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Betteraves
Tereos annonce l’arrêt de la sucrerie d’Escaudœuvres

Le groupe coopératif Tereos a présenté mercredi 8 mars un plan de restructuration de son organisation industrielle qui comporte la fermeture de la sucrerie d’Escaudœuvres, mais aussi la cession à un tiers de la féculerie d’Haussimont (51) et l’arrêt de l’activité distillerie de Morains (51).

L’usine Tereos d’Escaudœuvres n’ouvrira pas en 2023 pour une nouvelle campagne betteravière.
L’usine Tereos d’Escaudœuvres n’ouvrira pas en 2023 pour une nouvelle campagne betteravière.
© Tereos

Ce qui était une rumeur en ce début de semaine s’est finalement conclue mercredi 8 mars en milieu d’après-midi par une annonce «choc» : la sucrerie d’Escaudœuvres (59) va stopper son activité de transformation de betteraves, tout en maintenant son activité logistique. Les 62 millions d’euros investis par Tereos au cours des cinq dernières sur le site nordiste n’y changeront rien. Pour justifier ce choix, le groupe coopératif explique que «depuis la fin des quotas sucriers en 2017, le site d’Escaudœuvres enregistre une baisse des volumes de betteraves engagés» avec, pour conséquence, une diminution de la durée de campagne. Selon les estimations de Tereos, en 2023, elle serait «seulement» comprise entre «25 et 45 jours» contre une durée moyenne de 110 jours. D’une manière plus globale, Tereos évoque une «réduction durable des emblavements» pour diverses raisons – économique et agronomique -, et une baisse des engagements coopératifs de 10 % des tonnages à partir de la campagne 2023-2024. Si l’on ajoute à cela une baisse «continue» des rendements depuis la campagne 2018-2019, la situation obligerait l’entreprise coopérative à se réorganiser et ce, malgré «une profitabilité de la culture de la betterave assurément en voie d’amélioration». Sur le plan social, 123 postes sont supprimés à Escaudœuvres. Quant aux betteraves, qui étaient jusqu’alors transformées sur le site nordiste, elles seront «travaillées sur les sites voisins», indique l’entreprise.

Morains et Haussimont aussi sur la table 

Qualifiée de «brutale» le mercredi 8 mars par plusieurs élus représentant la Région Hauts-de-France, les  villes d’Escaudœuvres et Cambrai, la Communauté d’agglomération de Cambrai ou encore le Département du Nord, l’annonce de la restructuration des activités industrielles de Tereos ne concerne pas les seuls Hauts-de-France. En effet, le groupe a dans le même temps déclaré vouloir mettre un terme à l’activité de distillation de son unité de Morains (51) adossée à la sucrerie de Connantre. Également implantée dans la Marne, la féculerie d’Haussimont fait elle aussi les frais de la restructuration industrielle de Tereos. Le groupe annonce en effet «chercher un acquéreur pour le site d’Haussimont», tout en garantissant que l’activité y sera maintenue pour la campagne 2023-2024. Pour Tereos, qui y a investi 30 millions d’euros au cours des cinq dernières années, il s’agit de «donner un nouvel élan à cette activité»… mais avec un nouveau propriétaire.

Les collectivités locales craignent pour l’emploi

Suite à l’annonce du groupe Tereos sur la réorganisation de ses activités industrielles dans les régions Grand Est et Hauts-de-France, plusieurs élus de ces territoires s’inquiètent des conséquences pour l’emploi. Dans un courrier cosigné par les communes d’Escaudœuvres et Cambrai, la Communauté d’agglomération de Cambrai, le Département du Nord et la Région Hauts-de-France, les présidents de ces organisations demandent au préfet du Nord, Georges-François Leclerc de réunir «en urgence, l’ensemble des acteurs de ce dossier, en associant bien sûr la direction de Tereos et les représentants des salariés afin d’évoquer les vraies motivations de la fermeture de ce site de production». Et d’insister pour la mise en place «d’un suivi particulier et personnalisé à chacun des salariés dans leur parcours de reclassement afin de leur retrouver un emploi ou de leur proposer une formation qualifiante.» La direction de Tereos a, de son côté, annoncé qu’elle souhaite «mettre l’accent sur les reclassements internes pour préserver au maximum l’emploi».  

La réaction de 

Laurent Degenne, président de la FRSEA Hauts-de-France et de la Chambre régionale d’agriculture 

«Les fermetures révèlent la désunion des filières face à la logique de décroissance»

La roue tourne vite chez Tereos : le 4 février dernier, le groupe, par la voix de son président, se disait confiant «quant à la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation en cas d’attaque de pucerons en 2023», et restait neutre quant aux manifestations sur les retraits de capacités à produire telles que les NNI ou l’accès à l’eau. Aujourd’hui, ce que chacun craignait arrive : les usines ferment. Celle d’Escaudœuvres dans la région, mais aussi la distillerie de Morains dans la Marne, et le site féculier d’Haussimont est à céder. Tout cela impacte l’agriculture des Hauts-de-France et nous ramène à une nécessité : celle d’être unis dans la défense des intérêts de filières pour garder performance et compétitivité. Quand les moyens de production sont mis à mal et qu’on est industriel, on ne peut pas s’en désintéresser. C’est flagrant sur la betterave, mais on peut l’étendre à toutes les productions, végétales et animales. Nos voisins immédiats transfrontaliers ont une approche agricole et agroalimentaire beaucoup plus soudée. Qu’il s’agisse de betteraves, de pommes de terre ou de lait, les volontés et les actes sont bien mieux alignés entre l’État, les transformateurs et les producteurs. Le tissu agroalimentaire est le premier pilier de l’économie régionale et on ne peut pas se satisfaire de voir un site fermer : c’est un coup porté à la production, aux entreprises de maintenance, aux clients, y compris les agriculteurs éleveurs eux-mêmes, mais aussi aux emplois de proximité. Nous vivons actuellement une période où la récession de l’agriculture est perçue comme l’alpha et l’oméga de certains décideurs politiques et administratifs partisans de la décroissance. Sans être partisan de la croissance aveugle, je ne peux que constater cette tendance, l’absence de sursaut de l’État, et la désunion nationale à ce sujet. L’agriculture est une solution climatique et énergétique, l’agroalimentaire est un pilier économique et social des zones rurales, le sort des deux est lié. La fermeture des sites agroalimentaires, c’est le révélateur de la désunion des filières face à une logique de décroissance. 
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