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Un cheval pour entretenir le berceau des alevins de truites

Ces 17 et 18 octobre, la Fédération de pêche de la Somme faisait appel à un professionnel de la traction équine pour une opération de décolmatage de frayère à truite de deux sites clés pour la reproduction des poissons : la Bresle à Gamaches et la Selle à Conty. 

La déconcrétion du fond de la rivière consiste à remobiliser les cailloux et gravillons piégés en-dessous d’une croûte calcaire, pour permettre aux truites d’y pondre leurs œufs. La traction animale est la méthode la plus efficace pour cela.
La déconcrétion du fond de la rivière consiste à remobiliser les cailloux et gravillons piégés en-dessous d’une croûte calcaire, pour permettre aux truites d’y pondre leurs œufs. La traction animale est la méthode la plus efficace pour cela.
© A. P.

La Selle est un vrai trésor pour les pêcheurs. «C’est une rivière très productive, dans laquelle on trouve des reproducteurs en nombre, notamment en truite», se réjouit Michel Blanchard, président de la Fédération de la Somme pour la pêche et la protection du milieu aquatique. Cette rivière mérite bien d’être bichonnée. Ce 18 octobre, à Conty, une opération de décolmatage de frayère était réalisée à l’aide d’un cheval. La même action était menée la veille, à Gamaches, dans la Bresle. 

«Ces deux sites sont sujets au concrétionnement calcaire. C’est un phénomène naturel qui aboutit à un colmatage des fonds de la rivière», explique Aryendra Pawar, directeur de la fédération de pêche. L’opération du jour consiste à labourer le fond de la rivière pour redonner un milieu propice à la vie aquatique. «La truite fario a notamment besoin de cailloux, de graviers et de pierres pour se reproduire.» La herse tractée par la force du cheval casse cette croûte concrétionnée et remobilise le substrat grossier piégé en dessous, sur une dizaine de centimètres. L’action permet aussi de nettoyer le fond des rivières des sédiments fins.

Et pour cela, Azakine, jument Trait comtois de treize ans, est d’une aide précieuse. «Ces dernières années, nous avions eu recours à la motopompe et à la mobilisation de bénévoles pour aller racler le fonds. Mais pour ces sites clés, le résultat n’est pas comparable», assure Aryendra Pawar. Comptez 250 m2 déconcrétionnés en une journée avec la motopompe et les bras, contre 1 200 m2 grâce à la herse que traîne la jument en quelques heures. «En plus, son utilisation est écologique», sourit Michel Blanchard. 

Pour Azakine et son meneur, Benjamin Poilleux, la mission est assez rare. «Installé à Nourard-le-Franc (60), je suis spécialisé dans les prestations de traction animale, mais j’avoue que je ne travaille pas dans l'eau tous les jours.» Pour la Trait comtois, il s’agissait d’une première. «Il lui a fallu cinq minutes pour entrer dedans, mais ensuite, elle a fait son boulot. Elle est plus habile que moi. Elle a évité un trou dans lequel je suis tombé juste derrière», plaisante-t-il. Le cheval ne s’activera pas cinq heures dans cette rivière comme il peut le faire pour d’autres tâches. «Remonter le courant est très fatigant musculairement.» Cette action curative sera à renouveler régulièrement, puisque le phénomène réapparaîtra à coup sûr. 

La truite, elle, entame sa période de reproduction, qui devrait s’étendre jusqu’à février.  Pour que la femelle puisse pondre ses œufs, les conditions environnementales doivent être idéales : une profondeur d’eau relativement réduite, une zone assez proche des berges si possible surplombée d’arbres et d’arbustes, une température de l’eau d’environ 6°C, un courant suffisant, et un substrat dans lequel elle creusera un trou pour y déposer entre mille et deux-mille œufs par kilo, ce qui peut représenter six-mille œufs pour une truite de 3 kg, qu’elle recouvrira de sable. 

 

Une vie halieutique généreuse

Un cycle de la vie qui fait le bonheur des presque vingt-mille titulaires de carte de pêche dans la Somme. «En termes de vie halieutique, on est vraiment gâté», confie Michel Blanchard. Lui a connu la dégradation de la qualité des cours d’eau, puis son amélioration ces dernières années grâce aux efforts communs, des stations d’épuration entre autres. «L’indicateur, c’est la présence des vertébrés.»
Le souhait de Guy Lacherez, son prédécesseur, n’est cependant pas encore exaucé. «Je rêve de voir venir des saumons de mer un jour.» Les obstacles qui lui barrent la route lors de son incroyable migration de l’océan vers les rivières sont encore trop nombreux pour cela. 

 

La traction animale pour des vignobles préservés

La traction animale fait ses preuves dans le désherbage mécanique des vignobles.


Azakine et sa collègue Bahia sont plus habituées au travail dans la vigne que dans l’eau. «Avec ces juments de trait attelées à une charrue vigneronne, j’effectue du désherbage mécanique entre les rangs et sous les rangs», explique Benjamin Poilleux, installé à l’Écurie du bois de Mont, à Nourard-le-Franc (60). Pour lui, cette technique de traction animale est un gage de qualité. «On préverve 40 % de biodiversité en plus, par rapport à un travail au tracteur. Le tassement du sol est nettement réduit aussi.» Cette tâche nécessite un dressage parfait des chevaux, qui avancent à 1 ou 2 km/h. «Il faut au moins trois ans de travail pour les avoir bien aux ordres.»
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