Aller au contenu principal

Zones vulnérables : l'annonce de trop !

Le gouvernement impose un seuil de 18 mg/L dans les eaux de surface, ce qui menace directement la zone non vulnérable du département.

© AAP

 

Lors du conseil des ministres du 23 juillet dernier, la ministre de l'Ecologie et du Développement Durable a annoncé un plan de «reconquête de la qualité de l'eau», le énième, et ce pour mettre un terme aux attentes de Bruxelles qui a engagé une démarche de contentieux envers la France pour la mise en oeuvre insuffisante de la directive nitrates. Le contentieux porte sur deux aspects : des mesures jugées insuffisantes, d'un côté, et un périmètre de zonage également jugé insuffisant.
Traduction : la France a été un temps en dessous du niveau attendu de contrainte et d'effort, et on l'oblige à présent à produire cet effort... et même plus ! En effet, à défaut d'avoir zoné pertinemment en son temps, il est aujourd'hui acquis qu'il faudra laver plus blanc que blanc.
Dans la méthode, on retrouve le même procédé que les mesures du 4ème programme renforcé : tout le travail fait en local, au niveau départemental, régional, ou du bassin de l'Agence de l'eau est balayé par un critère unique imposé, qui permet de faire du chiffre. Ensuite, on laisse «fuiter» une carte, et on part en vacances...
Pour le coup, ce n'est plus seulement la teneur en nitrates dans les eaux souterraines qui fait loi, c'est à présent la teneur en nitrates dans les eaux de surfaces (fleuves et rivières) qui sert de couperet. Et on revit à l'heure actuelle la même aberration qu'il y a bientôt deux ans jour pour jour : avec le seuil fixé au niveau national à 18 mg/L dans les eaux souterraines, les eaux des surfaces de la Somme semblent déclencher un risque de classement fort étendu. (cf carte).

Colère dans la Somme
Les arguments reviennent toujours au même point central  : dans le  bassin Artois Picardie, c'est reconnu, il n'y a pas «au-dessus» les rivières, et «en dessous»  la nappe. Les rivières sont au moins pour partie alimentées par la nappe : pour preuve, les inondations de la Somme ont eu lieu au printemps 2001, avec les pluies de l'hiver, et ont duré.
Autre fait qui montre tout le cynisme scientifique, une étude est en cours sur la faisabilité d'éloigner les forages des cours d'eau pour éviter l'abaissement du niveau de l'eau par le cône d'aspiration quand le forage se met en route. Et dès lors, tout prouve que nappes et rivières communiquent en permanence, et qu'avec des nappes contenant environ 30 mg/l de nitrates, soit un seuil tout à fait correct, on ne peut avoir des rivières à moins de
18 mg/l. CQFD.
Et la conclusion : dans la Somme, l'eau des nappes est de bonne qualité mais il faudrait élargir quand même la zone vulnérable... Ça ne passe pas !
Dans les semaines à venir, le préfet coordonnateur de Bassin (celui du Nord-Pas-de-Calais) devra entamer les travaux de re-révision.
Compte tenu des séquelles encore vives laissées par l'arrêté de 2012 (la Fdsea l'a assigné au Tribunal administratif de Lille qui va rendre son jugement), les discussions ne seront à coup sûr, ni sereines, ni courtoises.

 

REACTION
Olivier Faict, président de la commission environnement de la Fdsea
«Ni m2 de zone supplémentaire, ni m3 de stockage en plus !»
"La question des zones vulnérables est de deux ordres : environnemental et économique. Environnemental parlant, faut-il étendre la zone ?
Non. Les pratiques agricoles sont partout cohérentes, la zone non vulnérable actuelle présente une eau de qualité, certes à préserver, mais c'est bien le cas.
Quant à savoir ce qu'il en est de l'eutrophisation, aucun modèle scientifique n'est éprouvé pour cela. C'est même l'Agence de l'eau qui le reconnaissait en 2012. Empiriquement, le taux de nitrates dans l'eau des rivières qui se jettent  dans la mer sur notre façade maritime est inférieur à 15 mg/l, preuve que l'épuration naturelle fonctionne. Economiquement parlant, c'est encore plus aberrant, car le zonage met une pression réglementaire sur chacun d'entre nous, mais surtout peut avoir des conséquences financières s'il faut accroître de nouvelles capacités de stockage. Que l'Etat prenne ses responsabilités : la France fait peur aux entreprises étrangères car la réglementation y change tout le temps.
En deux ans, sur les zones vulnérables, on aurait changé deux fois le zonage, et deux fois les contraintes, et dans le même temps, on se présente en apôtre de l'élevage.
C'est n'importe quoi ! Aucune profession ne peut supporter le luxe de contraintes improductives, écologiquement et économiquement inutiles et aucune administration digne de ce nom ne peut se payer le luxe de raisonner ainsi en torpillant jour après jour l'économie au lieu de la soutenir.
Nous, agriculteurs, nous ne sommes ni pollueurs, ni soumis. Alors en retour, ni m2 de zone supplémentaire, ni m3 de stockage en plus !".
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Chaque année, environ 10 % des fermes du département de la Somme font  l’objet d’un contrôle administratif, ce qui apparait relativement faible selon  l’administration départementale.
«Trop» de contrôles chez les agriculteurs ? La DDTM répond

Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme du 19 mars dernier, l’administration départementale…

Présentation des Prim'holstein.
Les vaches Prim’holstein, les stars de la Foire agricole de Montdidier

Le lundi 1er avril avait lieu la traditionnelle Foire agricole de Montdidier, avec de nombreux exposants. Parmi les…

Gros rendement pour la campagne 2023-2024 de collecte des pneus

Au cours de l’hiver, pendant trente jours, 370 exploitations agricoles de la Somme ont participé à la collecte des pneus…

dégâts sanglier approche affût 1er avril
Le tir du sanglier ré-autorisé à partir du 1er avril

La préfecture de la Somme a décidé de prolonger la période de chasse du sanglier dans la Somme sous conditions en modifiant l’…

Quatre kilomètres de haies pour protéger un captage d’eau

En s’associant à un partenaire privé, Christophe Desmis, un agriculteur du Santerre, fait le pari de planter quatre kilomètres…

Le retard pris dans les semis inquiète la CGB comme l’Institut technique de la betterave (ITB) avec un risque «jaunisse»  fort cette année.
Des premiers semis de betteraves sous un ciel nuageux

C’est toujours dans l’attente d’un contingentement des volumes de sucre importé d’Ukraine et de l’autorisation de certaines…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde