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Vergers écoresponsables : Martin Noyon, arboriculteur à Suzanne

Martin Noyon a repris le verger écoresponsable de son père en 2014. L’arboriculteur croit en l’avenir de ce label qui assure des bonnes pratiques et la provenance locale des fruits.

La surveillance est d’autant plus pointue en gestion écoresponsable du verger.
La surveillance est d’autant plus pointue en gestion écoresponsable du verger.
© © A. P.

Martin Noyon a toujours été passionné d’agriculture, et encore plus d’arboriculture fruitière, bien différente des cultures annuelles. «Voir évoluer les arbres à long terme est très intéressant. Si on coupe une branche, on sait qu’elle ne sera plus jamais là. Nos actes ont un impact pour de nombreuses années.»
Ce respect des pommiers et des poiriers, il l’a hérité de son père, qui a créé le verger du Colombier, à Suzanne, près d’Albert, dans les années 1980. Dès 2011, celui-ci devient verger écoresponsable. «Un label créé par les producteurs eux-mêmes, pour valoriser leurs pratiques d’agriculture raisonnée et la qualité de la production, explique Martin Noyon. Bien différent, donc, des labels que créent les distributeurs éloignés de la production.» Le but est de tout optimiser pour créer un écosystème favorable à la biodiversité.
Martin a repris l’exploitation en 2014 avec son épouse, Ariane, et a poursuivi les efforts. En une quarantaine d’années, le verger a connu une vraie révolution. Les 22 ha de rangées d’arbres fruitiers (pommes et poires à couteau) sont désormais régulièrement bordés de bandes fleuries pour attirer les abeilles sauvages. Les insectes auxiliaires, comme les typhlodromes, mangeurs de la dévastatrice araignée rouge, trouvent refuge dans de petites cabanes. Idem pour les mésanges, très gourmandes de pucerons. Les rapaces, eux, disposent de piquets en hauteur pour chasser aisément les mulots. La confusion sexuelle a aussi fait son entrée dans le verger, pour lutter contre le carpocapse de la pomme, un ver issu de l’union de papillons. Des phéromones sont diffusées, saturent l’espace et couvrent les messages d’appel des femelles. Les papillons mâles ne les repèrent donc plus et la fécondation n’a pas lieu.
Concernant la gestion des maladies, alors qu’une trentaine de traitements «préventifs» pouvaient être réalisés dans les années 1980, Martin Noyon arrive parfois à les réduire à quatre. «L’observation permet de détecter les seuils de nuisance. La lutte biologique est toujours le premier levier, et la chimie intervient en dernier recours.» L’une de ses bottes secrètes, pour parvenir à être le plus précis possible, est son smartphone, connecté en permanence à un OAD (outil d’aide à la décision). «Il s’agit d’une petite station qui mesure l’hygrométrie et la température, et fournit son analyse. Elle me prévient quand il y a un risque important, notamment de tavelure (une des maladies principales du pommier, causée par un champignon, qui provoque des lésions noires sur les feuilles et les fruits, ndlr), et qu’il faut traiter.» Les variétés Pirouette, Belle de Boskoop, Reinette grise du Canada, Melrose ou encore un nouveau clone de Jonagold sont aussi privilégiées, car plus résistantes aux maladies.

Un risque économique
Ces efforts représentent un risque économique important. Car les OAD et les méthodes mis en place ont un coût. Comptez, par exemple, 450 € par ha pour la confusion sexuelle. Sans compter que le risque de nuisances de ravageurs ou de maladies est tout de même plus élevé. Même si les écarts de tri sont transformés en jus de pomme, pomme-poire, et récemment pomme-fraise et pomme-cassis (les fraises et les cassis sont produits en Hauts-de-France), Martin doit pouvoir présenter des fruits bien calibrés, idéalement entre
201 et 240 grammes, pour la vente en circuit court, au magasin du verger et à la grande distribution.  «Le label verger écoresponsable répond à un gage de qualité que les acheteurs réclament. Mais ils ne sont pas forcément prêts à acheter plus cher. Nous devons réussir à communiquer davantage sur nos méthodes.»
Car une pomme écoresponsable n’est pas autant valorisée qu’une pomme bio. Pourtant, Martin Noyon le pratique au quotidien depuis désormais trois ans : la marche de la conversion n’est pas haute. «J’ai décidé de convertir les premiers pommiers en agriculture bio en 2016. Aujourd’hui, la moitié est en cours de conversion. Les pratiques mises en place avec le verger écoresponsable étaient déjà une grosse étape. Elles nous assurent juste une sécurité en cas extrême, avec la possibilité d’avoir recours à la chimie.» Le bio représente un coût de production plus élevé de 40 %, notamment dû à la nécessité d’un investissement dans du matériel spécifique, au besoin de main-d’œuvre plus important et aux produits de traitements dits «biologiques» très coûteux. Mais ce pari devrait lui permettre de mieux valoriser sa production.

Une pomme assurément française
Martin Noyon ne veut pas abandonner le label verger écoresposable pour autant. «En plus des bonnes pratiques, il assure au consommateur une pomme française. Alors que les pommes bio, elles, peuvent être importées de n’importe quel pays d’Europe.» En cas de perte de production, comme l’année dernière, à cause des gelées noires, les producteurs estampillés écoresponsables ne pouvaient  acheter des fruits pour compenser leurs pertes qu’aux autres vergers écoresponsables, tous français. «Etant sur un plateau, j’ai été plus épargné par les gelées. J’ai donc pu vendre mes pommes à des confrères du Nord, assure Martin. En espérant qu’ils me rendent la pareil en cas de coup dur…»
La communication sur cette qualité passe par le contact direct entre le producteur et le consommateur. Chaque année, les 1 300 pomiculteurs des vergers écoresponsables, réunis au sein de l’ANPP (Association nationale pommes poires), ouvrent donc leurs portes. Martin et Ariane Noyon attendent entre deux et quatre cents personnes au verger du Colombier, ces samedi et dimanche.

Portes ouvertes

Portes ouvertes
ces samedi et dimanche, de 10h à 17h.
Visites pédagogiques toutes les heures : présentation des méthodes de taille, du verger écoresponsable. Exposition de matériel agricole. Château gonflable pour les enfants.
Gratuit pour tous, achat des pommes cueillies.
Verger du Colombier : 19 rue Neutre, 80340 Suzanne.
Site : vergerducolombier.com
Facebook et Instagram : vergerducolombier

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