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Trames verte et bleue : les agriculteurs n’ont pas été rassurés

La cartographie du schéma régional de cohérence écologique présentée à la profession agricole.

Christophe Buisset, président de la chambre régionale d'agriculture : "il faudrait penser un peu plus «économie» lors de vos réflexions".
Christophe Buisset, président de la chambre régionale d'agriculture : "il faudrait penser un peu plus «économie» lors de vos réflexions".
© AAP


Le 5 novembre dernier avait lieu à Amiens la présentation de la cartographie du schéma régional de cohérence écologique (Srce). Lors de cette réunion, les représentants de la Région et de la Dreal (Direction régionale de l'environnement) ont rappelé la démarche qui a été engagée pour enrayer la «perte de la biodiversité».
Elle passe par l’élaboration de ce schéma régional de cohérence écologique en vue de mettre en place les trames verte et bleue. Il s’agit d’identifier les noyaux ou réservoirs de biodiversité et les espaces ou «corridors écologiques» que pourraient emprunter la faune et la flore sauvages pour aller d’un de ces réservoirs de biodiversité à un autre.

Méthode très compliquée
Le cabinet d’étude chargé du volet écologique a expliqué sa méthode pour identifier les composantes des trames verte et bleue du Srce de Picardie. Méthode très compliquée et difficile à expliquer si l’on veut résumer. On a d'abord réalisé un inventaire des différents espaces de biodiversité ordinaires concernés, on y a ajouté les zones remarquables (Natura 2000, humides, etc.). Des sous trames par grand types de milieux ont été déterminées. Les espèces menacées ont été listées. Des guildes d’espèces (groupes d’espèces qui se déplacent de la même manière) ont été définies pour chaque sous trame. Et l'on a identifié les menaces et les obstacles.
Enfin, le déplacement des espèces a été étudié à travers la méthode de "l’aire de migration simulée". Tous ces paramètres ont été croisés informatiquement pour donner les au final les cartes. Un vrai boulot de technicien, pour ne pas dire de technocrates. Aucun travail de terrain n’a été fait.

Où est passée l'économie ?
«On a l’impression que nos territoires vont être sanctuarisés avec des conséquences sur le développement économique», a réagi Christophe Buisset en tant que maire et président de la chambre d’agriculture de Picardie. «Savez-vous le nombre d’hectare dans le département qui ne sont pas pris par un zonage environnemental ?» a-t-il questionné. Et de poursuivre : «l’élevage permet de valoriser les terres humides, le fait que le Srce classe ces zones nous inquiète. Sachant que les documents d’urbanisme vont devoir prendre en compte ce schéma, il fort probable que les cabinets d’études vont classer inconstructibles ces terrains pour préserver un corridor écologique ! Comment les éleveurs pourront-il encore exercer leur métier ? La collectivité aura-t-elle les moyens d’entretenir ces espa­ces qui pourraient être abandonnés ?"
Tout en félicitant le bureau d'étude pour son excellent travail, Christophe Buisset a regretté que le même travail n’ait pas été réalisé pour une mise en place de "corridors économiques et d'aires de migration simulée de chômeurs !". Car, "il faudrait penser un peu plus «économie» lors de vos réflexions", a-t-il lancé. «Si vous voulez mener à bien ce travail c’est avec les acteurs économiques qu’il faut le faire. N’oubliez pas que les agriculteurs pratiquent leur métier avec le souci du respect de l’environnement, prenez donc en compte l’avis des acteurs de terrain au lieu de les contraindre».
Les représentants de la Dreal comme ceux du Conseil régional n’ont pas apporté beaucoup de réponses à ces interrogations. Ils se sont bornés à expliquer qu’un guide serait établi pour mieux éclairer les bureaux d’étude dans la prise en compte du Srce dans les documents d’urbanisme.

480 000 ha seraient concernés
Les nombreux exploitants présents qui découvraient ce dossier ont eu du mal à réagir devant ce zonage établi sans concertation alors qu’il touche de grandes surfaces de terres agricoles. En Picardie 480 000 ha seraient concernés par les réservoirs de biodiversité ou les corridors écologiques. Le monde agricole a l’impression que l’administration organise une consultation «à la va vite», avec un délai court : on avait jusqu'au 14 novembre pour donner son avis sur des cartes à une échelle au 1/100 000 sans aucun repère géographique.
Patrick Rimbert, président cantonal de Conty, a formulé le ressenti de beaucoup d’exploitants. «Les paysages se sont formés sur 2000-3000 ans, l’agriculture y a participé et y participe toujours. Tous ces zonages risquent de mettre en péril ce qui a été fait". "Le délai accordé pour commenter les cartes est intolérable a-t-il insisté. Et de plus les cartes qui nous sont présentées ne permettent pas de se repérer et donc à fortiori de les commenter !".
Pour répondre et conclure, Edouard Gaillet de la Dreal a indiqué qu’un délai supplémentaire sera donné pour commenter les cartes. La Dreal a entendu la même demande dans le département de l’Oise. L’administration voit avec les instances pour accorder ce délai qu’elle communiquera. Au sujet des cartes, un lien «géo explorer» sera donné pour permettre de s'y repérer. A suivre.

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