Une action de blocage de la centrale Scapartois en réponse directe aux déclarations de Michel-Édouard Leclerc
Les Jeunes Agriculteurs du Nord–Pas-de-Calais annoncent ce lundi 29 décembre, une action de blocage du site Scapartois. Une mobilisation directement provoquée par les récentes prises de position publiques de Michel-Édouard Leclerc en faveur de l’accord UE-Mercosur.
Les Jeunes Agriculteurs du Nord–Pas-de-Calais annoncent ce lundi 29 décembre, une action de blocage du site Scapartois. Une mobilisation directement provoquée par les récentes prises de position publiques de Michel-Édouard Leclerc en faveur de l’accord UE-Mercosur.
Ce soir – lundi 29 décembre -, les Jeunes Agriculteurs (JA) du Nord–Pas-de-Calais mèneront une action de blocage du site Scapartois. Une mobilisation explicitement liée aux déclarations publiques de Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, notamment celles tenues le 21 décembre sur LCI, où il a appelé les chefs d’entreprise à défendre publiquement l’accord UE-Mercosur.
Pour les JA, ces propos illustrent un décalage profond avec la réalité du terrain. Ils dénoncent « un discours totalement déconnecté de la réalité vécue par les agriculteurs français », estimant qu’« on ne peut pas prétendre soutenir l’agriculture française tout en expliquant, devant les médias, qu’il faut rapidement avancer sur l’accord Mercosur ».
Le Mercosur, symbole d’une concurrence jugée déloyale
Au cœur de la colère agricole : la crainte d’importations massives de produits ne respectant pas les mêmes standards que ceux imposés en France.
Selon les Jeunes Agriculteurs, le Mercosur signifie « des importations de produits agricoles qui ne respectent pas les mêmes exigences sanitaires, environnementales et sociales », avec « une traçabilité insuffisante, voire inexistante ».
Ils alertent également sur les conséquences économiques : « des volumes supplémentaires mis sur le marché européen qui tirent les prix vers le bas, fragilisent nos exploitations et, dans les faits, sacrifient notre souveraineté alimentaire ». Dès lors, défendre le Mercosur tout en affichant un soutien à l’agriculture française relève, selon eux, d’une « double posture ».
Michel-Édouard Leclerc plaide pour un débat public et une Europe « conquérante »
Invité de LCI le 21 décembre, Michel-Édouard Leclerc s’est au contraire étonné du silence des dirigeants économiques favorables à l’accord.
« Je ne comprends pas pourquoi les patrons ne viennent pas défendre ce traité, alors qu’en privé, ils trouvent que c’est important de le signer », a-t-il déclaré, déplorant un débat qu’il juge « confisqué et incomplet ».
Sans nier les inquiétudes agricoles, le dirigeant de la grande distribution appelle à une approche de long terme : « On a plus à gagner en étant conquérants. Un accord ça se construit sur quinze ans », affirme-t-il, estimant que les enjeux de normes doivent être traités « politiquement et techniquement » et non servir de blocage définitif. « Il n’y a personne dans la vie publique pour dire qu’on peut contrôler les importations », regrette-t-il.
Entre souveraineté alimentaire et stratégie géopolitique européenne
Michel-Édouard Leclerc met également en garde contre un décrochage européen sur la scène internationale. « Je suis étonné de voir les patrons et industriels (…) ne pas aller défendre le Mercosur », observe-t-il, avertissant qu’en cas de retrait européen, « ce seront les Chinois qui iront vendre leurs voitures ».
Un discours qui heurte frontalement les organisations agricoles, pour lesquelles « l’agriculture française n’est pas une variable d’ajustement économique » et « ne peut pas être la monnaie d’échange d’une stratégie commerciale européenne ».
Une mobilisation appelée à durer
Par cette action de blocage, les Jeunes Agriculteurs du Nord–Pas-de-Calais entendent « envoyer un message clair ». Ils appellent leurs adhérents et sympathisants à renforcer la mobilisation et préviennent qu’ils « resteront pleinement mobilisés tant que l’accord Mercosur restera sur la table ».
Dans le cadre de l’action, les organisateurs précisent toutefois que « les voitures pourront sortir du site afin de permettre aux salariés de regagner leur domicile », signe d’une mobilisation ciblée mais déterminée.