis deux fois 30 U d’azote sont ajoutées toutes les six semaines si le besoin s’en fait sentir. «On passe aussi la herse ébouseuse régulièrement pour valoriser la production des vaches et éviter les refus.» Pour ceux-ci, un broyage est réalisé fin juin. Les orties et les chardons ont droit à un traitement en localisé. Quelques parcelles sont aussi semées en ray-grass et en trèfle, qui apprécient les sols humides, pour être fauchées. «Cela nous permet de diminuer encore notre consommation de correcteur azoté.»

Entre avantages et inconvénients
Les Sablons connaissent leurs prairies par cœur et jonglent avec leurs avantages et leurs inconvénients. «Même en année de sécheresse, la pousse de l’herbe est assurée. Mais en année humide, on retarde la mise à l’herbe au printemps, et on rentre les vaches plus tôt. Le tout est de savoir s’adapter au sol que l’on rencontre.» Pour en tirer d’avantage profit, les éleveurs pensent à passer une douzaine d’hectares en MAE (mesures agroenvironnementales), mis en place pour «compenser les surcoûts et manques à gagner générés par les pratiques adaptées à l’enjeu du territoire de l’exploitation». «Il faut qu’on étudie toutes les contraintes.»
La formation aux MAE sera l’une des prochaines. Mathieu et Daniel aimeraient aussi se perfectionner en fertilisation des sols, ou encore en analyse de sol. «On est vite dépassé sur ses pratiques, sur la gestion et la réglementation. On a toujours su se dégager du temps pour se former, parce que l’exploitation est vite gagnante», assurent-ils. Les éleveurs ambitionnent d’ailleurs de poursuivre l’évolution de la ferme. «Il faudrait que nous fassions 100 000 l de lait en plus pour conforter l’entreprise. Le troupeau doit donc augmenter de dix laitières.» Un nouveau bâtiment devrait être construit pour remplacer une ancienne grange, obsolète et trop basse. Une chose est sûre : les vaches continueront de brouter l’herbe fertile du bord de Somme le plus longtemps possible.

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