Insectes
Ÿnsect en redressement judiciaire : 66 postes menacés à Poulainville
L’avenir d’Ÿnsect se joue désormais devant le tribunal de commerce d’Évry. Placée en redressement judiciaire depuis le 3 mars 2025, l’entreprise spécialisée dans la production de protéines et d'engrais à base d’insectes vit une période critique.
L’avenir d’Ÿnsect se joue désormais devant le tribunal de commerce d’Évry. Placée en redressement judiciaire depuis le 3 mars 2025, l’entreprise spécialisée dans la production de protéines et d'engrais à base d’insectes vit une période critique.

Fondée en 2011, Ÿnsect avait suscité un vif engouement en érigeant à Poulainville (80) une usine de 48 000 m² dédiée à l’élevage et la transformation d’insectes pour l’alimentation animale. Mais l’entreprise, qui emploie encore 214 personnes, ne parvient pas à rentabiliser son modèle économique dans un marché dominé par la recherche de faibles coûts. « L’outil de production actuel est dimensionné pour de très gros volumes, que l’entreprise ne sait pas proposer à des prix qui correspondent à la protéine animale », expliquait il y a quelques jours à nos confrères de France 3 Hauts-de-France, Emmanuel Pinto, directeur général d’Ÿnsect.
Vers un arrêt de l’élevage
Ÿnsect prévoit un recentrage de son activité, avec l’arrêt de l’élevage dans son usine picarde. La transformation des insectes serait maintenue, mais 66 suppressions de postes sont envisagées à Amiens. La direction propose de « calquer la méthode d’élevage sur un modèle allemand » plus compétitif, afin « d’ajuster la structure de coût et des effectifs à la situation du marché », selon les mots d’Emmanuel Pinto.
Un plan social a été présenté fin mai. « Évidemment, on fait tout pour sauver l’entreprise et on espère que ce plan sera retenu par le tribunal, pour que cette filière créée en France perdure avec Ÿnsect parmi ses acteurs », insiste Emmanuel Pinto.
Colère et incompréhension chez les salariés
Mais cette stratégie ne passe pas auprès des salariés, qui dénoncent l’abandon brutal d’un projet développé depuis plus d’une décennie. Selon eux, des alternatives existent pour sauver l’activité d’élevage et les emplois associés. « Nous, en tant que salariés, on est dégoûtés et en colère, ça fait des années qu’on travaille sur ce projet. On conçoit, on recherche, on construit, on opère un outil aussi exceptionnel, qui est unique », déclare Florent Dupriez, secrétaire du CSE. « On y met notre vie, notre temps et notre énergie, et là, on nous explique que ce n’est plus comme cela qu’il faut faire. »
« On pense qu’il y a possiblement d’autres voies à explorer pour maintenir l’élevage sur place et pour sauver les postes. » Le personnel réclame un soutien public à la filière, encore jeune et prometteuse en matière d’écologie. « Il faut la soutenir de façon systémique avec un subventionnement du coût de production, le temps que le marché rattrape les coûts de production », ajoute Florent Dupriez.
Une issue incertaine
Pour éviter un dépôt de bilan, Ÿnsect souhaite prolonger la période d’observation. En parallèle, une partie de l’usine pourrait être mise en sommeil, tandis que des investissements se poursuivraient sur une autre partie, selon la direction. La décision du tribunal de commerce d’Évry est attendue le 16 juin.