Élevage caprin
Un élevage de chèvres pour s’installer durablement
Cinq ans après leur installation, Geoffrey et Bérengère Molet, éleveurs caprins à St-Martin-Rivière (02), ont pris le temps de faire le point sur leur projet. Le calcul du coût de production réalisé par Avenir conseil élevage leur a fourni des repères simples pour envisager plus sereinement le futur de leur atelier.
Cinq ans après leur installation, Geoffrey et Bérengère Molet, éleveurs caprins à St-Martin-Rivière (02), ont pris le temps de faire le point sur leur projet. Le calcul du coût de production réalisé par Avenir conseil élevage leur a fourni des repères simples pour envisager plus sereinement le futur de leur atelier.


Pour Geoffrey, la relation avec l’agriculture et l’élevage remonte à la génération de ses grands-parents. À la vente de l’exploitation, son père avait simplement conservé 7 ha de pâtures pour élever une dizaine de bovins. Un moyen de conserver le lien avec la terre et l’animal, et aussi pour le plaisir, sans objectif économique. Cela a sans doute participé à faire germer la volonté de Geoffrey et Bérengère de devenir éleveurs. «Nous avions envie de nous installer ; cette petite surface était une base, mais le prix du foncier nous a contraints à resserrer notre réflexion sur des petits animaux», témoigne Geoffrey.
Vendre un produit fini, un choix qui s’impose
Moutons, poulets, lapins... ce sont finalement les chèvres qui séduisent le couple. En 2019, la possibilité de reprendre 12 ha leur permet de sauter le pas. En 2020, ils achètent un troupeau de 40 chevrettes alpines à très bon potentiel génétique et deux boucs. «C’est une race qui possède de bonnes capacités laitières et qui fait des taux, un point important puisqu’aucune laiterie ne collecte de lait de chèvre dans notre secteur, nous transformons l’intégralité de la production», précise-t-il.
Les éleveurs ont choisi de conserver le cycle naturel de reproduction. La mise à la reproduction a lieu en septembre-octobre pour des mises bas entre février et mars. Cette caractéristique implique des pics de travail et de production importants. L’organisation, la transformation et la commercialisation doivent permettre d’absorber ces variations. La vente d’une partie de la production (environ 40 %) sous forme de caillé prêt à être transformé par un fromager offre la souplesse nécessaire.
Des objectifs techniques élevés
Depuis 2022, la mesure régulière des performances et l’accompagnement technique réalisés par Vincent Lebrun, conseiller caprins d’Avenir conseil élevage fournissent, entre autres, aux éleveurs les données indispensables pour choisir les animaux à mettre à la reproduction. «Je faisais des analyses de lait de temps en temps mais ce n’était que des résultats du troupeau. En cinq ans, nous avons doublé l’effectif et cela sans pénaliser le niveau de production. Nous sommes également très attentifs aux boucs que nous achetons pour maintenir le potentiel génétique», souligne Geoffrey. À l’avenir, il n’exclut pas d’avoir recours à l’insémination pour amener davantage de diversité dans le troupeau et travailler des points précis comme la qualité cellulaire.
Désormais, le bâtiment a atteint sa pleine capacité alors que le projet de Bérengère et Geoffrey est de produire environ
150 000 litres par an, ce qui correspond à 120 chèvres. Ces chiffres leur permettraient d’utiliser pleinement la capacité de transformation de la fromagerie (80 000 litres) et de vendre davantage de caillé. Pour cela, l’évolution de l’installation s’impose. «Mais pour savoir si la structure a la capacité de financer le projet sans faire de notre salaire la variable d’ajustement, nous avions besoin de décortiquer les chiffres et d’obtenir des repères», explique l’éleveur. C’est dans cet objectif qu’un calcul des coûts de production a été réalisé en 2024.
Savoir ce que chaque litre de lait rapporte
En intégrant les charges de structure, le calcul des coûts de production va plus loin que la marge brute. «L’étude du coût de production, associée à un accompagnement technico-économique et humain, a permis de projeter les résultats attendus, d’analyser la capacité d’investissement de l’exploitation et ainsi d’apprécier la viabilité du projet», explique Charlotte Mantel conseillère technico-économique d’Avenir conseil élevage.
À l’issue de cette analyse économique, Geoffrey et Bérengère ont été confortés dans leur projet. «Maintenant, nous avons des repères de suivi chiffrés, des objectifs à atteindre et nous savons précisément quels sont les seuils de production à commercialiser selon chaque débouché. C’est une grande aide pour savoir où on va !»
EARL Ferme de Val Vermand à Saint-Martin-Rivière (02) en chiffres
• Geoffrey et Bérengère Molet
• Une salariée (30h/semaine) polyvalente pour faire face aux pics de travail de l’élevage et de la transformation
• Surface : 19 ha (12 ha de prairie et 5 ha d’orge)
• 80 chèvres alpines (1 300 litres, TB 34 et TP 34)
• Atelier de transformation à la ferme
• 100 % du lait produit est transformé (60 % vendus en direct sous forme de fromages et 40 % sous forme de caillé à une fromagerie)
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