Céréales
Un marché mondial lourd pour les orges, mais incertain
L’offre française d’orge s’avère très concurrencée sur la scène internationale. La production australienne est une nouvelle fois attendue comme volumineuse cette année. Toutefois les Etats-Unis pourraient céder du terrain en Chine.
L’offre française d’orge s’avère très concurrencée sur la scène internationale. La production australienne est une nouvelle fois attendue comme volumineuse cette année. Toutefois les Etats-Unis pourraient céder du terrain en Chine.

«Le disponible d’orges au niveau mondial en 2025 devrait s’avérer suffisant» pour satisfaire la demande, a déclaré Alexis Garnot, trader de Soufflet Négoce by InVivo, lors du colloque orges brassicoles organisé par Arvalis à Orléans le 3 avril. L’expert évoque une prévision de production mondiale à 144 Mt, dont 28,2 Mt de qualité brassicole. L’USDA (ministère de l’Agriculture étasunien) l’estimait l’an dernier à 143,6 Mt, et à 143,3 Mt en 2023. Pour le moment, la production mondiale ne souffre pas d’incident majeur.
Une offre mondiale importante est synonyme de concurrence accrue pour l’Hexagone, important exportateur mondial. Pour le moment, la France semble accuser un certain déficit de compétitivité, notamment vis-à-vis de l’Australie. Cette dernière devrait produire 12,6 Mt en 2025, certes en recul de 1,2 Mt par rapport à 2024, mais ce niveau resterait très confortable.
De plus, la France a un retard commercial à combler : «Lors de la dispute Australie/ Chine (2020-2023), la France a pu exporter massivement ses orges vers la Chine. Mais l’Australie en a profité pour conquérir des parts de marché vers d’autres pays ces dernières années, et nous en souffrons aujourd’hui», explique Alexis Garnot. L’intensification de la concurrence australienne semble donc structurelle.
Consommation de malt en berne
Quant à la consommation mondiale de malt, elle ne montre guère de signe de reprise, selon Soufflet Négoce by InVivo. «La consommation de bière et par ricochet de malt reste limitée dans les pays fortement touchés par l’inflation qui a émergé en 2022- 2023», explique Robert N’soga Ngue, analyste au sein du groupe.
Toutefois, deux facteurs restent à surveiller : météo et géopolitique. Pour rappel, les États-Unis ont augmenté les tarifs douaniers sur les produits chinois, qui ont répliqué en taxant le sorgho états-unien. Cette guerre commerciale sino-états-unienne profiterait potentiellement indirectement aux orges, notamment françaises, qui pourraient à nouveau s’implanter massivement en Chine, comme lors du premier mandat de Donald Trump. Néanmoins, le contexte est désormais différent. La concurrence australienne s’est intensifiée, et leurs orges peuvent de nouveau s’écouler vers l’Empire du milieu depuis 2023.
Si les semis de printemps se sont déroulés dans de bonnes conditions en Europe et en France, la sole (d’hiver et de printemps) pourrait reculer en 2025. Alexis Garnot évoque une surface française d’orge d’hiver attendue à 1,08 Mha, en recul de 5 % par rapport à l’an dernier, et de printemps de 3 %, à 0,67 Mha. Au niveau européen (incluant le Royaume- Uni), elle s’effriterait de respectivement 2,1 % et 3,5 %, à 5,17 Mha et 5,92 Mha.
Une compétitivité des exploitations françaises plutôt bonne, selon une étude d’Arvalis
Présentée le 3 avril lors du colloque Orges brassicoles organisé d’Arvalis, une étude de l’institut technique révèle une compétitivité en sortie de champ plutôt bonne pour la France (représentée par une exploitation picarde) comparée aux autres principaux pays producteurs sur 2017-2023. Basée sur les données de dix fermes types du réseau Agribenchmark, l’étude démontre, qu’au regard du coût de production, «les orges produites dans cette ferme (française) s’avèrent plus compétitives que celles produites dans les deux fermes australiennes et danoises, à peu près au même niveau que celles de l’exploitation canadienne, mais moins que les orges des trois fermes russes ou de la ferme argentine», explique Geoffroy Oudoire, ingénieur R & D du pôle économie d’Arvalis. La ferme picarde dispose de charges à l’hectare très élevées, mais qui sont en partie contrebalancées par des rendements supérieurs à ses concurrents, indique l’étude. Toutefois, elle présente plusieurs limites, empêchant d’extrapoler les résultats à l’ensemble de ces pays. La principale : elle considère uniquement quelques fermes par pays, qui plus est plus performantes que la moyenne, alors qu’une forte hétérogénéité au sein de chaque pays existe.