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Viande bovine : de la frustration chez les éleveurs allaitants

La FNB a engagé des actions pour dénoncer des prix qui ont décroché malgré un marché mondial porteur.

Guy Hermouët, vice-président FNB : "les éleveurs en ont assez de voir le prix de la viande issue de vache allaitante au prix de celle issue de vache laitière".
Guy Hermouët, vice-président FNB : "les éleveurs en ont assez de voir le prix de la viande issue de vache allaitante au prix de celle issue de vache laitière".
© François d'Alteroche

Cela a commencé le 6 mai au soir, avec 150 éleveurs qui ont commencé le blocage de l’abattoir Socopa (groupe Bigard) de la Roche-sur-Yon, puis ont suivi les abattoirs de Cholet, Villefranche d’Allier, Venarey-Lès-Laumes, Cherré, Castre, Mirecourt, Metz, Villers-Bocage, etc. Pour Guy Hermouët, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB), les éleveurs en ont assez de voir le prix de la viande issue de vache allaitante au prix de la viande issue de vache laitière. «Aujourd'hui, la viande bovine de vaches allaitantes est payée au producteur 60 centimes de moins au kilo qu'il y a deux ans», dénonce-t-il. «Le marché mondial est porteur et les producteurs se sentent frustrés», assure Dominique Daul, vice-président de la FNB. Effectivement dans un contexte où la demande mondiale en viande devrait croître, les difficultés supportées par l’élevage allaitant restent difficilement acceptables par les producteurs.

Des industriels frileux sur l’export
Et cela d’autant plus que la France devrait retrouver très bientôt un statut de pays à «risque négligeable» vis-à-vis de l’ESB (encéphalopathie spongiforme bovine ou maladie de la vache folle), et donc pouvoir conquérir des marchés exports à foison. À l’image des producteurs de lait, les éleveurs de vaches allaitantes trouvent les industriels peu combatifs sur ces marchés exports.
«En France, les prix sont plus bas que dans les pays voisins. Les industriels français tirent volontairement les prix à la baisse. Très présents sur le marché européen, ils exportent ainsi plus facilement au sein de l’UE. S’ils devaient conquérir d’autres marchés exports, cela ferait un appel d’air qui permettrait aux prix à la production de remonter en France». Tel est le raisonnement d’un membre de la filière. Pour Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, les grands groupes comme Bigard «sont assis dans un pré et cueillent l’herbe jusqu’à ce qu’il y en ait plus, sans aucune anticipation !». Dominique Daul rappelle que les trésoreries des éleveurs dont exsangues, surtout celles des engraisseurs. «Nous savons qu’avec la nouvelle Pac, nous allons perdre 0,25€/Kg carcasse dans les cinq prochaines années. S’il n’y a pas de revalorisation des prix, nous allons vers des dépôts de bilan», affirme-t-il. «Que veut-on en France aujourd’hui ? Condamne-t-on la France à être seulement naisseur ?», s’interroge-t-il.
Saisi du sujet, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a dans un premier temps annoncé le 4 mai une série de mesures pour aider la filière : report ou effacement des cotisations MSA pour 3,5 millions d’euros et activation d’un fonds d’allègement de charge pour 2 millions d’euros.

Une table ronde… pour pas grand-chose
Il a également demandé aux banques des reports d’échéance et/ou la renégociation de prêts avec des taux conformes à ceux du marché. Ensuite, face au durcissement du conflit, il a organisé le 12 mai une table ronde avec les acteurs de la filière. Cette rencontre a porté sur quatre thèmes : rétablissement des relations de confiance au sein de la filière, valorisation du produit sur le marché intérieur, obligation de résultat pour l’exportation vers les pays tiers, et augmentation impérative du prix à la production. A l’issue de cette table ronde, pas d’accord global. Le ministre a apporté deux engagements : «un plan de contrôle conduit par FranceAgriMer sur le système des cotations et dont les conclusions seront connues prochainement, permettra d’objectiver la situation et de corriger les éventuelles dérives pour que les cotations reflètent fidèlement l’état du marché. Par ailleurs, une mission sera diligentée de façon à évaluer l’impact de l’étiquetage des viandes en libre-service dans la grande distribution sur les achats du consommateur et les politiques d’achat des enseignes auprès des abatteurs». Sur l’organisation économique, il demande aux membres de la filière de «travailler de manière plus collective», reprochant à l’aval son individualisme. «Les solutions, on les a. Le seul problème, c'est de les partager !», se désespère Jean-Pierre Fleury. Une prochaine réunion devrait avoir lieu dans un mois, notamment sur l’analyse du système de cotation… le temps peut-être pour la filière de bouger les lignes ?

Ce que les éleveurs dénoncent dans les cotations de FranceAgriMer

Les éleveurs dénoncent une déconnection entre les cotations officielles et la réalité des prix du marché. «Il existe un différentiel entre le nombre d’animaux abattus et le nombre d’animaux cotés», souligne Dominique Daul, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB). «Ce ne sont pas les cotations des meilleurs animaux qui sont remontées». Il se passe donc «des choses» sur le terrain…
Tous les membres de la filière, producteurs, abatteurs, coopératives et FranceAgriMer sont représentés au sein de ces commissions de cotations. «Le système est bien fait, observe Dominique Daul, seulement, nous reprochons, par exemple, de coter des catégories où il n’y a pas assez d’animaux pour que la cotation soit représentative». Revendiquant le fait que le dispositif public de cotations FranceAgriMer n’exprime la réalité du marché, la FNB appelait donc «les pouvoirs publics à leurs responsabilités» et demandait «la suspension immédiate de la diffusion de ces données, en attente d’une enquête qu’il leur revient de diligenter auprès des opérateurs économiques concernés». Une enquête sera menée par les services du ministère dans les meilleurs délais pour faire la lumière sur les pratiques de formation et de transmission des prix par les opérateurs à FranceAgriMer. Les résultats sont attendus pour la mi-juin.

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