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Un bâtiment «USB» pour le miscanthus à Hangest/Somme

Vendredi 7 avril, l’entreprise Lamont-Colin énergies, à Hangest-sur-Somme, inaugurait son bâtiment de stockage pour sa production de miscanthus.

Ce bâtiment, construit en bois de hêtre, a une superficie de 5 000 m3 et peut stocker jusqu’à 35 000 m3 de copeaux de miscanthus.
Ce bâtiment, construit en bois de hêtre, a une superficie de 5 000 m3 et peut stocker jusqu’à 35 000 m3 de copeaux de miscanthus.
© F. G.

USB ? Ne vous y trompez pas. On ne parle ni de clé, ni d’un bâtiment «intelligent» (connecté). «Un bâtiment USB, c’est, chez nous, un bâtiment utile, solide et beau», explique Benoît Cordonnier, directeur technique et développement de BatirWood, l’entreprise qui a construit le bâtiment de stockage du miscanthus pour Philippe Colin, à Hangest-sur-Somme. Une fois cela dit, l’intelligence a bel et bien quelque chose à voir avec ce bâtiment du fait de sa conception même, soit un bâtiment tout en bois de hêtre, une essence régionale, mais pas locale. Une première mondiale et en plein cœur de la Somme.
Tout commence par un parcours contrarié, celui de Philippe Colin, qui, à la différence de ses parents, manque d’intérêt pour l’élevage. Poursuivre la production laitière n’est pas sa tasse de thé. En revanche, sa curiosité s’éveille à l’idée d’expérimenter de nouvelles choses. Il en sera ainsi en 2007 quand il entend parler, pour la première fois, de la culture du miscanthus, qui offre un potentiel important de biomasse. Le miscanthus étant un combustible, il pourra s’en servir pour son projet de séchage de la luzerne dans un bâtiment de stockage qu’il compte faire construire. «Je me suis rendu compte alors que le miscanthus était un produit à part entière pouvant servir à produire du chauffage», raconte-t-il. Mais aussi de complément alimentaire pour les vaches. C’est décidé : il fera du miscanthus.

De la production à la commercialisation
Il débute avec 25 ha. La première année est sans récolte, sait-il. La seconde, la récolte est petite. Il faut attendre cinq ans pour atteindre progressivement le plein rendement, qui est de dix à vingt tonnes par hectare et par an suivant les parcelles. Aussi en bon gestionnaire qu’il est, il convertit progressivement ses surfaces. De 25 ha en 2007, il est aujourd’hui à 250 ha. Autre obstacle à dépasser : la commercialisation. A ses débuts, les débouchés existent peu. Le marché de l’énergie débute, mais il est frémissant. Tout aussi peu développés sont les marchés de proximité pour le paillage, la litière avicole, ainsi que pour le complément de ration pour les vaches laitières permettant d’améliorer leur rumination et de diminuer les problèmes d’acidoses.
Le bouche-à-oreille aidant, c’est le miscanthus en tant que complément de ration pour les vaches laitières qui va être le marché le plus porteur pour Philippe Colin. Aujourd’hui, sur sa production annuelle de miscanthus, qui oscille entre 2 500 et 3 000 tonnes, 70 % sont vendus en complément alimentaire pour les vaches, 20 % pour le paillage horticole et 5 % pour la production de chauffage de sa commune. Autres atouts pour le producteur : c’est une plante pérenne, nécessitant très peu de produits phytosanitaires et d’engrais, qui protège les sols contre l’érosion et favorise la biodiversité. Reste que, pour préserver le fruit de son travail, Philippe Colin sait qu’il a besoin d’un bâtiment de qualité de 5 000 m2 avec du photovoltaïque, pouvant stocker 35 000 m3 de copeaux de miscanthus et  près de 2 000 tonnes de paille, et dans lequel une grue devra être intégrée pour déplacer son miscanthus. Il contacte BatirWood en 2012 pour lui confier la construction.
Le projet évolue. Le photovoltaïque représentant un coût trop élevé, l’idée est abandonnée. D’une pente, le bâtiment sera finalement constitué de deux.

Les performances du bâtiment
Pour répondre aux exigences de ce hangar de grande hauteur et de grande portée avec une grue sous la charpente (une première mondiale), c’est le bois de hêtre qui est retenu. «C’est bien plus solide et résistant que le sapin ou d’autres résineux pour un hangar d’une telle surface (154 m de long, 33 mètres de large, 15 mètres au faîtage et deux auvents de cinq mètres de part et d’autre du bâtiment)», précise Benoît Cordonnier.
L’usage du fibrociment est réduit à son maximum pour la toiture, ainsi que celui du ciment pour les fondations afin d’obtenir une conservation optimale du miscanthus. Autre originalité : pour tenir les tas de miscanthus, c’est de la paille qui est utilisée plutôt que des murs en ciment. Enfin, pour le dallage, c’est un parquet qui a été mis en place permettant à tous types de matériels de rouler dessus. Autre intérêt : le miscanthus n’est pas de la sorte en contact avec du béton, ce qui évite toute remontée d’humidité et la production de poussière. Coût total de l’investissement ? Philippe Colin préfère parler du coût de revient du stockage avec un amortissement sur vingt ans, soit «50 Ä€/tonne», dit-il. Ou si l’on parle en m3, «entre 4 et 6 Ä au m3 stocké», dixit le constructeur du bâtiment.
Dernière particularité : la grue intégrée. «C’est une grue qui a été construite en Autriche, car il n’y a pas de constructeur en France. Elle est suspendue à un pont roulant sous la charpente bois et a une capacité de levage pouvant aller jusqu’à 2,5 tonnes. Le choix de travailler par le haut avec une benne preneuse permet à l’opérateur, qui se situe dans une cabine climatisée, d’utiliser le bâtiment au maximum de son volume intérieur», détaille Benoît Cordonnier.
Orienté est-ouest pour avoir un versant plein sud, le bâtiment pourra être équipé par la suite d’une centrale photovoltaïque pour être autonome en électricité. Une nécessité à vrai dire, car le bâtiment, en plein champ, isolé de tout, n’est pas raccordé à un réseau. Ce sera l’étape suivante.

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