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Expérimentation
Une exploitation de la Somme vitrine expérimentale de la biodiversité

Une plate-forme testant la compatibilité entre la performance agricole et le respect de la biodiversité vient d’être inaugurée à Marchélepot.

© AAP

A  l’invitation de la société BASF Agro, de la Fédération des chasseurs de la Somme et du Réseau biodiversité pour les abeilles, une cinquantaine de participants, agriculteurs, représentants des firmes, des organismes de collecte de céréales et de la presse se sont retrouvés le 18 juillet pour l’inauguration de la plate-forme dédiée à la biodiversité à Marchélepot dans la Somme. Depuis une vingtaine d’années, BASF loue 10 hectares de terres à Guy Duhem puis à son épouse et depuis mars de cette année à leur gendre Stéphane Deblock pour y mener des essais sur ses produits phytosanitaires. Au-delà du meilleur positionnement à trouver pour leurs solutions, BASF prend en compte la gestion de la qualité de l’eau, la santé des opérateurs, les nouveaux itinéraires techniques innovants et la biodiversité. «Nous pensons qu‘agriculture performante et biodiversité sont compatibles», a souligné Bertrand Debret pour BASF Agro.

Suivi de la faune
Depuis 2011, diagnostics et conseils de pratiques ont été mis en place à travers le programme "biodiversID" dont l'objectif est de "cogérer" sur une exploitation à la fois la performance économique et la performance biodiversité. Ce programme est mené dans une cinquantaine de fermes en France en partenariat avec Farre (Forum de l’agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement). Sur les dix sites consacrés à l’expérimentation, cinq sont à BASF dont celui de Marchélepot. Les autres sites ont une orientation tournée vers la vulgarisation.
A Marchélepot, le partenariat avec la Fédération des chasseurs permet d’étendre le suivi de la faune sur un territoire qui représente cinq à six fois la surface de l’exploitation. En 2011, 2 hectares y ont été implantés en couvert mellifère et en Cipan. En 2012, ruchers et nichoirs à abeilles et à passereaux ont été installés puis en 2013, des haies basses ont été plantées en linéaires et des ilots buissonnants ont été implantés sous cinq pylônes de la ligne à haute tension à proximité du village. Vitrine expérimentale des pratiques et des aménagements agricoles favorables à la biodiversité, la plate-forme de Mar­chélepot sur 140 hectares n’en demeure pas moins une exploitation comme les autres dans le Santerre orientée vers les céréales, les pommes de terre, les betteraves et les légumes.

Les espaces non cultivés comme garde-manger
«La difficulté à trouver de quoi se nourrir est la deuxième cause de mortalité des abeilles», a constaté Julien Chagué, directeur du Réseau biodiversité pour les abeilles. D’où l’idée de gérer les petits espaces de l’exploitation, pointes de parcelles par exemple, par l’implantation d’une jachère mellifère.
Ce qui suppose de diversifier les espèces et les familles botaniques dans le meilleur mélange possible afin que les abeilles puissent se nourrir à tout moment. Cet espace a permis d’obtenir une diversité florale supérieure à celle existante sur l’ensemble de l’exploitation.
L’observation de la fréquentation qui a suivi a permis de constater que l’abeille domestique est très présente mais d’autres insectes aussi, en particulier les abeilles sauvages. «Plus les abeilles sont nombreuses, plus la pollinisation est efficace et plus c’est bénéfique pour l’agriculture et l’environnement», a expliqué Julien Chagué. Les ruchers équipés d’une trappe à pollen permettent le prélèvement d’échantillons destinés à identifier les espèces végétales qui sont utilisées pour l’alimentation pollinique des colonies, et à connaître les périodes de disette ainsi que les ressources en nectar et les principaux végétaux qui contribuent aux miellées. «Nous espérons montrer que de petites surfaces non cultivées peuvent constituer d’excellents lieux d’alimentation et de pollinisation par les abeilles dans une zone agricole de grandes cultures», a indiqué Julien Chagué.
A quelques centaines de mètres, sous la ligne à haute tension, un mélange conçu pour l’attractivité vis-à-vis des abeilles mais aussi pour l’hébergement du petit gibier et la fréquentation par les oiseaux a été implanté entre deux parcelles cultivées. Par convention avec RTE, la taille de la végétation ne peut pas excéder deux mètres.

Hébergement du petit gibier
Les premières observations montrent que cette parcelle est fréquentée par un ensemble d’insectes et par leurs prédateurs. Un hébergement par le petit gibier, le lièvre notamment, a été observé à proximité. «Ce type de couvert est d’un grand intérêt pour les chasseurs car la présence de la faune représente autant de sentinelles de la nature», selon Anthony Danesin, technicien de la Fédération des chasseurs de la Somme. Des nichoirs ont été posés dans les bosquets, les haies et les arbres isolés en vue de déterminer le taux d’occupation, de connaître les espèces et de les compter.
Le suivi des espèces d’oiseaux, notamment la perdrix grise, fleuron du territoire, mais aussi l’alouette ou la mésange fait l’objet d’une grande attention. Le soin apporté à la perdrix grise est bénéfique à d’autres espèces, c’est ce que l’on appelle une espèce parapluie. Au printemps, un comptage du nombre de perdrix grises à l’hectare est effectué. Sur les chaumes d’après moisson, un échantillonnage après reproduction vise à identifier le nombre de compagnies, le nombre de mâles et de femelles, l’âge des jeunes (pic d’éclosion). Il s’ensuit des préconisations aux chasseurs sur le prélèvement à ne pas dépasser.

La performance alimentaire de l’exploitation
L’agriculteur, dans le cadre des bonnes pratiques agricoles et environnementales, a adopté un certain nombre de mesures dans la conduite de son exploitation. Certaines d’entre elles sont mises en application avec le souci d’améliorer la biodiversité comme le choix et la diversité des cultures en ne dépassant pas quinze hectares par parcelle, la mise en valeur des délaissés par un couvert approprié, la préservation des zones refuge non récoltées, l’utilisation des barres d’effarouchement à l’avant du tracteur et d’autres encore.
Au final, ces aménagements n'handicapent pas l’économie de l’exploitation. Grâce à l’outil ‘PerfAlim’, (calculateur de la performance nourricière des exploitations agricoles du Céréopa), son potentiel nourricier est calculé. L’exploitation permet de satisfaire les besoins énergétiques de 5 617 personnes soit un peu plus de 18 personnes à l’hectare et couvre les besoins en protéines de 4 393 personnes soit un peu plus de 14 personnes à l’hectare.
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